Tout droit

Il y a deux ans en traçant notre itinéraire en Argentine, nous avions collé quatre punaises principales sur notre mappe monde : Buenos Aires / Iguazu / Perito Moreno et Mendoza. Nous voulions, des envies de route pleins la tête, descendre immédiatement en bas de la Patagonie de Buenos Aires jusqu’à El Calafate (point d’accès au glacier Périto Moreno).

Mais comment rallier deux régions aussi éloignées l’une de l’autre (2 800 km) ?
– Avion ? Trop cher et trop rapide – comment sentir la grandeur de cette Argentine en seulement 2h30 de vol ?
– Train ? cela n’existe pas curieusement dans un pays pourtant essentiellement composé de plaines sauvages
– Bus ? Oui mais… cela représente quarante heures de bus non stop…

Je montre un point sur la carte avec le doigt
« Fabien, si nous faisions une pause, là, au milieu ? »
Et c’est ainsi que nous avons atterri à la Péninsule Valdès.

Puis se présentera une deuxième situation imprévue : notre auberge de la Péninsule nous lâche à quatre semaines du départ de notre tour du monde. Ils ont décidé de fermer boutique pour la saison. Malheureusement, des auberges ici, ça ne courre pas les rues ! Nous cherchons pendant des journées entières un nouveau logement – je suis presque prête à enchaîner quarante heure de route, ça fera des économies ! – pour finalement trouver un dortoir dans nos prix (notre premier dortoir ! avec une expérience assez… particulière) mais un dortoir sur le « continent » à Puerto Madryn, une ville en bord de mer.

Nous commençons à partir de cet imprévu à réellement préparer notre halte a la Péninsule Valdès, jusqu’ici un peu envisagée rapidement. Nous louerons une voiture ! Merci Bahia Ballenas (notre première auberge annulée).

Mercredi 21 Mars, 9h : un jeune argentin, Fede de son prénom, arrive à l’auberge (comme prévu après un échange de mail dans un espagnol parfait en février) pour nous livrer notre véhicule d’une journée. Ce sera donc une Chevrolet (oui, ici c’est pas Opel, c’est Chevrolet, mais c’est pas non plus Dacia, c’est… juste Renault) Corsa, cinq porte, sans clim et sans pot d’échappement – en tout cas nous ne l’avons pas trouvé. Fede note les quelques défauts de la voiture sur notre contrat. Il y beaucoup d’étoiles sur le pare brise, on pressent quelque chose…

9h30 : Fabien se lance, il sort de la ville, donc Puerto Madryn, légèrement tendu. De notre expérience de piétons à Buenos Aires, les argentins sont plutôt mauvais conducteur. Premier constat : ils sont tous daltoniens (feu rouge ou vert ? à quoi ça sert ?). Deuxième constat : priorité au plus fort et au plus rapide – la veille, une voiture déjà engagée depuis longtemps a cédé le passage à notre gros bus en plein milieu d’un rond point !

10h : on s’engage sur l’isthme reliant la péninsule au continent. A partir de là, nous disons au revoir à la circulation, aux autres véhicules et aux virages. Nous sommes seuls et nous ne voyons pas le bout de la route.
Il faut compter une heure trente pour arriver au seul village présent sur la péninsule (là où nous voulions dormir) appelé Puerto Piramides. Nous savons d’ors et déjà qu’une heure trente nous attendent quoi qu’il se passe pour le retour. Le plein d’essence a été fait, heureusement.

La Péninsule Valdès est une presqu’île assez grosse – vous pouvez l’apercevoir sur une mappemonde – protégée et classée patrimoine mondial de l’hmanité par l’UNESCO. L’entrée est de 70 pesos argentins (par personne, plus une sur-taxe de 8 pesos pour le véhicule personnel), valable pour deux jours. A la sortie du parc, pensez à re-valider votre billet auprès d’un garde pour revenir gratuitement le lendemain. Valdès est une perle en matière de faune et de flore. Sur cinq cent kilomètres, il n’y a pas âme qui vive si ce n’est une centaine d’espèces d’animaux et d’insectes. La végétation, adaptée à un climat sec et avec beaucoup de vent, est elle aussi un vrai spectacle.

Nous nous engageons sur notre premier chemin en direction d’une pointe. Notre pressentiment avec Fede, le loueur de voiture, rappelez vous, se confirme : pas de route ici !! Les chemins sont d’immenses voies remplies de graviers de toutes les tailles ! La voiture n’est pas stable du tout et nous soulevons beaucoup de poussière derrière nous. J’admire Fabien, pas très à l’aise au début sur ces graviers soyons honnête, mais qui a su rouler parfaitement et sans accroc sur la péninsule pendant presque cinq heures.

Notre vitesse de croisière sera de cinquante kilomètres par heure tout au plus et c’est tant mieux… car il ne faut pas déranger les habitants. Silence ! Ici vit une multitude d’espèces, sans compter les formes bizarres que prennent parfois les arbustes (Fabien voyait des animaux de partout).

En venant sur cette péninsule, nous avions peur que la présence d’animaux soit une légende.

Premier arrêt au bout de deux heures de gravier et de solitude forcée (à ajouter aux une heure trente de goudron au préalable) : il paraît qu’à cet endroit précis règnent quelques bêtes… Nous nous approchons tout doucement, en silence et effrayés à l’idée de faire fuir les animaux avec nos pas et notre grosses chaussures. J’ai le coeur qui bat très fort, je retiens ma respiration. Soudain, nous les apercevons derrière un buisson. Stop ! On s’arrête pour ne pas faire de bruit. Nous sommes à deux mètres d’eux.

« Allez-y, ils n’ont pas peur. Ne vous inquiétez pas » nous lance un guide arrivé derrière nous deux minutes après.

Nous nous lançons.

Je m’approche de la butte reliant à la plage et là… un merveilleux spectacle s’offre à moi ; je suis face à une immense colonie de pingouins (de manchot de Magellan pour être exact). Je reste bouche bée. Il y en a de partout, réunis en groupes de quatre ou cinq.

Certains s’amusent dans l’eau – enfin, c’est ce que j’en pense – d’autres s’étirent. Certains se dorent la pilule au soleil quand d’autres se grattent le nez, le torse ou les fesses. Quelques pingouins s’avancent vers nous en se dandinant. Je suis à seulement une vingtaine de centimètres de plusieurs manchots. Fabien mitraille avec son appareil photo – il a raison – alors que moi, je reste bloquée. Je les fixe la bouche grande ouverte.

Quand j’étais petite, j’avais comme beaucoup, un doudou. Un gros doudou tout doux. C’était une grosse peluche qui ne me quittait pas. Tous les amis de mes parents la connaissent et me taquinaient avec. Mon doudou était un beau pingouin et je l’avais appelé « pingouin ». L’imagination fertile des enfants ?

Certains détails de votre enfance vous marquent et je ne sais pas trop pourquoi j’ai toujours été fasciné par les pingouins par la suite. Dans mon esprit ils étaient petits, ils étaient mignons. On a envie de les câliner. Et aujourd’hui, je suis face à une cinquantaine de pingouins !! Je pourrais les caresser (NB : le zoom n’est pas utilisé sur ces photos) ! Ils sont comme dans mes rêves, petits, mignons et ont l’air tout doux.  On croirait une petite peluche ambulante. Je reste immobile à observer ces animaux (je filme aussi pour pouvoir ramener autant de souvenirs que possible).

Je resterais finalement trop longtemps face à ces petits bouts alors que des centaines de kilomètres nous attendent.

« Fabien, je viens de réaliser un de mes rêves de gosses ici. On peut rentrer chez nous ».
Je n’en reviens toujours pas…

Nous avons vu aussi beaucoup d’autres animaux sur la péninsule, ce n’était donc pas une légende.

Un Renard Gris

Un Guanaco (de la famille du lama)

Un Tatou

Un Éléphant de mer (a priori)

Une colonie de Lions de Mer

Nous avons aussi assister à un très beau coucher de soleil, seuls en amoureux sur la plage de Puerto Piramides, un petit port enclavé entre deux petites falaises et face à la mer et au désert.

Puerto Piramidès…

…sa plage…

La vie n’est vraiment pas la même ici… Le climat est rude mais tout est étrangement calme et serein. Je suis presque jalouse.

…ses baleines…les baleines sont l'attraction de cette région. Parait-il qu'on les verrait de la côte et qu'on les entendrait la nuit. Nous sommes hors saison, donc pas de baleine pour nous!

(Monsieur souhaiterait que j’insiste un peu plus sur les chemins de la péninsule et sa conduite exemplaire, voire parfaite. Il n’a pas tort, la route était vraiment pourrie et il a bien roulé)

Be Sociable, Share!

déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Tout droit”

  1. tati dit :

    Bonjour les pingouins
    C’est avec un peu de retard que j’ai lu votre périple sur la piste en direction de Puerto Piramides…. bravo au chauffeur….cà me réconforte en vue de la traversée de la vallée de la mort ou autre piste rouge de l’ouest ….vos photos sont belles , on aimerais bien être avec vous….continuez tranquillos avec la démarche de « pingouins cool !!!!
    Jacky dit Pap

  2. Fred dit :

    Bonjour à tous les deux,
    C’est un régal que de vous lire et de voir les photos qui nous font voyager. J’ai redécouvert l’Argentine et l’asado que j’avais déjà cotoyés il y a quelques années. Bonne continuations et belles découvertes. Frédérique Pion

Répondre à Fred

See also: