Vers le nord et plus haut !

Après avoir quitté une île comme Rapa Nui, il nous fallait retrouver un endroit où nous nous sentions bien, histoire de passer vite à autre chose. L’aventure continue ! Ce n’est pas fini !

En prévision, le jour de notre départ vers l’île de Pâques, nous avions réservé une nuit pour notre retour, presque sur le pas de la porte de l’auberge de Santiago, nos sacs sur le dos, auberge où nous avions passé cinq jours formidables. « On revient le 18 Avril ! La même chambre ! Ciao »

Et le 18… à peine avions nous foulé le plancher de l’auberge que nous étions accueillis bras ouverts avec de grands sourires. Des néo zélandais qui nous avaient invité à leur barbecue dans la cours de l’auberge une semaine plus tôt sont eux aussi de retour au Don Santiago Hostel.
« Les amis ! Vous êtes de retour ! Comment c’était l’île de Pâques ? Comme vous avez bronzé… On boit un verre ensemble ce soir! »

Le Don Santiago Hostel est une petite maison, une vraie de vraie, dans le quartier « barrio brasil ». Un superbe quartier pas loin du « microcentro » mais beaucoup plus résidentiel. Il a été entièrement rénové ce qui lui donne pas mal de cachet.

Santiago maison bleue

Auberge Santiago extérieur
notre auberge
Santiago église effondrée
les restes du gros dernier seisme : une église effondrée et un Christ « éclaté » au sol

Mais revenons au Don Santiago Hostel… Un petit bijou ! Il y a un vrai salon, une cuisine, un escalier donnant sur quatre chambres à l’étage. Ici les jeunes qui tiennent la maison – et qui y vivent – aiment l’art et l’affichent. Ils aiment aussi la bonne musique, pas ce folklore que l’on entend un peu trop souvent.

Auberge Santiago
Petit-dej pour Fabien dans le salon

Ce fut notre petit chez nous. Nous n’étions plus à l’hôtel mais à la maison. Si nous devions retourner à Santiago, ce serait sans aucun doute là bas ! Car sur toutes le auberges fréquentées depuis le début, nous n’en avons jamais eu d’aussi conviviale.

Du peu de temps passé au Chili dans la capitale, nous avons vraiment apprécié les habitants. Ils semblent très gentils et vivent tranquillement. Nous aimons sortir le soir et être parmi eux. Et mon dieu les montagnes de frites que nous avons absorbé là bas ! Ils écrasent les américains haut la main avec autant de papas fritas.

santiago ville polluée
Avez-vous observé les montagnes au fond ? pourtant elles sont à seulement dix minutes à pied. Et oui, le ciel est bleu…

Malheureusement Santiago est très polluée, ce n’est pas une légende. Nous avons eu pas mal de problèmes respiratoires et visité quelques pharmacies du quartier à cause d’un mauvais rhume résistant. Il est temps de repartir en Argentine pour un circuit plus nature et dans des villes à taille humaine.

Notre premier point de chute sera Mendoza, la capitale mondiale du vin (en termes de quantité d’exportation).
Cette ville est construite en plein désert, comme Las Vegas (USA) mais l’eau a été ramené il y a très longtemps par les hommes et de manière artificielle. Mendoza est au bord de la cordillère des Andes, un atout pour elle car à la fonte des neiges (pour celles qui ne sont pas éternelles ; cette région réunit les pics les plus hauts de toute l’Amérique dont l’Aconcagua, 6 900m), l’eau est ramenée partout dans la ville grâce à des canaux d’irrigation. Ce système très ingénieux est présent dans toutes les rues au bord des trottoirs ; assez étrange de se promener dans une ville en plein désert avec autant de grande fontaines… On adhère !

Mendoza irriguation

Mais là où nous apprécierons le plus la ville, ce sera assis à une table avec un verre de vin dans la main.
L’activité majeure de Mendoza est la dégustation de vin. Cette région est la première exportatrice de vin dans le monde, dépassant parfois la France.
Lors de notre excursion dans les bodegas (les vignobles), nous avons traversé des hectares entiers de vignes face aux Andes. Tiens donc, les Andes, encore un atout pour cette ville et son vin…

mendoza vignes
Dans la région de Mendoza, les vignes s’étalent de 500m à 1 100m d’altitude (c’est haut pour des vignes), le climat est stable et on ne peut pas dire qu’un cru sera meilleur qu’un autre en fonction de l’année. Nous sommes dans un désert à la montagne, la journée il fait chaud, développant ainsi la saveur sucrée, et la nuit il fait froid, développant plutôt le côté acide du vin et tue les insectes ! Nous avons visité deux bodegas et dégusté plusieurs vins, la tête tourne un peu au bout de quatre verres… des crachoirs sont prévus pour ne pas être ivre à la fin de la journée (que nous n’utiliserons pas!). Nous avons découvert le malbec, un cépage de Mendoza ; le vin issu de celui-ci est jeune, très fruité et accompagne à merveille les salades et les grillades. Parfait ! Nous sommes toujours dans le pays du barbecue !

Fabien cuve a fermentation
Attend la dégustation Fabien…

Elodie vin mendoza

Nous nous plaisons à Mendoza, c’est probablement la ville où nous nous sommes sentis le mieux en Argentine. L’activité principale le week end semble être « farniente » (à 17h attention !! avant, la ville est désertique), boire du vin en terrasse, manger des grillades entre amis ou une pizza mozzarella, déguster une glace lorsque le soleil se couche et flâner sur les places. Nous logeons à côté de la plaza Independencia et la ville entière parait être réunie ici à partir de 18h. Tous les soirs se trouve un marché artisanal, du théâtre de plein air (un petit amphi est prévu pour ça), quelques manifestations (et oui, on est en Argentine !) et surtout, tous les soirs il y a des concerts sur des scènes plus ou moins grandes. On adore cette ambiance conviviale et estivale. Nous n’avons probablement pas fait grand chose dans cette région mais nos cinq jours n’ont pourtant pas été suffisants.

Elodie maté
Une tradition en Argentine, un culte ! : boire le mate… Ça ressemble a du thé mais bien plus amer. Une vraie drogue en Argentine

Mendoza place

Mendoza fontaine

Mais à force de boire du vin, nous finissons par avoir la tête qui tourne ! Une dernière bouteille dans le sac et c’est parti, nous quittons la ville.

Nous partons de Mendoza pour commencer notre marche vers le nord, droit sur la Bolivie. Sur notre chemin, trois arrêts principaux ont été choisis. Le premier sera à San Angustin de Valle Fertil (nom ironique, la région n’est pas du tout fertile !), un tout petit village situé à côté du parc Ischigualasto, un nom imprononçable et résumé par le terme « vallée de la lune ».
Malheureusement, cet arrêt sera aussi pour nous notre premier gros bémol côté météo. Nous arrivons sous la pluie, la ville est d’un triste ! nous grelotons, l’auberge est froide et humide, sale aussi, et pire encore ! le jour où nous devions visité le parc, un épais brouillard s’est installé. Même les bretons, nos voisins de dortoirs, déclarent forfait face à une telle purée de pois. Pas de vallée de la lune donc (admirez comme nous esquivons le nom réel du parc), fermé à cause du mauvais temps.
Histoire de ne pas être venu pour rien – quatre heures de bus tout de même – et de ne pas déprimer dans ce village, nous nous rabattons sur le parc El Chilfon, réunissant parait-il les ingrédients forts de l’autre. Nous ne pourrons le confirmer…
Pour la visite, nous serons avec un guide argentin du coin, la marche durera trois heures, sous la pluie et avec un brouillard de plus en plus épais.

El chiflon vallée

El chiflon cactus
notre premier cactus… on en verra tellement par la suite

Il parait qu’il fait seulement une à deux fois par an ce temps pourri dans la vallée. Nous avons donc vécu un truc rare, n’est-ce pas ! On se réconforte comme on peut, demain il faut partir (sous un ciel bleu très agaçant). Mais les images prises ne font que confirmer que ce parc doit être spectaculaire. Nous sommes sur un site géologique et archéologique très important. Grâce à notre guide, nous avons observé des sédiments et des minéraux datant d’avant l’ère Jurassique. Un parc entier composé de traces de formes de vie millénaire !

El chiflon champignon et Elodie

El chiflon Castillo

El chiflon grand champignon

Deuxième arrêt plus au nord encore, cette fois à Salta, une ville plus andine qu’argentine. Nous nous sentons proche de la Bolivie. Les habitants sont plus colorés, la peau très bronzée, les cheveux noirs. Les marchés vendent des couvertures en laines d’alpaga et des vêtements multicolores. Le soir à notre auberge, la flute de pan est à l’honneur. On sent donc la fin de notre voyage en Argentine mais la transition se fait en douceur. On a presque hâte de monter sur l’Altiplano.

Salta place

Salta MAAM

Salta rue

Salta est une très belle ville. Il ne fera pas très beau pour notre séjour mais la ville sent quand même le soleil et la chaleur. Sur l’ensemble de notre parcours en Argentine, ce sera la plus coloniale et surtout la plus belle à nos yeux.

Salta église rouge

Salta couvent

Il y a beaucoup d’églises et de cathédrales et nous croisons de nombreux argentins très pieux, voire avec un léger penchant dévot. Des boutiques entières sont dédiées aux saints (un fort potentiel commercial en Argentine!) : saints miniatures, bougies, autels, bracelets, encens, croix, Marie sous toute les formes, calendriers saints, images pieuses, cartes à collectionner, etc. Dans la rue, lorsque des statues de saints sont exposés, des passants touchent la main de la statue quelques secondes en se recueillant. Un soir même, nous avons été témoin d’un cycliste roulant près d’une église faire son signe de croix tout en pédalant.

Salta église

A Salta, nous avons visité le musée Archéologique de Haute Montagne ayant fait polémique quelques années en arrière. Vous comprendrez pourquoi.

Ce musée très intéressant, parle de la culture Inca à travers le Pérou, la Bolivie et le Nord Argentin. Une aile est consacrée aux sacrifices des enfants par les Incas et plus particulièrement à un des sacrifices les plus hauts retrouvé, dans la région de Salta, en haut d’un volcan à 6700 mètres d’altitude : en 1999, des alpinistes retrouvent trois enfants sacrifiés il y a environ cinq cents ans, parfaitement conservés grâce à la température glaciale et au manque d’oxygène du lieu. Les momies des enfants (n’imaginez pas les momies égyptiennes avec les bandelettes ! Ici les enfants étaient enfermés tels quels, ivres d’alcool, dans un puits où ils trouvaient la mort, on suppose (ou on espère Fabien et moi), dans leur sommeil alcoolisé), les momies sont conservés au musée. Celle du petit garçon de sept ans est exposé au public. Vous pouvez apercevoir l’intégralité de son visage, ses mains, sa peau… Une conservation parfaite. Un être humain mort, sans artifice, vous est dévoilé, ce qui fait bien sûr polémique. Nous ne regarderons que quelques secondes cet enfant, pas plus, en silence et respectueusement. Le sacrifice d’un enfant innocent, enfermé vivant dans un puits est une tradition bien étrange à nos yeux.

Avec ce musée, nous entamons encore un peu plus notre marche vers la culture Inca.
Ah mince ! Techniquement, nous sommes déjà anciennement en territoire Inca !

Salta maison
des orangers partout dans la ville

Salta maison blanche et jaune

L’immersion est totale lorsque nous montons dans la cordillère à 2 400m d’altitude, précisément dans la région de la Quebrada de Humahuaca, un nom bien étrange que Fabien a beaucoup de mal à retenir. Nous passerons trois jours et demi dans un petit village de quatre mille habitants, petit village poussiéreux nommé Tilcara (nos habits souffrent et virent au blanc cassé, même après plusieurs lessives).

Tilcara rue

Ce village est un ancien pueblo Inca, tout du moins à cinq cent mètres des restes aujourd’hui restaurés : la Pùcara.

Tilcara Cactus Fabien
un labyrinthe de cactus a la Pucara
Tilcara Purmarca
Nestor se perd

Nous avons bien du mal à retrouver parmi la foule le visage sévère et marqué de l’argentin, béret sur la tête et clope au bec. Sommes-nous encore sur leurs territoires (le guide Lonely Planet Bolivie vient de nous apprendre que il y a 150 ans, cette région était bolivienne…) ?

Nous errons tous les jours dans les traditionnels marchés coloré (à touristes), après tout, un peu de folklore, ça fait pas de mal.

Humahuaca marché

Nous nous amusons aussi à lire les cartes des restaurants – quinoa, pomme de terre andine, maïs, steak de lama – où est passé le bife de chorizo (faux filet chez les argentins) ?? Nous regardons juste car pour la fin de ce séjour dans ce pays, nous n’avons plus les moyens de nous assoir à une table et de nous faire servir. Les prix ont triplé par rapport à ce que préconisait le guide de voyage de 2010, tous les voyageurs sont dans la même situation que nous… Il faut trancher côté nourriture. Nous cuisinerons pendant quinze jours des pâtes et de la soupe.
Tiens ? Nous avons évoqué le lama ? Depuis notre arrivée à Tilcara, il y en a de partout de ces bébêtes, à l’air très niais.

Montagne aux sept couleurs Lamas

Cette région est complètement différente du reste du pays, déjà parce qu’elle est plus pauvre. Mais ce n’est pas ce qui nous marquera. Le climat est particulier : la journée il fait chaud mais les nuits sont glaciales. Il n’y a plus de villes remplies d’immeubles mais à la place, pleins de petits villages disposés tous les cinquante kilomètres, composé de maisonnettes en « pise » et fabriquées avec des briques de tourbe (mélange d’herbe sèche et de terre).

Humahuaca maison sans crépit avec terrasse en bois

Humahuaca maison recouverte de crépit

Le village de Humahuaca, un des plus joli dans le style, situé à 3 000m, sera pour nous l’occasion de nous acclimater à l’altitude, un après midi pour une ballade, en vu de la suite de notre voyage en Bolivie. La montée d’un grand escalier (pas si grand avec du recul) fut étonnante ! Nous avons le souffle coupé, la bouche sèche et notre rythme est lent malgré nous.

La Quebrada est merveilleuse. Nous en prenons pleins les yeux et le changement de culture est radical.

Tilcara montagne Fabien

Montagne aux sept couleurs

Montagne aux sept couleurs Fabien

Montagne aux sept couleurs 1

Nous pressentons plus, chaque jour notre départ d’Argentine… On s’y prépare. Mais après deux mois dans ce pays, c’est dur.
A La Quiaca, ville frontalière entre l’Argentine et la Bolivie, à seulement quelques mètres du poste d’immigration, nos sacs sur le dos, nous demandons la confirmation de notre chemin à un policier argentin. Ses derniers mots, tout sourire, furent « Ciao chicos !! »
Un Ciao, non dénué de sens, un au revoir les amis, c’en est fini de l’Argentine. La dernière image  que nous emportons de ce grand pays sera donc celle-ci, des argentins souriants, accueillants et définitivement sympathiques. Ce n’est pas tant les paysages qui nous marqueront en Argentine (bien sûr qu’ils sont époustouflants !) mais finalement ses habitants. Les guides n’ont pas mentis. Te Quiero Argentine ! Hasta luego !

Nous quittons le pays, tout bouleversés, et deux cent mètres plus loin, nous étions en Bolivie… accueillis, comme on nous avait prévenu par mail par… (la suite plus tard ! on ne va pas tout vous dire !)

Be Sociable, Share!

déjà un commentaire, réagissez à celui ci ou commentez vous aussi à “Vers le nord et plus haut !”

  1. […] soleil écrasant, des conditions qu’on évoquait en riant avec Élodie en faisant référence au parc d’Ischigalasto, en se disant que c’était impossible ici. Si nous savions! Les montagnes sont perdues entre […]

Répondre

See also: