Sans Domicile Fixe

« Cinq, quatre, trois… attends encore un peu ! Ne coupe pas, j’ai une dernière chose à écrire dans cet appartement avant de couper la connexion internet… »

Vous me croirez si vous voulez, mais la dernière chose restant dans le lieu de résidence que nous avons élu il y a bientôt quatre ans est un modem pour rester connecté avec le monde… encore un peu… Fini le frigo et le four, fini aussi la télévision ou la radio. Plus de table ni de chaise, encore moins de tabouret. Rien, si ce n’est nos sacs de voyage, deux produits d’entretiens et éponges encore humides d’avoir frotté les murs… et un modem, donc, qui partira dans quelques minutes par la poste. C’est étrange les liens que l’on noue avec quatre murs. Nous fermerons la porte une dernière fois, nous descendrons l’escalier une dernière fois, nous nous engouffrerons dans cette rue empruntée matin et soir, toujours une dernière fois. Et là, nous ne pourrons nous empêcher d’avoir les yeux humides et rouges et nous retourner une dernière fois. Et cela recommencera lorsque le train quittera Paris le soir même ! Cet appartement, on l’a rêvé, on s’est battu pour l’avoir, et aujourd’hui on va rendre nos clés à un inconnu. Pour le meilleur (le pire est passé, du moins je l’espère) ! C’est étrange, un appartement vide. De l’écho, des traces à peine visible de ce qu’il y avait avant. Nous quittons Paris, après un peu moins de six ans dans cette magnifique ville, et nous ne vous cacherons pas que cette sensation est…particulière.

Nous laissons tellement de souvenirs (bons et moins bons), de personnes, de travail derrière nous !

« Oh ! Attend encore deux minutes avant de débrancher le modem, il ne me reste que quelques mots à écrire ! » Allongé par terre, je pense à tous ceux qui nous ont aidé, nous ont soutenu et qui nous soutiennent. Merci à vous. Nous ne pensions pas pouvoir nous attacher autant à un quotidien sur lequel nous râlions pourtant souvent. Une vie à Paris stressante, une ville polluée et peuplée d’étranges personnages parfois, un travail usant, des engueulades. Pourtant, c’était notre vie. Nous y avons pris nos petites habitudes, nos fous rires, nos plus beaux souvenirs. Alors quand il faut dire au revoir tout d’abord à ses collègues, on se remémore les doux moments entre « camarade », les douces galères aussi – nous passons plus de huit heures par jour avec ses collègues, alors ça compte forcément un peu ! – et puis on commence à se dire au revoir avec l’impression d’un léger goût d’adieu, les larmes a l’œil. On se chuchote quelques mots à l’oreille et on se tient à des distances plus proche qu’à l’ordinaire.

Ces dernières semaines ont été éprouvantes, physiquement, entre les ultimes démarches, le manque de sommeil et le déménagement, mais aussi moralement. Les mots d’amitié, les rigolades et les poignées de mains (la bise pour ces demoiselles et mesdames) resterons dans nos têtes pendant le périple qui nous attend, et nous espérons vous revoir au retour !

Mais le plus émouvant n’est pas là. Quand vous prenez conscience que vous venez tout bonnement de tout plaquer votre vie construite en six ans, vous levez les yeux vers votre compagnon, et là, vous riez à deux. Vous explosez de bon cœur ! Cela fait deux ans que l’on se projette dans ce voyage, sans pourtant pouvoir nous y voir réellement. Nous nous imaginions aussi tous les scénarios possibles pour cette séquence-départ de Paris et quand enfin, nous y sommes, les mots nous manquent. Nous y voilà ! Il n’y a aucune situation comique là dedans, mais nous, cela nous fait rire. Nous sommes émus. Un mélange troublant d’émotion qui provoque en nous un irrésistible grand sourire rempli de désarroi, nous venons de perdre tous nos repères. Cet instant est magique, celui où triste de partir nous sourions cependant de vivre l’aventure qui débute.

Au passage, avant le départ, nous volons un maximum de souvenirs. Ces derniers jours certes fatigants furent fantastiques. Que vous soyez des collègues, des amis ou de la famille, merci encore à tous.

Merci à toi en partic [CONNECTION LOST MODEM ERROR 0x00000081]

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déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Sans Domicile Fixe”

  1. tati 46 dit :

    Pour l’instant nous savons encore où vous êtes, mais c’est sure ! c’est différent! … on ne vous sent plus au près de votre ordi sur le bureau avec cette odeur d’épices qui comme par hasard imprègne notre sous sol… finalement on vous a emmené avec nous comme par miracle sans le savoir…c’est chouette de descendre au sous sol !
    Bisous a vous, sans oublier les parents de Fabien qui auront les yeux humides avant nous

    Pap Mam

Répondre à Olivia

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