Partir en voyage

Fermer les fenêtres, tirer à moitié les rideaux pour laisser filtrer un léger rayon de lumière, arroser généreusement les plantes suppliantes, débrancher tout appareil électronique suspect, entre-ouvrir le frigo presque vide puis claquer violemment la porte pour que le joint décidément trop vieux joue enfin son rôle (on ne lui demande que ça) et vérifier une ultime fois que les fenêtres sont bien fermées…

13h30 : le temps est suspendu.

Des centaines d’ombres vacillantes se faufilent entre nous et caressent le bout de nos doigts pour nous faire hérisser les poils. Dans ce tourbillon grisâtre, nous distinguons à peines les formes et les couleurs. Tout se mélange, s’arrange et se désaccorde. L’horloge du hall, pourtant à taille humaine, semble grossir un peu plus à chaque seconde pour casser les angles droits qui rythmaient jusqu’ici nos vies. Le temps n’est pas tout à fait suspendu, non, il est en réalité tellement omniprésent en cet instant que nous le mettons temporairement dans une espèce de boite incassable pour ne pas le rayer. Les valises s’entrechoquent sur les quais, les sacs à dos tombent sur les voies, la foule s’emmêle, les familles se démêle et se re-mêle. Les mains tendues désespèrent. « Maman ! Attends moi ! » L’horloge du hall de la gare de plus en plus énorme est prête à avaler tout le monde. Les ombres se font plus oppressantes. On court sur les quais, on crie, on pleure. « Fais bien attention à toi chez papi et mamie mon chéri ».

Puis, sans prévenir, le temps se brise et s’arrête complètement. Le calme revient et la foule disparaît. On sourit. Les portes se ferment et dans un puissant grondement, la mécanique se réveille. ça y’est, le train démarre. Tout le monde souffle à l’unisson et le temps peut repartir.

J’adore ces petits instants dans une gare où le monde semble courir après le temps, comme si l’on pouvait jouer à Marty McFly et retourner en arrière pour résoudre les derniers tracas. Cette masse humaine réunie ici dans un lieu fermé aux allures élégantes, tel la gare de Lyon, à courir à droite puis à gauche dans une danse incessante, en ignorant tout bonnement les autres et bouillonner jusqu’à ce que le train se réveille. J’aime me retrouver dans les gares, les aéroports, les lieux de départ et avoir la sensation de prendre mon envol. Je raffole de ces jours où je mets mon sac sur le dos pour m’orienter dans ces lieux surpeuplés de vies et d’histoires pour enfin prendre le large et voyager. Oui, ici dans la gare, définitivement, le temps est suspendu. Et nous éprouvons Fabien et moi un malin plaisir à l’idée de fouler dans les mois à venir toutes ces gares, tous ces abri-bus, ces douanes, ces aéroports.

Gare de Perrache

Mais plus tard la rêverie du tour du monde… Si aujourd’hui nous prenons le train, c’est pour partir quatre semaines pour nos traditionnelles vacances d’été, principale préoccupation de chaque français à l’approche des beaux jours. Cette année, nous n’en perdrons pas une miette. Et assis dans notre train, nous observons délicieusement le paysage qui défile en pensant à ces  vingt huit jours de repos futur et à ceux qui vont nous accueillir dès notre arrivée. Nous souhaitons profiter cet été un maximum de nos familles, ces personnes qui nous sont si chères et que l’on voit souvent dans un instant trop bref. Voici donc nos dernières (vraiment les dernières) vacances en France avant notre grand départ. Et en réaction à l’incompréhension générale de nos collègues qui ne voient encore en ces vacances d’été qu’une justification par un grand périple essoufflé, non, nous, cette année, nous iront simplement dans nos régions respectives, là où nous sommes nés. Au programme : farniente et profiter de tous.

 

 

 

 

 

 

 

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  1. Tati dit :

    On reconnait bien nôtre fille par son écriture, sa vision imagée, sa sensibilité….nous espérons que bien des gens inconnus te liront durant toute cette aventure passionnante et passionnée

    Bisous Pap et Mam

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