Un canyon peut en cacher un autre

J’aurais bien aimé rester plus longtemps dans cette maison perdue dans les bois, simple mais très confortable, près de Sedona. Je m’y sentais comme chez moi (je crois que c’était le sentiment général), et j’en aurais bien fait mon domicile (bien que sans aucun moyen de communiquer autre que le téléphone… enfin bref), mais nous devions, tôt ce samedi matin de fin juillet, quitter la ville et ses décors cinématographiques, superbes, et ses vortex aux « ondes mystiques » que nous avions bien sûr tous ressentis (clin d’œil appuyé), pour partir à la découverte d’une partie de ce qui fait l’essence et la renommée internationale du « Far West », des paysages à couper le souffle, uniques au monde, qui donnent des frissons : le Grand canyon et Monument Valley ; pourquoi les deux le même jour, me direz-vous? Tout simplement parce que le second site nous fait faire presque une journée de route de détour, mais, paraît-il, « il ne faut surtout pas manquer ce lieu! », ce que nous essaierons de vérifier… en fin de journée.

"Une voiture faite pour les grands espaces"

Levés, donc, vers six heure du matin, nous partions une grosse demie-heure plus tard en empruntant la même route que celle par laquelle nous étions arrivés, montant, montant indéfiniment à coups de lacets, avant d’arriver dans la forêt, puis à Flagstaff. De là, nous reprenons la route 66. Attendez, pourquoi sommes-nous sur la route 66? On n’est pas sensés l’emprunter! Après un moment de flottement et de doutes, Jacky s’arrêtera sur le bas-côté et Francine ira se renseigner auprès d’un conducteur. Nous voici sur la bonne route.

Après une longue (enfin j’imagine, je me suis endormi à l’arrière) route à travers champs, à ne croiser que vaches et corps de fermes, nous arrivons près un lieu où subitement des centaines d’autres véhicules sont réunis, à l’orée d’un bois pourtant tout ce qu’il y a de commun. Des centaines de véhicules remplis à raz-bord de touristes, qui, comme nous, vont voir de plus près le Grand Canyon. Nous passons le contrôle des entrées – nous avons de la chance, avec notre passe annuel nous avons la file « rapide » et un accueil tout en sourires. Nous roulons maintenant dans des bois, pas très denses, avant d’arriver à un parking. Depuis celui-ci, nous allons à pieds chercher des informations. Mais où est-il donc, ce Grand Canyon?

Ah, bon, en réalité il n'y avait peut-être même pas de ferme…

Nous le découvrirons tout de suite après être sorti du bâtiment des rangers : il est juste derrière. Et quelle claque, vraiment! On avait déjà vu des canyons qui se revendiquaient très grands, parfois même les plus profonds au monde, mais cette version Étatsunienne est sans commune mesure avec tout ce que nous avions vu auparavant : des centaines de kilomètres de long, des dizaines en largeur et des centaines et des centaines de mètres de profondeur : inimaginable sans le voir de ses propres yeux! Nous restons sans voix devant cet immense plaie ouverte sur la terre, ce trou béant qui semble se prolonger à l’infini.

Même Nestor en est soufflé…

Même Nestor en est soufflé… (bon ici ça ne se voit plus trop)

Il nous est même difficile de pouvoir donner à ce que nous voyons une échelle, tant tout est démesuré. Alors on admire, et parfois on recherche un point de repère, histoire de savoir ce que nous sommes face à ce que nous voyons. Puis d’un coup, on voit : rien, enfin tellement peu de choses : un canoë avec six passager vient de passer, en bas, sur la rivière Colorado, entre deux pans de falaise. Si petit vu d’ici, même avec les jumelles…

Et ici, on est déjà à trois fois la taille de la vue de l'oeil humain

Et ici, on est déjà à trois fois la taille de la vue de l'oeil humain

Et ici un zoom 4x de la photo précédente!

Et ici un zoom 4x de la photo précédente!

La route continue le long du gouffre, et nous nous y engageons, vers l’ouest d’abord, pour découvrir d’autres points de vue, d’autres histoires d’antan, car la découverte de ce site a emmené avec elle des destinées diverses, des peintres maudits aux mineurs chanceux, d’entrepreneurs visionnaires aux touristes de nos jours : par exemple, une mine de cuivre a été creusée, le sentier servait autrefois aux mules de transporter le minerai avant que des wagons ne soient mis en place, non loin de ce lieu…

Des touristes d'aujourd'hui

Des touristes d'aujourd'hui

Une séance photo / vidéo plus loin, nous faisons demi-tour, non pas parce que nous nous sommes perdus, mais parce qu’il n’y a qu’une seule route pour notre destination : cap à l’est! Une volée de kilomètres après avoir déjeuné, nous découvrons la tour d’observation (« the Watchtower » en VO, ça fait plus classe), une étrange structure du début du XXème siècle, prévue dès le début pour accueillir des visiteurs et leur offrir une vue imprenable : pari réussi! Nous voyons impeccablement l’extraordinaire canyon, s’étendant vers l’horizon… et ses nuages noirs d’orage! Nous avons eu de la chance de de le voir sous le soleil, car les nuages, eux, ne laissent pas filtrer le moindre rayon de soleil, bien au contraire!

Watchtower

La tour d'observation

A l'intérieur de la tour

A l'intérieur de la tour

Une vue du Grand Ganyon depuis la tour

Une vue du Grand Canyon depuis la tour

Une autre vue du Grand Ganyon depuis la tour

Une autre vue du Grand Canyon depuis la tour

Oh, le bel orage!

Oh, le bel orage qui arrive!

Cet orage nous poursuivra pendant une partie de la route vers Monument Valley, où nous devons passer la nuit dans un tipi un motel tout proche, mais les menaçants nuages nous rattraperons bien avant d’y arriver, dans une scène qui collerait bien dans un film de science-fiction post-apocalyptique : nuages noirs tout autour de nous, éclairs, pluie battante et bourrasques de vent dans un décor de désert absolu, éventré par un canyon profond, sans aucune végétation dans les environs! C’est dans ces conditions dantesques qu’on imaginait impossible dans ces décors toujours montrés sous un soleil écrasant, des conditions qu’on évoquait en riant avec Élodie en faisant référence au parc d’Ischigalasto, en se disant que c’était impossible ici. Si nous savions! Les montagnes sont perdues entre nuages et noirceur, mais déjà impressionnants!

La route 1

Comme dans le parc Argentin

Comme dans le parc Argentin

Nous découvrions, un court moment après s’être engagés sur la route pour « Mexican Hat » et non sans agacement que la route que nous prenions ne passait pas dans Monument Valley, mais à côté, à quelques kilomètres de ce dernier, contrairement à ce que sous-entend notre guide de voyage (et la carte routière, qui n’indique pas l’entrée de la réserve Navajo, qui constitue celle de Monument Valley)!

MV, le soir

Monument Valley, le soir

Tous énervés, et de toute façon sans espoir de pouvoir admirer le parc avec ce temps et à l’heure qu’il est, nous filons à « Mexican Hat » (qui tient son nom d’un formation géologique locale ressemblant, dit-on, au fameux sombrero) qui est le village de notre motel, ou plutôt devrait-on dire arrêt pour touristes : deux hôtels, deux restaurants et une station-service constituent l’ensemble des lieux. On se restaurera au restaurant de l’hôtel, qui n’est pas un modèle concernant les tarifs pratiqués, mais je n’en dis pas plus (cela dit, avalé la pilule tarifaire et le repas, l’ambiance y est tout de même sympathique avec son grill « basculant sur le feu »).

Cuisson à vif

Cuisson à vif

Le lendemain, à tête reposée, nous repartons vers la réserve Navajo (nous nous sommes renseignés la veille auprès de la jeune femme de l’accueil de l’hôtel, peu enthousiaste à l’idée de devoir… parler, mais elle nous a confirmé que c’était l’endroit où aller) et nous pénétrons l’enceinte du lieu protégé par les indiens Navajo, et après l’entrée, nous engageons sur le circuit de quelques kilomètres de long, sur une piste sablonneuse, entre les roches aux formes si parlantes… Mais je crois que les images décriront mieux que moi ce paysage énigmatique…

Monument Valley 1

Monument Valley 2

Monument Valley 3

Monument Valley 4

Le pouce et l'arbre mort

Monument Valley 5Nous étions surpris de ces formes improbables, découvertes mètre par mètre, un décor si surprenant et magique à la fois! Ici, les cow-boys (et encore plus les indiens) on encore une place à prendre, preuve en est, nous découvrions assez vite un « John Ford Point », point de vue où il serait apparu et aurait rendu son image et celle de la réserve inoubliable.

John Ford Point

Le Elodie Morisson Point

Nous passerons au final un peu plus de deux heures trente à rouler sur ces pistes poussiéreuses, à nous arrêter au onze points de vue indiqués pas les plans fournis (on se serait bien arrêtés plus mais on pourrait passer la journée dans ce lieu fantastique et si filmogénique – et accessoirement on ne peut pas faire de halte n’importe où!).

Monument Valley 6

Pour se remettre en forme

Elodie a choisi son galet pour les ricochets

Devant Monument valley

Monument Valley FinalEncore une fois (combien de fois l’aurais-je dit durant tous ces articles dans l’ouest Américain?) nous reprenons la route, en direction d’un endroit (un tout petit peu) moins connu, à l’ouest cette fois-ci. Une semaine déjà nous sépare de notre débarquement à Los Angeles, et nous avons vu tant de choses, et il en reste tant à voir! Finalement, je ne regrette pas d’avoir dû quitter Sedona, et son si merveilleux chalet. Quoi que…

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déjà 3 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Un canyon peut en cacher un autre”

  1. Jacky dit :

    Les grands espaces!… c’est bien devant l’immensité du Grand Canyon que je fus bluffé… Observant ce vide rouge et ocre presque sans fond, apparu le vol de corbeaux, immédiatement dans ma tête se mélangea au vent le son d’un tamtam indien et son chant lancinant… Une fois de plus le cinéma opérait sa magie… J’étais là pour ça !…A quelques miles je retrouvais un autre décor avec en bruit de fond trompettes et charge héroïque… Monument Valley! incroyable !
    toute ma jeunesse ! à moi de jouer !
    Pap

    • Fabien dit :

      Le septième art à, à juste titre, raison de s’inspirer de ces lieux chargés d’histoires, visuellement incroyables et si propices à l’imaginaire! Prétextes ou basés sur des faits réels, les histoires racontées par les films dans ces lieux sont chargées d’émotions, et nous ne les regarderons sans doute plus pareils maintenant!

  2. […] à Los Angeles, les aventures et découvertes dans les parcs nationaux (Joshua Tree, Grand Canyon, Monument Valley, Bryce Canyon, Zion, Yosemite, Bodie, Mono Lake, Death Valley), les petites […]

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