L’étau boursier

« Crise de la dette :  « un accord se dessine » avant le sommet de mercredi », titre ce lundi l’Agence France Presse, reprise sitôt par divers quotidiens en ligne, entre la rubrique « Guerre en Libye » et ses nombreux (trop peut-être?) articles, photographies et vidéos montrant le corps de l’ancien dictateur malmené, et celle un peu plus légère (trop peut-être?) des naissances présidentielles.

 

Je ne sais pas pour vous, mais il y a assez peu de temps, cette actualité m’aurait sans doute peu passionné. Non pas que l’avenir financier du pays ne me préoccupe pas, mais je pense que seule une poignée de spécialistes peuvent comprendre l’ensemble des tenants et aboutissants de cette sombre histoire de dettes et la nature de « l’accord » qui se dessine. Ce que nous pouvons voir, en revanche, ce sont les effets de cette constance qu’on les Grecs à ne pas vouloir (ou ne pas pouvoir) rembourser leurs dettes : la monnaie européenne est sur un grand huit depuis quelques semaines, au gré des annonces de sommets, notations passant de AAA+ à AA++ (ou des notes de ce goût-la, enfin pour être clair des trucs qui ne signifient pas grand chose au final vu qu’on ne sait pas où se situe ni le niveau le plus haut ni le plus bas), des annonces de grèves et de plans de rigueurs… Après une ascension assez lente, nous avons subi une chute du cours… rapide. Et c’est là que cette affaire nous intéresse : elle concerne directement la pérennité de notre voyage. Flashback.

Des chiffres. Beaucoup de chiffres

Retournons il y a quelque mois, lors de l’achat du billet principal. Élodie et moi cherchons par tous les moyens à tirer les prix dudit billet vers le bas : beaucoup de questions, de la plus simple ( décoller de San Francisco plutôt que Los Angeles est-il bénéfique en terme de taxes d’aéroport? Passer par une compagnie moins connue peut-il jouer sur la facture? Décoller un mardi, est-ce permettre un gain substantiel d’argent?) à la plus compliquée (doit-on acheter nos billets avec One World, le groupement de compagnies de British Airways, qui permet d’avoir une bonne partie des billets à un prix défiant toute concurrence mais pas l’ensemble? Et si oui, quelle compagnie choisir pour faire l’achat – notez que même si l’alliance existe, l’achat d’un billet « tour du monde » One world se fait via une compagnie aérienne traditionnelle – Américan Ariways (donc payer en $US )ou British airways (et payer en UK£))?) Nous finissons, après plusieurs semaines de réflexions et discussions, par tomber d’accord sur le fait qu’un interlocuteur unique est plus simple et nous décidons de passer par une agence de voyage britannique connue pour ses forfaits « tour du monde ». S’en suit une série de négociations avec notre contact dans l’agence. Là encore c’est en semaines que cela se joue. Un soir, nous recevons une proposition intéressante, un peu plus basse dans le tarif que les précédentes ; nous sautons de joie, mais l’espace d’un instant seulement : la baisse obtenue est largement compensée par l’augmentation de la valeur de la livre sterling, et du coup, nos efforts n’aurons servi à rien… enfin, presque rien : nous découvrons tout de même que les humeurs de la bourse peuvent considérablement influencer le bon déroulement de notre projet. A quelque heures d’écart, notre voyage nous aura coûté plusieurs dizaines d’euros de plus, la faute à une banque française qui affiche des résultats en berne, une envolée du marché favorable à une autre devise, une période de l’année ou même une élection de gouvernement au niveau national (les marchés sont statistiquement plus fragiles avant celles-ci à cause de l’avenir différent envisagé par chaque candidat…)

Un tour du monde, c'est avant tout gérer beaucoup de monnaies différentes...

Alors, bon , me direz vous, ce n’est pas sur quelques centimes d’euro de différences que le voyage se fera, et vous aurez raison ; mais mis bout à bout, ces dépenses imprévues finiront par gréver notre budget déjà serré (oh, ça rime!). Il y a deux mois, le dollar US était encore à un taux d’échange (approximatif toutefois) d’un euro pour un dollar et quarante cinq cents (1€=1,45US$) allant même au mieux à un dollar et quarante neuf cents. Puis sont arrivés les grecs. Et ce fut la dégringolade, celle qu’on appréhende dans le grand huit et qui finit fatalement par arriver. Depuis, on est content quant on échange un euro contre un dollar et trente sept centimes. Certes, le rapport est toujours favorable (même quand 1€ fut égal à 1,34US$ tout récemment) mais… moins quoi. Le second problème lié à la chute de valeur de la monnaie européenne face à son équivalent américain est qu’un certain nombre de monnaies sont liées à la valeur du dollar US, et que fatalement quand l’une monte, l’autre aussi. Et la facture du voyage aussi. Ou qu’on aille dans le monde, le spectre des problèmes financiers de l’Union Européenne plane sur nos comptes en banque.

 

Je ne suis toujours pas sûr que cette crise, ni les suivantes, ne me passionnent, mais toujours est-il que maintenant je suis conscient qu’elle peuvent affecter nos vies, et plus qu’on ne le pense au départ. Et vous, vous sentez vous aussi concernés par la crise greque ?

NB : l’auteur assume parfaitement le jeu de mot tout moisi qui constitue le titre, et accepte les dons si vous souhaitez en changer.
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