Voyage au centre de la terre

moi : Oui, mais je tiens à le voir, ce fichu volcan!

lui : Il est grand, difficile de le manquer, on le voit à des kilomètres!

moi : D’accord, mais j’ai surtout peur des nuages! La région est assez fréquemment encombrée de nuages…

lui : Non, mais il ne faut pas avoir peur des nuages!

Par un matin nuageuxCette conversation, déjà évoquée dans un article précédent n’était pas à propos du volcan Poas, mais elle aurait très bien pu s’appliquer à ce dernier. Il a, parait-il, la fâcheuse tendance à vouloir se draper d’une épaisse couche nuageuse à l’envi, surtout quelques heures après le lever du soleil, c’est à dire vers les dix heures du matin. Et évidemment pas de logement dans nos prix autour du volcan (enfin mis à part ceux « au confort plus que rudimentaire » nécessitant un véhicule tout terrain…)! Nous voila dans de beaux draps! De retour à San José, nous avons deux options disponibles : la première est de partir en excursion organisée vers cratère, car il va sans dire qu’aucun bus public ne va là bas, mais les circuits organisés, on a donné, ce n’est définitivement pas notre tasse de thé, et pire, aucun circuit ne quitte San José avant huit heure trente, c’est à dire arriver au mieux a dix heure dans le parc national. En période de saison des pluies, c’est loin d’être l’idéal! La seconde option est radicalement différente : il s’agit de louer un véhicule « standard » (un 4×4 ici, c’est six cent euro la semaine!) en fin de journée, partir pour dormir assez près du site, et dans des conditions décentes si possible (donc dans une ville, la campagne est trop chère aussi pour nous), se lever très tôt le lendemain pour être devant les grilles à l’ouverture du parc, et essayer de limiter les frais. Nous réfléchissons, un peu dans l’urgence il faut bien le dire, de la meilleure solution : d’un côté, je n’ai pas très envie de mettre de l’argent pour voir des nuages et nous voir un rythme imposé par l’obligation de visiter telle ou telle boutique, et de plus les prix des agences ne sont pas franchement intéressants. De l’autre côté, devoir conduire au Costa Rica, dont le code de la route est plus qu’aléatoire, n’est pas une perspective beaucoup plus emballante.

Ce qu'on ne souhaitait pas…
Ce qu’on ne souhaitait pas…

Après avoir pesé le pour et le contre, nous choisirons le mode de déplacement individuel. Encore faut-il trouver le véhicule au prix que nous souhaitons, pour le lendemain! Après une tentative avortée sur un site internet (le savoir le matin même de la réservation n’a presque pas entamé notre stress) nous trouverons finalement embrayage à notre pied avec la complicité de notre hôte à l’auberge (nous ne donnerons pas le nom de l’agence, ça ne serait pas leur rendre service et de toute façon on ne le connait pas). La voiture doit arriver à seize heure, « doit » car elle n’aura « qu’une heure de retard, vous comprenez, les embouteillages, la ville est grande, » pura vida » (ça aussi nous laissera presque de marbre…, et nous partons aussi sec à l’aventure, en essayant de ne pas se trouver de chemin: je m’en suis fait une spécialité, au grand désespoir d’Élodie, partout ou nous allons je peux nous perdre… même sur l’île de Pâques! Après quelques heures d’une route sans encombres, nous nous posons à Alajuela, une petite ville sympathique recommandée comme escale à l’arrivée ou au départ en avion, ce que je ne peux que recommander! Nous ne sommes qu’à une toute petite heure de route du Poas, donc pas la peine de se lever trop tôt, le parc national n’ouvre ses grilles qu’à huit heure! Nous nous installons pour la nuit au Trotamundo, ou un truc comme ça (bon, ok, j’écris cet article avec BEAUCOUP de retard), recommandé par… une auberge recommandée par le Lonely Planet!

Nous partons sitôt le copieux petit déjeuner avalé, et bientôt je me questionne régulièrement sur la route que nous empruntons : on est sur la bonne? Non, parce que franchement ça serait complètement c** de se perdre et d’arriver après les bus des excursions… Pour ne pas m’aider, la rareté et la clarté des panneaux d’indications est incroyable : quand (et c’est assez rare) on en croise un les flèches ne pointent rien de précis. On arrivera vers les huit heure vingt et après avoir payé notre dû à l’entrée, nous nous aventurons vers le cratère, enfin « aventurons » est un bien grand terme, tout le chemin est goudronné, avec un sens de circulation! Nous marchons quelques minutes à peine… Un grand voile blanc apparait devant nous! Nous entr’apercevons vaguement une tâche verte au fond… et c’est tout. La frustration nous gagne, mais très vite les nuages se dissipent et nous découvrons le volcan dans toute sa splendeur, un grand lac acide (son pH est inférieur à 1 il me semble, donc on peut dire qu’il est acide) vert laiteux, encadré par une crevasse gigantesque recouvert de cendres, creusée dans une montagne verdoyante. Pour compléter le tableau, un léger pic dépasse en son centre, évacuant sans cesse une fumée importante à l’odeur nauséabonde (un peu la même que celle des geysers du sud Lipez, en Bolivie) qui vient s’écraser dans notre nez au gré de vents contraires. Mais je pense que des photos seront plus parlantes…

Nestor, un ours d'action
Nestor, un ours d’action
LE VOLCAN POAS
le volcan Poas
Dans le cratère…
Dans le cratère…
Détail du lac d'acide
Détail du lac d’acide

Nous resterons un long moment accoudés à admirer cette merveille de puissance de la nature, incroyable trou formé par la puissance des entrailles de la terre, puis nous irons explorer les environs, la forêt très dense autour et le lac formé dans un ancien cratère, dont l’eau est tellement acide qu’aucune vie (vivante) ne s’y trouve, mais elle prend tout de même une couleur plus… normale.

La foret attenante au volcan
La foret attenante au volcan
Le lac de l'ancien cratère
Le lac de l’ancien cratère

Malheureusement, le parc n’offre pas d’autres vues du cratère actif, ni d’autres ballades : une courte demie journée suffit à parcourir l’ensemble du parc et à largement profiter de l’attraction principale. Alors nous revoilà sur les routes, que faire? Elodie propose plusieurs chemins intéressants qui nous mènerons sur la piste des fraises (mmm) et du plus gros char à boeuf en bois du monde (qui n’a évidemment absolument aucun intérêt car il n’existe aucun boeuf de cette taille – enfin on espère). La saison verte frappant comme à son habitude sans prévenir, nous nous abritons dans la voiture et retournons vers San José, un peu en avance mais aux vues des embouteillages ça n’est pas un luxe. Nous arriverons avec une toute petite demi-heure d’avance sur l’horaire de retour prévu, no stress, « Pura Vida » comme on dit ici.

Le plus gros char à bœufs du monde
Le plus gros char à bœufs du monde
Un autre char
Un autre char
Bon appétit
Bon appétit

Bon appétit2

Alors au final, que dire? Le volcan Poas mérite amplement le détour, nous avons eu une claque incroyable en le découvrant, et le choix de la voiture a été le bon. Oh, et pour information, le loueur était aussi zen que nous : le lendemain à neuf heure, il n’était toujours pas passé récupérer la voiture… Pura Vida pour lui aussi…

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déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Voyage au centre de la terre”

  1. Lalotte974 dit :

    Oh super !!!! Mais il fait quand même un peu pitié votre volcan… Au moins le nôtre il est actif, lui : coulée de lave qui traverse les routes nationales…. Du coup, régulièrement, dès que le volcan « y pète », nous on grimpe dans notre voiture, et en avant Simone : nous voilà au pied de la coulée pour les photos. Ah la la… C’est quand même beau La Réunion !!!! Et en passant, c’est comment la vie au Costa Rica ?

    Biz lalotte

    • Fabien dit :

      Ma chère Lalotte, savais-tu que ce volcan est actif aussi? Ce n’est simplement pas un volcan qui dégage de la lave, mais bien des fumerolles et un lac d’acide… parfois il explose mais pas de lave… et lui au moins, pas besoin d’attendre qu’il se réveille pour la photo, et on peut s’approcher du cratère! Et le Costa Rica ne s’arrête pas la: plages de sable fin à l’infini, animaux de tous poils/plumes/carapaces, canopée, rainforest gigantesques et jungles variées, villes détendues, voir plus! C’est un pays incroyable de variété, les parcs nationaux protègent 75% du territoire, et si il t’en manque encore pas besoin de bateau ou d’avion pour aller voir les pays d’à côté!

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