Un peu plus de sel dans la vie

Cet article est la suite du récit (par Fabien) de nos aventures dans le Sud Lipez (Bolivie) commencé dans : L’aventure, c’est extra! (par Élodie)

Le réveil sonne. Il est six heure. La nuit a été fraiche, froide même. Dans le dortoir, tout le monde se lève, l’un après l’autre, dans un silence religieux. Cela fait deux jours déjà que nous sommes partis, et autant de nuits dans des conditions difficiles. Après s’être chaudement habillés et avoir bouclé les valises, nous nous orientons vers un petit-déjeuner copieux : pancakes avec de la dulce de leche. Dehors, il fait encore nuit, seules quelques lueurs du soleil matinal font une timide apparition. Le petit-déj’ avalé, nous embarquons dans la voiture. Au loin, on peut apercevoir la laguna colorada, près de laquelle nous avons passé la nuit.

Lever_de_soleil_Laguna_ColoradaLe soleil se lève paresseusement et la piste serpente entre les sommets enneigés, mais aux sol rien ne pousse, si ce n’est des cailloux et autres grains de sable. Le désert de Siloli semble infiniment grand! Des roches, plus grandes que les autres, se rapprochent de plus en plus de nous. Un virage à droite vers elles, et Jorge nous pointe du doigt une formation géologique étonnante : « el Arbol de Piedra », l’arbre de pierre. « Il a été sculpté par les vents et le sable. Peu à peu, son tronc diminue. Un jour, il tombera. mais en attendant ce jour, nous nous en approchons. Il est grand et tient debout de manière assez spectaculaire. La traditionnelle photo prise, nous nous perdons dans ce dédale de grandes pierres, qui ressemblent par certains aspects à celles du désert de Dali, que nous avons découvert la veille. Quelques échanges de balles avec nos camarades plus tard, nous remontons dans le véhicule.

Desert

Arbol de piedra

Autour de l'arbre de pierre

Le chemin disparaîtra un peu plus loin, à la faveur de ce qui semble être un cours d’eau presque asséché. Un filet d’eau gelée est vite brisé par le passage des voitures, qui paraissent ridicules vis-à-vis des énormes roches qui semblent suspendues aux parois autour de nous. Soudain, un arrêt du chauffeur nous révèle un animal étrange, qui ressemble à un lapin à longue queue, comme un écureuil. Pour son plus grand plaisir, nous nous délestons des restes des pancakes du petit déjeuner…

rivière glacee

lapin grande queue

lapin grande queue 2

pierres dans ravinUn peu plus tard, Jorge nous explique que nous allons passer près des cinq dernières lagunes du circuit, Ramaditas, Honda, Carcotas, Heradiarda et Cañapa. Le cadre est étrange pour le premier arrêt, près de la laguna Honda. Peu de végétaux, entouré de pics montagneux enneigés, un lac à moitié gelé, peuplé pour l’autre moitié de majestueux flamands roses. Ces grands oiseaux, déjà observés la veille sur la laguna Colorada, sont quand même étranges et merveilleux.

lac et reflet montagne

lac et reflet montagne et flamands

Un second lac nous offrira ses effluves nauséabondes : une détestable odeur de souffre (de formule H2S si vous lisez les commentaires de l’article précédent…) mélangée à de la boue et des excréments, mélange des restes volcaniques de la région avec ceux des innombrables flamands qui séjournent ici pour se reproduire avant de repartir vers des latitudes plus clémentes, mixture qui visiblement peut être dangereuse à inhaler trop longtemps aux vues des panneaux régulièrement disposés le long du rivage. Le spectacle, encore une fois, est exceptionnel (mais il pue, on ne peut pas tout avoir). Marc se prend à jouer au jeu de « je saute d’un ilot à un autre ». Très vite cependant, il découvrira que la boue, en plus d’être mal-odorante, glisse et tache. cela nous fera beaucoup rire, jusqu’à ce qu’il faille remonter en voiture, où nous profiterons tous de sa nouvelle senteur! La poussière soulevée par le véhicule nous empêchant d’ouvrir les fenêtres, je vous laisse imaginer la scène!

route désertique et montagne

Vous reprendrez bien peu de désert avant le prochain lac?

Laguna3

Laguna et flamands et montagne 3

Laguna et flamands et montagne

Marc 1

La route continue un moment, toujours dans un désert entouré de montagnes. Jorge pointe du doigt une montagne sur laquelle un nuage semble accroché. « Ce qui n’est pas vrai », explique-t-il : « c’est le volcan Ollague, haut de 5900 mètres environ, toujours en activité, fumant en permanence. Il n’est ni difficile ni dangereux de s’en approcher », continue-t-il, « mais nous n’avons pas le temps de le faire. Le volcan [comme d’autres monts auparavant] est une frontière naturelle entre la Bolivie et le Chili. » Nous nous arrêtons pour déjeuner dans les traces d’éruptions anciennes, dont on voit nettement les courbes. Cet immense terrain de jeu prend parfois des formes très étranges, comme si la terre était une mer secouée puis figée en pleine action.

Volcan fumée

Coulée lave et volcan

Coulée lave Elo

Coulée lave Nestor

coulée lave lion

Après déjeuner, nous repartirons au pas de course (au sens propre, des voitures d’un tour-opérateur concurrent essayant de nous doubler – nous comprendrons pourquoi après -) pour traverser le « petit » salar de Chinguana (compter une bonne heure tout de même!) qui nous donnera une idée des aventures du lendemain! Un crocher par San Juan (la « grande ville » du coin, et en fait la première ville avec une épicerie qui vendra autre chose que biscuit-alcool-papier toilette) pour faire quelques courses, et nous filons de nouveau vers notre destination pour la soirée, le petit village de Chuvica, qui vit du tourisme et de la quinoa, une céréale trop peu connue en Europe (la preuve : le correcteur orthographique le connait pas le mot!) mais extrêmement développée outre-Atlantique (on en fait des repas « durs », genre riz, des soupes, mais aussi de la bière!). Le village est sur des hauteurs, dominant l’extraordinairement grand salar d’Uyuni (du nom de la ville majeure le bordant).

salar montagnes

salar de Chinguana

Salar voiture

quinoa

Graines de quinoa

En arrivant aux dortoirs, quelle surprise! Nous nous reposerons dans un hôtel de sel, un des rares qui existe! Le chauffeur nous expliquera qu’ici c’est « premier arrivé, premier servi » et que les places sont limitées. On comprend mieux la course. Nous passerons la soirée à discuter de la suite de nos voyages respectifs, assis sur des tabourets de sel, accoudés à des tables de sel, avant de rejoindre nos lits de sel, plantés dans un sol de sel, avec des murs de sel.

Hotel de sel

Le réveil sonne. Il est cinq heure et demie. La nuit a été, encore une fois, fraiche, mais moins que la veille! L’altitude est moindre, les murs plus épais, l’isolation meilleure. Dehors, il fait encore nuit noire. Pas de petit-déjeuner avant quelques heures : il faut faire vite avant le lever du soleil! Après avoir péniblement rangé nos affaires, décollage vers le salar. Nous suivons, une fois n’est pas coutume, une caravane de 4×4, jusqu’à s’arrêter, au bord de l’eau : d’intenses pluies se sont abattues sur la région et ont recouvertes une partie du salar de dix à trente centimètres d’eau, rendant une partie de la route impraticable : on devra faire une croix sur « l’isla del Pescado », un monticule verdoyant au centre du salar blanc, tel une île (d’ou son nom…). Le lever de l’astre solaire est un moment intense et merveilleux : on se sent perdu, au dessus du sol, dans un monde sans horizon ou sens défini : pas de ciel ni de terre. Pendant presque une heure, nous contemplons les lueurs matinales, variant du bleu sombre au jaune d’or en passant par le rouge flamboyant. Un moment sans précédent pour nous.

Uyuni sunrise dark

Uyuni sunrise orange strip

Uyuni sunrise rouge

Uyuni sunrise bande

Uyuni sunrise jaune

Uyuni sunrise bleu

Uyuni elo upside downL’instant magique passé, nous nous lançons en 4×4 à corps perdus dans l’eau saline, pendant vingt minutes, comme roulants dans la mer. Puis soudain, l’eau disparait comme elle était apparue : sans prévenir. nous voici au beau milieu d’une étendue infinie de sel d’un blanc sans faille.

Uyuni traversée eau 4x4

Une longue route plus tard (le manque de café matinal n’aidant pas) nous faisons halte loin de tout et de tous : nous sommes seuls au monde, seuls au milieu du salar. Le véhicule le plus proche, à des kilomètres de la, n’est qu’un vague point au loin. Ici, chacun admire l’étendue de sel sans fin, puis fait jouer son imagination pour faire des photos loufoques, l’absence de perspective aidant. Pendant plusieurs heures (le temps d’attraper coups de soleil et traces de lunettes sur le visage) nous expérimenterons divers effets de styles, aidés par les chauffeurs, qui ne manquent pas d’imagination (ni de jouets pour les mises en scène)!

Uyuni VOITURE AU LOIN

Non, ce point noir à l'horizon n'est pas une tache sur votre écran

Uyuni fabien tient élo

Uyuni nestor

Uyuni elo filme

Uyuni karaté2

Uyuni pied

Uyuni poeleLes mêmes, tant pour les photos que pour nous montrer, creuseront dans le sel : après une première couche d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur dure et cristalline de sel, une deuxième couche d’eau, d’un mètre de profondeur, se montre, avant d’atteindre une nouvelle couche de sel. Il est très surprenant de, finalement, marcher sur seulement quelques centimètres de sel!

Uyuni cristal

Uyuni photo groupeAprès beaucoup de rires, une photo de groupe et un échange d’adresses mail, nous repartons vers Uyuni, avec un crochet par « l’hôtel de sel », l’original devenue musée, seul bâtiment sur le salar, et un passage par des salines exploitées (aucun marais salant au monde ne pourrait rivaliser avec ça!). En arrivant, nous visitons un étrange cimetière de trains à vapeur bien conservés, malgré leur âge (ils ont été abandonnés ici après la guerre entre la Bolivie et le Chili, à la fin du XIXème siècle il me semble)!. L’endroit est poétique, mais aussi un peu triste, comme le repas qui suivra. Pendant quatre jours, nous avons été soudés, et dans moins d’une heure, tous séparés. Marc, Julien et Mark, dans notre voiture, veulent filer sur La Paz et le lac Titicaca pour finir leurs vacances boliviennes. Wendy, Mitchell, Chris et sa compagne veulent partir le lendemain, vers Potosi. Jorge, l’autre chauffeur et Anuncia doivent repartir au plus vite à Tupiza. Quant à Élodie et moi, nous souhaitons rester quelques jours à Uyuni pour nous reposer et préparer la suite du voyage, avant d’aller, à notre tour, à Potosi.

Uyuni hotel sel

L'hôtel de sel!

Uyuni salines

Uyuni cimetiere train loco

Uyuni cimetiere train loco face

Uyuni repas

En déchargeant les sacs du toit du véhicule, nous disons au revoir à Jorge, Marc, Mark et Julien. L’autre véhicule à filé, nos amis anglophones ayant demandé à se rapprocher de leur auberge pour la nuit. Nous partons de notre côté, les garçons eux, vont s’acheter des tickets pour le prochain bus. Uyuni n’est pas une belle ville, loin de la : les immeubles semblent en perpétuels travaux ou abandonnés, les rues, pour la majorité, sont en terre battue, les magasins sans charmes (ni étiquettes de prix sur les marchandises). Déjà tristes de se retrouver seuls, le parcours dans la ville (sans compter les descriptions assez peu flatteuses des guides de voyage!) ne nous donne pas l’envie de rester même si l’auberge où nous séjournons est agréable, elle. D’un commun accord, nous réduirons le séjour ici au strict minimum pour préparer la suite du parcours.

le réveil sonne. Il est huit heure trente. La nuit a été longue. Nous nous remettons de ces quatre jours éprouvants physiquement mais si denses visuellement. L’aventure a été fantastique et nous ne regrettons pas un seul instant de l’avoir faite. Certains des lieux vus sont réellement de toute beauté, les rencontres ont fait naitre en nous des amitiés chaleureuses qui perdureront je l’espère. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et nous allons vers de nouveaux lieux chargés d’émotions encore plus intenses!

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déjà 6 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Un peu plus de sel dans la vie”

  1. Patchouli dit :

    Excellentes ces photos !!!

  2. tati dit :

    Je serais très fier de faire du montage avec ,en plus des photos, certainement de magnifiques plans…. nous restons pantois, sans commentaire

    en plus les commentaires sont supers …

    Pap

  3. Léa dit :

    Le petit animal, je crois que c’est un octodon… J’en avais deux à Montpellier!
    Continuez bien à vous éclater…
    Bises

    • Fabien dit :

      Après enquête, il semble que l’animal était un Viscache, mais effectivement ça ressemblait pas mal à un octodon, en plus gros.
      Pour s’éclater, on s’éclate! J’espère que tout va bien de ton côté… Bises!

  4. […] les fous autour (interdiction d’aller dessus, mais il est tout de même en meilleur état que ceux d’Uyuni, en Bolivie) Élodie, essaie d’en finir avec la vie (raté), on passe du temps dans les […]

Répondre à tati

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