Vivir entre cielo y lago…

En ouvrant mon cahier de notes, je tombe à chaque fois sur cette fleur qui sèche, lentement, aplatie entre deux pages noircies d’articles qui ne paraitront jamais, et je repense à la façon dont elle a atterri là. Elle a beau n’être avec moi que depuis quelques jours, son histoire remonte à mi-avril.

L’île de Pâques fait partie de ces îles trop lointaines pour qu’on puisse penser y aller un jour, et ce voyage autour du monde nous a permis de fouler ces terres si mystérieuses. Là bas, nous rencontrions bien sûr de nombreux moais et les fantômes des hommes-oiseaux, mais pas qu’eux. Lionel, notre guide, et sa femme Tita nous accueillerons avec chaleur dans leur pension et nous feront découvrir Rapa Nui et ses infinies richesses. En même temps que nous dans la pension, Michel, Denya, Ouadi et Arthur, habitants de Polynésie française en visite sur l’îlot voisin de leur résidence, animeront parfois involontairement les soirées. Venus en même temps qu’eux, Romain et Marion, charmant couple nancéien nous apportant des nouvelles fraiches du vieux continent, souvent avec humour, ainsi que Christian, Belge d’origine, vivant au Pérou, ancien guide de voyage et chef hôtelier, accompagné de Blas, chef cusinier Péruvien (vivant au Pérou), venant sur l’île pour fêter ses vint-cinq ans.

Christian
Christian
Blas
Blas

Pendant une semaine, Élodie et moi aurons l’impression de vivre dans une seconde famille, la première étant si loin, nous réunissant matin et soir pour les repas, nous amusant et débattant de sujets (plus ou moins) d’actualité. Au bout de cette semaine, la petite communauté s’est dissoute, chacun retournant à ses activités dans ses contrées, en France, Pérou, Chili ou ailleurs. Avant de partir, Christian distribue à chaque personne une carte de visite : Castillo del Titicaca, accompagné de son nom, fonction et adresse. Au dos, il inscrit son numéro de téléphone personnel, en indiquant à chacun : « Tu es le (la) bienvenue quand tu le souhaites! » Arrivé à notre niveau, il tend une carte et nous dit : « Et vous les voyageurs, quand vous passez près du Titicaca, venez nous voir! », ce à quoi je répond : « On va essayer! ». Il se fige un instant, prenant la pose de quelqu’un faussement énervé : « Comment ça vous allez essayer?! Pas d’excuse, on vous attend! »

Et ils nous attendaient.

Quelques échanges par internet pour définir un jour de visite et obtenir les instructions pour se rendre chez eux, nous nous préparons : la veille, visite au point d’information : l’homme nous regard avec des yeux ronds quand nous lui disons que nous voulons aller à Charcas : « Vous êtes sûrs? Charcas? Il n’y a pas grand chose à faire là bas… ». Il finira par nous donner le nom de la rue dans laquelle nous devons nous rendre le lendemain. Après le petit déjeuner, le jour venu, nous descendons avec nos valises : « Où allez vous du coup? Cusco, Arequipa, Lima? » « Non, non, Charcas. » La encore la même expression interrogative s’empare du visage de la femme de l’accueil : « Alors, vous devez aller au terminal des bus locaux » ; sitôt dit, elle sort expliquer notre destination à un taxi, comme si nous ne pouvions pas nous en sortir seuls… Le taxi nous emmène à bon port en moins de temps qu’il faut pour le dire, mais dès la descente un « vélo-taxi » (un touk-touk en vélo quoi) nous dit que non, il faut aller au terminal terrestre international, à quelques pâtés de maisons d’ici ; mais si nous le souhaitons, il peut nous emmener en vélo à Charcas (nous apprendrons plus tard qu’il faut presque la journée pour faire le trajet en vélo!). Nous déclinons et commençons à rechercher la rue indiquée par l’homme du point info ; problème : il n’y a pas de nom de rues sur les murs! Nous nous avançons tout de même, sans trop savoir où aller. Dans la rue au loin, un bus arrive, et par désespoir (on a toutes nos affaires sur le dos et ça nous pèse!) je lui fais un signe : au mieux il nous dira où aller, au pire il nous enverra paître! Il s’arrête et descend : « Copacabana? » (la ville frontière Bolivienne). Moi : « No, Acora! » (la ville la plus proche, après c’est taxi obligatoire) Face à son regard médusé (un de plus), je lui pointe le village sur la carte, et lui me confirme qu’il y passe et pourra nous y déposer. Quelle chance! Nous entrons dans le bus, bondé, et restons debout durant tout le trajet, les sacs à dos aux pieds. Nous scrutons la route à l’affut d’un panneau. Après un long moment, un passager m’interpelle : »Charcas esta aqui » (apparemment il savait où nous allions). Un signe au chauffeur et nous voila, Élodie et moi, au beau milieu d’Acora, un lieu cent pour cent typique, sans aucun touriste. Nous partons à la recherche des combis (des petits bus collectifs)… et sommes attrapés au vol par Blas, venu nous chercher!

Nous partons avec lui, sur une route à travers champs et villages, en discutant et observant les alentours. Quel endroit paisible! En point de mire, toujours le lac, notre hôte nous montre différentes choses (ici ils cultivent de la quinoa, là c’est une petite partie du lac qui se sépare du reste durant la saison sèche…) et au détour d’un virage, nous apercevons… le Castillo del Titicaca!

Le Castillo del Titicaca
Le Castillo del Titicaca

Quelle étrange impression de voir ce qui semble être un château fort au bord de ce lac, puis, passé la surprise, nous sommes déjà à l’entrée. Là, Christian nous attend, et nous invite dans sa demeure. A l’intérieur, nous rencontrons Juan-Carlos, jeune assistant de Blas, et découvrons les lieux ainsi que notre chambre, l’ensemble meublé avec goût et assurance.

La vue depuis notre chambre
La vue depuis notre chambre
Une antichambre
Une antichambre

Vitrail

Après un délicieux repas (comme tous les repas durant notre séjour) préparé par Blas, nous partons avec ce dernier découvrir l’ensemble des lieux, et là, quelle taille (toutes les photographies ont été prises de l’intérieur de la propriété), quelle diversité! Un jardin fourni en plantes endémiques mais aussi des variétés rapportées des quatre coins du monde, des arbres, des fleurs, des buissons, tout un tas de choses… dont cette fleur séchée évoquée au début de ce billet.

Jardin

Dans le jardin…
Dans le jardin…
La Fleur de l'Inca
La Fleur de l’Inca

Également en préparation, des chambres d’hôtes, une piscine (un peu encombrée donc on ne se baignera pas dedans) un bar et un restaurant (mais en travaux, donc bon, on ne montre pas ce genre de choses!). Le plus étonnant étant tout de même que chaque élément est caché des autres, soit par des roches naturelles, soit discrètement aménagé, ainsi que ces tours de guet offrant une vue imprenable sur le secteur (si vous aussi vous voulez y aller : www.castillodeltiticaca.com)!

 

Une chambre parmi d'autres
Une chambre parmi d’autres
et un salon privé parmi d'autres
et un salon privé parmi d’autres!
Une tour "de guet"
Une tour « de guet »
L’ascension n'est pas simple
L’ascension n’est pas simple
Du haut de la propriété
Du haut de la propriété

Après la visite, la nuit et le froid tombant vite, nous regarderons un film au coin du feu (en français s’il vous plait!) avant de passer à table pour un autre excellent repas cuisiné par le chef. Nous profiterons des anecdotes du châtelain, comme celle des habitants du village terrifiés : pensant que les lieux étaient auparavant maudits durant la nuit, ils refusent toujours de s’approcher du château, car ils… peuvent les voir : en projetant le soir venu des films, la lumière du projecteur recréé la présence fantomatique! De même, des sirènes attireraient les imprudents dans le lac le soir venu, et plutôt que lutter indéfiniment contre les rumeurs tenaces des locaux, les propriétaires ont décider de jouer avec!

Un fantôme dans le château?
Un fantôme dans le château?

Nous profiterons aussi des conseils de Christian, guide péruvien plus qu’accompli et auteur d’ouvrages sur les habitants de l’île de Taquile, pour une visite réussie du Pérou (ce qui sera le cas). Le lendemain, nous petit-déjeunerons sur la terrasse couverte ayant une vue imprenable sur le lac, avant d’aller visiter avec Blas un site de ruines Incas peu connues, peut-être un point d’observation militaire ou d’offrande centenaire à Pachamama, la déesse « terre-mère »…

Petit déjeuner en terrasse
Petit déjeuner en terrasse
La vue depuis la terrasse au lever du soleil
La vue depuis la terrasse au lever du soleil
ruines Incas
ruines Incas…

L’après midi, c’est un privilège que nous aurons de faire du canoë kayak sur le Titicaca : l’eau est froide, presque gelée, mais le soleil et le plaisir d’être sur l’eau nous feront vite oublier ce détail… enfin presque, on n’a pas envie de tomber!

A l'assaut du lac
A l’assaut du lac depuis le quai du château!
Kayak dans le Titicaca
Kayak dans le Titicaca!
Elodie dans le lac
Élodie dans le lac…
…Fabien aussi!
…Fabien aussi!

Le soir, nous aurons le plaisir de re-goûter aux délices cuisinés par Blas, puis de nouveau le lendemain midi, après avoir passé la terrible épreuve du livre d’or que chaque invité remplit consciencieusement (et là, force et de constater mon manque d’imagination dans le texte quand on voit certains textes et certaines oeuvres!), avant de repartir à Puno, emmenés par le maître des lieux et encyclopédie vivante de la région!

Au final, on peut dire que nos deux jours au Castillo ont été fantastiques et qu’on s’en rappellera pendant longtemps, grâce au site absolument exceptionnel, mais surtout par la gentillesse et l’accueil de nos hôtes, qui ont fait qu’on se sentait comme chez nous, et nous ont accueillis à bras ouverts. Alors, encore une fois nous souhaitons dire mille merci, Christian et Blas!

Castillo

Photo de groupe

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déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Vivir entre cielo y lago…”

  1. Jacky dit :

    Multipliez les rencontres ….multiplions tous de nouvelles connaissances autour du monde, là est la véritable richesse ….de l’esprit

    Vous ètes adorables ! continuez …..cool !

    Tati

  2. […] aux conseils de Christian (voir article précédent), nous décidons, coûte que coûte, de voyager « en indépendant » […]

Répondre à Isla Taquile - De ci de la, de briques et de bois

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