Un dégradé de mille et un gris…

« Et ça, tu le vois comment? Et ça? Ça doit être compliqué pour conduire… Comment tu fais pour différencier les feux? Alors tu ne peux pas être électricien / boucher / pilote d’avion / étalonneur… Oh, excuses-moi, on a du te poser ces questions mille fois… »
On m’a posé ces questions mille fois. Et j’y ai répondu autant de fois – ou presque. Avec le temps, j’ai pris l’habitude et la patience de répondre aux interrogations des autres. Je suis daltonien, c’est à dire que j’ai une déficience visuelle, je ne vois pas le rouge et le vert. Je vis avec depuis ma naissance, sans doute jusqu’à ma mort, en tout cas en l’état la science ne sait pas corriger le daltonisme, mais j’ai largement appris à vivre avec ce défaut mineur au final. Je ne vois pas toutes les couleurs mais ce matin là, je sais que je vois exactement le même paysage que tous les autres passagers de la frêle esquif, l’eau, les pics déchiquetés et l’horizon plongé dans la brume avant que les premiers rayons du soleil ne la percent, dans un dégradé de mille et un gris.

Voici la baie d’Halong.
Voici la baie d'Halong


Quelques jours plus tôt, pourtant, la partie était loin d’être gagnée : arrivés à Hanoï et à peine franchis le seuil de l’hôtel qu’on nous proposait (avant même d’avoir pu monter les sacs dans la chambre) diverses formules, « deux jours une nuit », « trois jours deux nuit », « express une journée », en version « simple », « de luxe », « extra de luxe », avec des bateaux de tailles variables, de la barque au paquebot – ou presque. Nous n’acceptons aucune offre, mais nous ne déclinons pas non plus. On verra plus tard.
En sortant, on découvrira assez vite que la profusion d’offres de l’hôtel n’est que le reflet de l’extérieur, où la vieille ville est encerclée, tapissée même, d’agences touristiques proposant des séjours toujours plus incroyables, à base de « fantastic, amazing, incredible beauty » et plus si affinités, avec des tarifs toujours plus bas, et des activités toujours plus nombreuses – visites de grottes, villages de pêcheurs, nage dans la baie, kayak, pêche, trek, visite de l’île aux singes, explorations, cours de cuisine, etc. … Les entourloupes, les escroqueries et les déceptions, nous le savons, sont légions autour de cette baie qui accueille chaque jour des milliers de touristes venus admirer les lieux, point d’orgue de leur séjour au Vietnam. Alors, comment faire pour ne pas se faire avoir?

Ce rocher est imprimé sur tous les billets de 200 000 dong. Combien en faut-il pour ne pas être escroqué?

Ce rocher est imprimé sur tous les billets de 200 000 dong. Combien en faut-il pour ne pas être escroqué?

En partant de Hanoï, les tarifs s’échelonnent de 80 US$ à 200 US$ environ pour une croisière de deux jours et une nuit, sachant que le jour 1 commence à huit heure à Hanoï (avec plus de trois heures de bus pour la baie) et le jour 2 se finit à Hanoï, incluant donc le retour à la capitale, soit un départ du port d’Halong à treize heure! Autant dire une journée fichue en l’air… Et difficile de trouver plus long près de la baie sans faire flamber son portefeuille (plus de 300 US$)!

Le silence relativement gênant de notre guide de voyage nous laisse aussi dans l’embarras, d’autant plus qu’il est relativement âgé (plus de cinq ans c’est vieux pour un livre « d’actualité ») et que nombre de ses informations sont dépassées, et que dire des infos glanées sur internet… Effrayantes! Vols, escroqueries, rapines, mafias, calamités diverses côtoient les recommandations pour les croisières les plus coûteuses, ce qui ne nous arrange pas. Les choix possibles sont si vastes qu’il devient presque impossible d’en faire un, et poser les pieds à l’hôtel est devenu un calvaire car nous savons qu’une relance vers leurs offres va nous être faite. Nous commençons à perdre pied, à douter : va-t-on y aller? Élodie en est presque à abandonner les recherches et ne pas s’y rendre…

Ça aurait été dommage de passer à côté de ça, non?

Ça aurait été dommage de passer à côté de ça, non?

Après deux jours de torture morale et de tensions à essayer de savoir quelle voie prendre, nous finissons par nous décider… à ne pas prendre de décision : nous irons à Cat Ba, village situé sur l’île éponyme et principale de la baie d’Halong, et point de départ de – encore – nouvelles excursions.
Mais encore faut-il nous y rendre! Après une analyse rapide de la situation, nous concluons que demander de l’aide à l’auberge serait une bonne idée… Nous programmons donc, pour le lendemain matin, un mini-bus touristique, qui doit nous emmener à Halong (la ville), pour enchainer sur un bateau pour le quai de l’extrémité nord de l’île de Cat Ba, quai sur lequel nous attendra un nouveau bus pour nous emmener plein sud, en ville, après trente à quarante cinq minutes de trajet – peut-être un peu plus à cause du passage du typhon il y a quelques jours. Selon les dires d’Alice, la personne de l’accueil, nous arriverons donc vers seize heure.
Ça, c’est pour la théorie.

Le lendemain matin, nous voici devant le bus, et évidemment il est déjà presque plein, alors nous nous installons sur les derniers strapontins au confort plus que relatif, entourés d’une bruyante famille brésilienne (et attention, pas la petite famille, papa-maman-tonton-tata, cousins et cousines ado en cadeau). C’est parti pour plus de trois heures à supporter les adolescentes qui hurlent sur les parents (note : écouter de la musique avec chacun son lecteur MP3 en discutant ensemble ne facilite pas le maintien d’un niveau sonore acceptable), des parents qui les ignorent tant ils semblent passionnés par leur sujet, en prenant semble-t-il les oreilles d’Élodie pour un micro, car ils parlent tous devant celles-ci. Trois heures, donc, de trajet, sans compter l’indispensable pause imposée à l’atelier de sculpture, sculpture oui, mais toujours de plus de un mètre de haut. Mon sac étant déjà assez lourd, je n’achèterai pas cette suuuuupeeeeeerbe reproduction de la vénus de Milo version vietnamienne, dommage, en la plaçant devant l’entrée de chez nous nous aurions pu repousser toutes personnes avec un minimum de goût…

Élodie sourira… mais pas dans le bus

Élodie sourira… mais pas dans le bus! On n'a pas pris de photo quand même…

Nous arrivons enfin à Halong, vers le port, où des dizaines d’embarcations chargent et déchargent des touristes par bus entiers. Nous nous attendions à avoir un bateau direct pour Cat Ba, mais la personne chargée d’accompagner les autres touristes, venus faire des excursions d’une journée ou deux, nous invite à monter à bord. Nous lui rappelons que nous voulons aller à Cat Ba, et elle nous rassure, avec un « oui, oui, pas de problème, je suis au courant ».

Près d'Halong

Près d'Halong

Nous apprenons au passage que l’arrivée prévue n’est plus à seize mais à dix-sept heure. La nef fait aussi office de restaurant, et nous apprenons bien vite que nous sommes les seuls à avoir prévu de quoi manger, et nous voila reclus près des assiettes du service, à attendre que ces messieurs-dames aient fini le déjeuner, l’embarcation s’étant arrêtée en pleine mer pour « profiter de la vue » – et nous faire perdre un peu de temps, un peu plus d’une heure pour être précis.

Notre bateau-resto

Notre bateau-resto

Dans le bateau-restaurant

Dans le bateau-restaurant

Quand nous repartons enfin en direction des pics déchiquetés, nous imaginions que notre aventure était finie, mais c’était loin d’être le cas! Le véhicule, déjà peu véloce, ralentit son allure à l’approche d’un pic assez grand, il faut dire, et au premier regard nous pensions qu’il s’agissait de l’extrémité de Cat Ba. Faux.

Droit devant… pas Cat Ba!

Droit devant… pas Cat Ba!

Nous débarquons avec nous sacs (nous sommes moins chargés que d’habitude, mais quelques petits sacs quand même, c’est relativement peu pratique), et nous montons aux escaliers, pour… entrer dans une grotte! Alors voila qu’on se ballade dans cette immense cavité naturelle, entourés de touristes par camions bateaux entiers, avec le guide qui pointe, semble-t-il, des formes aléatoires en imaginant au fur et à mesure des histoires et des personnages (enfin, il doit y en avoir des vraies dans le lot). La « Grotte de la Surprise », car c’est son nom, est quand même un endroit très beau, avec une mise en scène qui n’est pas sans rappeler la « Grotte de la Flûte de Roseau » de Guilin, en Chine que nous avons visité quelques semaines auparavant. En sortant, nous passons devant la boutique souvenir et redescendons sur un escalier un peu abrupt. Ce coup-ci je suis fatigué, et un peu énervé.
grotte 1

Grotte 2De retour sur le bateau, nous sommes en direction, de nouveau, et on l’espère, de Cat Ba, mais encore une fois une escale nous retarde, près de ce qu’on nous annonce comme étant « un village de pêcheur », et non les guillemets ne sont pas de trop : quatre maisons, c’est un hameau, pas un village.

Vous appelez ça un village vous?

Vous appelez ça un village vous?

L’arrêt n’est pas fortuit : on propose à chaque passager un tour en canoë ou sur une embarcation motorisée. Élodie sentant le coup venir, va voir le guide et lui demande quand nous arriverons au village : « Oh, vers dix-huit heure, pas après », lui répond-t-il. D’accord. « En attendant, vous ne voulez pas faire un tour? » A six dollars par personne, non merci! « Alors, il vous faudra attendre quarante cinq minutes ici ». Génial.

Pendant ce temps, sur le ponton d'en face…

Pendant ce temps, sur le ponton d'en face…

Du coup, on s'occupe en prenant des photos…

Du coup, on s'occupe en prenant des photos…

On attend le temps indiqué avant de se voir transférés sur un premier canoë, attendre, quinze mètres plus loin sur une deuxième plateforme pendant une demie-heure, avant de rejoindre un nouveau groupe de jeunes qui filent sur leur bateau-hôtel pour la nuit.

La vue du ponton, en attendant… la correspondance!

La vue du ponton, en attendant le… prochain bateau…

Tiens, des nouvelles têtes…

Tiens, des nouvelles têtes…

Nous atterrissons donc dans une croisière, au milieu de la baie d’Halong, au soleil couchant. Le spectacle est magnifique, et on en profite sur le pont supérieur, un verre à la main (on s’est un peu incrustés dans le groupe, à qui on offrait un « verre de bienvenue », avant de fuir l’ignoble musique techno des années 90). Pour la première fois de la journée, on se détend un peu, en découvrant cette multitude de pics et collines plongeant droit dans l’eau, des pics karstiques différents de ceux de Yangshuo mais tout aussi magiques.

Coucher de soleil sur la baie d'Halong

Coucher de soleil sur la baie d'Halong

Baie d'halong coucher de soleil 3

Coucher de soleil sur la baie d'Halong 2

Coucher de soleil sur la baie d'Halong… Avec moi!

La nuit tombe doucement et on se félicite d’une journée qui, si elle n’est pas celle qu’on avait demandé, a certains aspects plaisant comme cette fin d’après-midi. Toutefois, la trêve sera de courte durée : un homme vient nous voir pour nous informer que nous allons bientôt arriver sur l’île. En effet, assez peu de temps après nous sommes de retour sur le plancher des vaches, à marcher dans le noir (plus de soleil, mais pas non plus d’éclairage public) vers le bus. En s’y asseyant, on demande dans combien de temps nous serons arrivés, et nous apprenons que ce sera vers… Dix-neuf heure. Bien bien bien. On s’arme de patience et on attend les autres touristes venus d’autres groupes, certains ayant visiblement déjà bien entamé la soirée et la fête alcoolisée. Le bus arrivera enfin dans le centre à l’heure annoncée – la dernière heure annoncée. Visite de quelques hôtels et négociation avec les propriétaires pour faire baisser les prix, nous voici (enfin) installés dans une chambre toute neuve avec une vue sur le port.

notre chambre…

notre chambre…

Avec wifi dans… le couloir (on s'en fiche, nous étions la seule chambre occupée de l'étage)!

Avec wifi dans… le couloir (on s'en fiche, nous étions la seule chambre occupée de l'étage)!

La vue de notre fenêtre

La vue de notre fenêtre

Au réveil, après une première nuit à Cat Ba, et une ballade rapide sur le port, nous nous attaquons à la visite des différentes entreprises proposant des excursions sur la baie, et plus particulièrement celles qui passent par la baie d’Han La, beaucoup moins touristique mais tout aussi belle dit-on, mais aussi qui ne passe pas forcément par l’île aux singes, parce qu’on en voit déjà bien assez partout où on va… Assez rapidement, il se dégage que seuls quelques noms gèrent les tours de presque toutes les agences, et seules deux sont parvenues à garder notre attention. Nous choisirons l’agence « Catbaventure », reconnue sur le web pour sa qualité, mais aussi parce que l’autre agence se révèlera assez floue quant au parcours et ce à quoi ressemble véritablement l’embarcation.

Cat Ba

Cat Ba

L’après-midi, direction la plage pour nous reposer de la journée précédente, définitivement épuisante. Sur le chemin, on admirera le paysage, ainsi que sa plage de sable blanc qui nous manquait depuis le Costa-Rica, et nous observerons, silencieux, le spectacle magique de ces pics karstiques au loin et de ces employés (la plage est plus ou moins privatisée pour les locataires de l’hôtel de luxe situé juste derrière) payés à ramasser, jour après jour, les roches sur la plage.

Sur la plage abandonnée…

Sur la plage abandonnée…

Au retour, nous admirerons encore le paysage, oui, mais avec un rafraîchissement devant le coucher de soleil sur la baie! Demain, nous ne serons plus ici, mais à la place du soleil, dans l’eau!

Une belle vue pour une belle soirée

Une belle vue pour une belle soirée

Il est neuf heure au troisième jour de notre périple et nous sommes en mer depuis un petit moment. Le bateau, d’abord entouré d’autres au port, se retrouve bien vite seul à naviguer entre les différents pics massifs de cette baie unique en son genre. Sur le pont supérieur, Élodie et moi sommes sur les transats arrières. Sur ceux de devant sont installés Aline et Éric, deux jeunes français venus travailler un ou deux ans au Vietnam, à Hanoï pour lui et elle à Saigon. En dessous, le guide dont nous avons perdu le prénom et le capitaine se dirigent vers un premier village de pêcheur, pour récupérer des canoës kayaks et un chef cuisinier. Nous serons cinq à bord, ni plus ni moins, et nous soufflons, Élodie et moi, de ne pas nous retrouver sur un « bateau-usine » de dix chambres de fêtards venus s’imbiber d’alcool toute la nuit.

Sur le pont d'observation…

Sur le pont d'observation…

L'équipage au complet

L'équipage au complet

Nous passerons un moment béats devant la majestuosité de la baie, ces grandes formes énigmatiques qui donnent toujours l’impression de cacher quelque chose de plus grand derrière, ou un lac, ou la mer, ou que sais-je encore? Le capitaine semble connaitre chaque recoin des lieux, mais il entre dans ces « canaux naturels » comme s’il agissait d’un parcours aléatoire. Après un moment, nous nous arrêtons au pied d’un grand pic, pour entrer dans une minuscule grotte, qui a peut-être servi d’abri pour des hommes d’une autre époque… En tout cas, la grotte, beaucoup plus petite et beaucoup moins touristique, peut être complètement visitée, même si la sortie se fait par un trou beaucoup plus petit que l’entrée! Une fois de nouveau dehors, nous monterons sur les hauteurs, pour découvrir d’un côté la baie et notre esquif, et de l’autre un surprenant lac entouré de mer, n’ayant aucun accès si ce ne sont les pentes abruptes qui l’entourent.

Une grotte de plus!

Oui, oui, on passe par ici pour sortir!

Oui, oui, on passe par ici pour sortir!

Un lac en pleine mer…

Un lac en pleine mer…

Tiens, notre bateau en bas!

Tiens, notre bateau en bas!

Nous redescendrons sous une légère bruine, en essayant de ne pas glisser – fait exceptionnel, nous avons tous troqués nos habituelles chaussures contre des claquettes que nous pensions à tort plus adéquates. Une fois de retour sur l’embarcation, un gargantuesque repas nous attend, avec des mets qu’on ne peut habituellement pas s’offrir, nems à volonté, crevettes et poissons grillés, crustacés, tofu sauce aigre-doux et bien plus encore… On se régale et comme après ce genre de festin, tout le monde part à la sieste.

Bon appétit tout le monde!

Bon appétit tout le monde!

L'heure de la sieste

L'heure de la sieste

En milieu d’après-midi, et comme le beau temps est de retour, nous descendons dans les canoës pour faire un tour près du mouillage temporaire du bateau, et nous ne sommes pas les seuls… En effet, le secteur est connu pour avoir (presque) trois lagunes reliées les unes aux autres par des grottes : la première est en fait la crique où se trouvent les embarcations, puis il y a deux bassins de tailles conséquentes reliées par deux grottes qui ne dépareilleraient pas dans les décors de Disneyland, la première immense avec ses stalactites et ses chauves-souris, la seconde avec ses coquillages et mollusques noircis par le temps collés partout autour du tunnel, lui-même zigzagant entre les rochers… Et dire que je n’ai pas mon chapeau d’Indiana Jones…

Vers un nouveau monde…?

Vers un nouveau monde…?

Un lac caché par une grotte caché par un lac caché par une grotte!

Un lac caché par une grotte cachée par un lac caché par une grotte!

Si ça ça ne sonne pas faux… et pourtant tout est vrai!

Si ça ça ne sonne pas faux… et pourtant tout est vrai!

Une grotte digne de "Pirates des Caraïbes"

Une grotte digne de "Pirates des Caraïbes"

Une texture qui ne donne pas envie d'y toucher!

Une texture qui ne donne pas envie d'y toucher!

De retour vers le pont, je me décide à piquer une tête dans l’eau. On peut dire, objectivement, que l’eau est sale, mais aussi qu’elle est super bonne (enfin ce jour là)! Je nagerai donc quelques minutes, mais pas assez pour que je me transforme en mutant ou que je perde la peau à cause de la crasse présente!

On pique une tête?

On pique une tête?

Remonté à bord et après une douche, nous admirerons le coucher de soleil, un verre à la main, avant de descendre manger un nouveau excellent repas en discutant voyages, rigoler du doublage des films au Vietnam (il y a une télé à bord, comme dans presque cent pour cent des maisons vietnamiennes électrifiées) et jouer aux cartes avec nos compagnons de voyage, avant d’aller admirer les étoiles puis se coucher. Notre logement, durant tout ce temps, se sera déplacé dans une crique isolée où seul mouille un autre navire de même taille et de la même compagnie, entourés de petites plages comme il en existe des dizaines tout le long des rives des pics…

En nous réveillant, une brume argentée entoure notre embarcation, la seconde étant partie un peu avant notre lever. Nous sommes seuls, avec l’immensité de la mer tout autour, cachée par ces extraordinaires formations rocheuses qui se dessinent dans mille teintes de gris, comme en ombres chinoises, au dessus d’une eau lisse comme un miroir, sombre et envoutante. Dans quelques instants, le soleil sera assez fort pour percer la brume matinale et nous offrir un spectacle encore plus incroyable que la veille. Pourtant, je crois qu’aucun de nous n’est pressé de le voir, et nous nous laissons porter par la magie de l’instant.

Le lendemain

Le lendemain

Au réveil

A mesure que le bateau file sur l’eau, le soleil se fait plus présent et nous pouvons de nouveau découvrir les incroyables paysages de la baie d’Halong ; avant d’y venir, nous pensions être un peu déçus, après les extraordinaires horizons de Yangshuo, en Chine, mais la différence entre les deux sites, qu’on pensait minime, est en fait énorme : Halong n’est pas Yangshuo plongé dans l’eau, c’est un univers à part, la mer a sculpté les pics, piliers et cheminées dans des formes inimaginables ailleurs, creusant cavités, grottes et criques de manière étonnante.

Un temple en mer

Un pilier

Des criques dans des criques

Des criques dans des criques

Durant la matinée, il est prévu de découvrir, à hauteur de kayak, un village de pêcheur. Il est étrange de découvrir des gens qui vivent sur des maisons flottantes, résistant aux flots grâce a des flotteurs de polystyrène qui se décomposent en polluant, tentant de survivre à une mondialisation galopante en pratiquant la pisciculture intensive en pleine mer… mais avec l’électricité et internet quand même! Nous aurons croisé plusieurs villages de pêcheurs, d’environ quatre cent âmes à chaque fois (c’est ce que dira le guide), avec leurs propres écoles. Les villages sont toutefois bien organisés, certains ayant même des épiceries!

Une maison de pêcheur

Une maison de pêcheur

Les bateaux sont équipés d'énormes ampoules…

Les bateaux sont équipés d'énormes ampoules…

Pisciculture intensive

Pisciculture intensive

Un peu après être revenus à bord, nous nous arrêterons pour déjeuner, déjà. Mais, avant le repas, pourquoi ne pas piquer une tête et aller sur la plage? Sitôt dit, sitôt fait, et nous voici à nous précipiter sur le rivage, à une courte nage du bateau, à la recherche d’un endroit où bronzer tranquille. Ça ne sera pas facile, la plage étant constitué de sable, mais aussi de beaucoup de coraux venus s’échouer sur le rivage. Alors, on traine, on joue les Robinson Crusoe, avant de retourner sur le pont, ce qui ne sera pas une tache facile, car il tourne avec les courants!

Nous deux sur la plage (merci à Aline)

Nous deux sur la plage (merci à Aline)

Nous passerons encore un bon repas avant qu’Aline et Éric ne nous quittent avec un moto-taxi bateau-taxi, Aline ayant un avion à prendre (et oui, ils travaillent demain…), et nous nous retrouvons seuls avec l’équipage. Nous nous installons, silencieux, sur les transats, pour nous reposer, et profiter de notre croisière nouvellement privatisée.

Un peu de repos…

Un peu de repos…

Elodie se reposera aussi, un peu après moi

Elodie se reposera aussi, un peu après moi

Nous aurons en effet besoin de ce regain d’énergie plus tard, quand le guide nous entrainera une nouvelle fois sur les kayaks, à la poursuite de nouvelles superbes plages et des lacs cachés, reliés à l’extérieur par d’étroites grottes! Nous finirons cassés par tant d’exercice (il rame vite, lui)!

notre guide nous attend patiemment

notre guide nous attend patiemment

Nestor nous attend lui aussi patiemment, en regardant la mer

Nestor nous attend lui aussi patiemment, en regardant la mer

Il est bientôt temps de retourner à Cat Ba. Pendant deux jours, nous aurons profité, dans des conditions climatiques plus que clémentes, de ces incroyables paysages que forment les milliers de formations rocheuses de l’archipel. Des piliers aux pics les plus imposants, des simples criques aux plages exubérantes, la baie d’Halong nous aura révélé des panoramas à couper le souffle, et ravivé une envie d’en découvrir plus, malgré les a-priori négatifs qu’on avait d’elle, malgré les paysages qu’on pensait déjà avoir vus, malgré les obstacles sur notre chemin, sur celui de chaque touriste en vérité. Nous avons été séduits.

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déjà 4 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Un dégradé de mille et un gris…”

  1. jacky dit :

    .. …dans ce monde aux images numérisées de couleurs vives peu naturelles, voir tout en gris avec toutes ces nuances… là! Fabien tes yeux ont dû te régaler …. la queue du dragon ondulant tout en gris à l’horizon ….ce fut aussi notre plus
    beau souvenir

    Jacky Francine

  2. Olivia dit :

    Que dire, tant d’émotions surviennent après la lecture de cet article… j’ai lu votre périple avec beaucoup de plaisir mais aussi je ne peux le nier un peu d’amertume, de jalousie et je suis sûre que vous comprenez pourquoi… Il y a 3 ans tout a commencé là au Vietnam, nous entendions sans arrêt les parents et les 4 globes trotteurs préparer cette fameuse excursion sur la Baie d’Along et nous étions vous et moi très déçus de ne pouvoir les suivre, nous avions une énorme boule dans la gorge, un peu comme ce que je ressens à la minute même où je vous écris… vous vous étiez jurés d’y aller à votre tour et c’est chose faite pour vous quelques années plus tard, du coup il ne restera plus que moi RRR !!! Vos articles sur le Vietnam me replongent 3 ans en avant, tant de souvenirs ressurgissent, c’était tellement fort de se retrouver en famille à l’autre bout du monde, ce sont des moments précieux inoubliables ! J’ai vraiment hâte de partager votre tour du monde comme j’ai pu le faire avec les 4 globes trotteurs, plus que 2 semaines de patience, à nous la Thaïlande on arrive, notre valise est presque prête, nous sommes heureux de passer les fêtes noël avec vous !!!

    • Nous comprenons parfaitement ton amertume. Je me revois assise à table de chez Daniel trois ans en arrière à écouter les récits fous qui attendaient les Guironnet ! Alors que nous, nous devions partir, prendre l’avion… retourner bosser. Pas de baie d’Along à ce moment là pour les quatre jeunes ! Une prochaine fois ? Le monde est immense, il y a tant à voir et tu es encore suffisamment jeune pour en découvrir des centaines et des centaines de facettes ! Alors ne sois pas trop jalouse.
      Par contre, partager un périple le temps de trois semaines avec le reste de sa famille partie, elle, sur les routes du monde pendant un an, l’occasion ne se présente peut-être pas deux fois. Comme je l’ai déjà dit dans un article sur les États-Unis qui m’aura fait tant verser de larmes, vivre une aventure oui, mais la vivre avec les gens que l’on aime, c’est l’essentiel !
      Nous sommes particulièrement heureux de passer les fêtes de fin d’année avec vous !!
      N’oubliez pas la crème solaire dans votre valise…

Répondre à jacky

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