PARIS

Nous habitons Paris depuis près de cinq ans (oui… nous ne sommes pas de vrais Parisiens, on avoue) et il nous paraît inconcevable de partir faire un tour du monde des architectures sans parler de notre vieille capitale chérie.

Petit retour dans l’histoire…

De 1852 à 1870, sous le Second Empire, de nombreuses transformations ont lieu à Paris. Napoléon III et le préfet Haussmann tentent de moderniser l’ensemble de la capitale.

Haussmann ? Cela vous parle, c’est sûr. Mais qu’en est-il ?

Tout d’abord, l’État commence par exproprier les propriétaires des terrains concernés par les plans de rénovation. Puis il détruit les immeubles et construit de nouveaux axes. Il crée aussi les équipements qui vont avec : eau, gaz, égouts. Les très connus « Grands Boulevards » prennent forme.

Pour réussir ce défi de modernisation, Haussmann fera des emprunts massifs pour trouver l’argent nécessaire aux reconstructions (50 à 80 millions de franc par an) ; la Caisse des travaux de Paris est privilégiée. Ainsi, l’État récupèrera l’argent emprunté en revendant sous forme de lots séparés les nouveaux terrains à des promoteurs qui doivent construire de nouveaux immeubles en se conformant à un cahier des charges très précis. Ce cahier donne ce que nous connaissons aujourd’hui de « l’architecture haussmannienne ».

Voici quelques règles :

(Les pouvoirs publics interviennent à la fois sur le gabarit, l’aspect esthétique et les raccordements)

– obligation pour les propriétaires de nettoyer leurs façades et de les rafraîchir tous les 10 ans

– règlementations du nivellement des voies de Paris, de l’alignement des immeubles, du raccordement à l’égout

– les toits doivent toujours s’inscrire sous une diagonale à 45 degré. A côté de cela, les façades peuvent monter jusqu’à 20m de hauteur alors que jusque ici la hauteur maximale était de 17,55m

– les maisons mitoyennes doivent avoir les mêmes hauteurs d’étage et les mêmes lignes principales de façade

– l’utilisation de la pierre de taille est obligatoire sur les nouveaux boulevards

Cependant, dans notre article, nous ne nous attarderons pas plus sur l’architecture pure haussmannienne qui a déjà suscité de nombreux débats et de thèses – bien d’autres le feront mieux que nous.

Petite conclusion malgré tout dans ce début d’article de style un peu encyclopédique : ces transformations haussmanniennes auront le mérite d’améliorer la qualité de vie dans la capitale. De grandes épidémies, notamment celles de choléra, disparaissent, la circulation est améliorée, les nouveaux immeubles sont mieux construits et plus fonctionnels que les anciens.

Mais revenons sur notre séjour parisien de cinq ans. A l’heure du départ pour notre voyage, nous faisons un petit bilan.

Nous avons eu la chance (car c’est une réelle chance lorsque l’on s’aperçoit des heures consacrées à la recherche d’un logement convenable sur Paris avec seulement deux maigres fiches de paye), nous avons donc eu la chance de vivre pendant un peu plus de quatre ans dans un vrai immeuble haussmannien. Magnifique façade, balcons sur l’immeuble (mais pas notre appartement) donnant sur rue, grande porte d’entrée principale en bois vernis, sas d’entrée en marbre, beaux escaliers en bois en colimaçon,… bref, tout simplement sublime. Ça, c’est pour l’aspect esthétique, ça en jette quoi ! On est loin des façades toutes plates et défraichies par le temps.

Mais entrons dans l’appartement… Le style haussmannien est le même pour tous : un grand couloir qui dessert chaque pièce à vivre (« en étoile »). Un avantage indéniable à cela : pas de mauvaises surprises de la part de l’architecte (au cas où ce dernier aura voulu faire passer les locataires par les toilettes pour aller je ne sais où). Chacun est autonome, la cuisine est à part, les WC aussi et à aucun moment vous ne passerez par une pièce à vivre pour gagner une autre partie de l’appartement.

Mais ! Mais, il y a pourtant un hic de nos jours -aïe, Dommage car c’était pourtant bien parti- vous n’êtes sans doute pas sans savoir que l’offre de logement s’est considérablement réduite pour les parisiens ces dernières années. Alors que faire ? Réduire la taille de chaque appartement, voyons ! C’est ainsi que de nombreux propriétaires n’ont plus de scrupules à propose un 9m2 en location pour 700€ par mois, ou un 27m2 à 900€ ! Les habitants n’ont pas d’autres solutions que de vivre toujours plus nombreux dans toujours plus petit. Mais visualisez donc un plan haussmannien… Un petit couloir reliant de petite pièce… Une fois dedans, vous locataires, vous êtes frustrés de fermer toutes ces portes alors qu’en cassant une cloison, vous auriez un espace double.

Nous abordons donc ici notre grand problème rencontré sur Paris. Les foyers sont définitivement petits (à moins d’être vraiment très, mais alors, très riche), les familles vivent les unes sur les autres. Dans notre premier appartement, nos voisins du dessus n’avaient qu’un deux pièces – sûrement déjà largement au dessus de leurs moyens… – avec deux enfants de bas âge et un chien ! Résultat : la deuxième pièce était pour les deux enfants et le salon pour les parents. Mais où mettre le chien ? Sortons dans le square d’à côté quand tout le monde explose ! Les enfants sur Paris apprennent la vie dans les petits espaces pour enfants dans les parcs parisien, parmi une centaine d’autres enfants. C’est la queue au toboggan et si tu rates ton tour, il faudra avoir un sérieux coup de griffe pour regagner ta place.

Nous concevons donc sans mal que, parfois, cette sensation d’étouffement lié au manque de place soit difficile à vivre. En ce qui nous concerne, la vie de couple dans un 37 m2 bien organisé sur le modèle haussmannien, nous a parfaitement convenu et en plus, il est beau. (d’accord…le beau parquet qui grince… parfois, c’est agaçant).

Mais lorsque nous abordons tous les deux le sujet « familial », le même discours revient toujours : impossible de faire subir à nos enfants une vie dans un minuscule appartement où ils ne pourront pas se défouler ou simplement avoir le droit à un peu d’intimité.

Ce que nous ne disons pas aussi, c’est qu’en plus de vivre proche de sa propre famille, nous vivons en parfaite harmonie avec nos voisins… parfois ! Vive les cloisons fines et plafond mince où l’on entend Madame du dessus ronfler, Monsieur du dessous chanter, jeune couple sur le côté démontrer leur passion amoureuse. Qui des deux couples sera le plus démonstratif ? Petit jeu très rigolo.

Enfin, un dernier détail, toujours en rapport avec l’isolation, un détail quelque peu révoltant : les fenêtres. En vous baladant dans la rue, observez donc les vitres et comptez le nombre ayant un double vitrage… Nous faisons partie de ceux se chauffant encore au vieux convecteur électrique (situé juste en dessous de fenêtres, étrange ?) avec du vieux simple vitrage. L’hiver est rude par chez nous. Les factures d’électricité aussi.

Alors voilà un petit bilan de notre foyer parisien.

De magnifique logement, d’une époque révolue (l’haussmannien n’a malheureusement pas évolué avec le temps), autrefois fonctionnel mais aujourd’hui peu adapté. Les immeubles haussmanniens sont en règle générale bien situés dans la capitale, mais ils sont devenu à la longue trop petits et mal isolés, la faute à la demande trop importante d’un côté et l’offre trop mal gérée de l’autre.

A côté de tout ça, nous avons réellement apprécié notre séjour sur Paris et si c’était à refaire, nous reprendrions sans hésiter un appartement haussmannien. Paris offre bien plus que des logements, qui, petits défauts à part sont vraiment magnifiques… Il y aussi une ambiance, la vie pas loin de l’effervescence des Grands Boulevards. Mais ce n’était pas les propos de notre article. Nous voulions évoquer la vie d’une famille sur Paris au sein un foyer schématisé par un architecte particulier car ce n’est décidément pas la même que dans une habitation dans une autre ville.

Nous aurons presque la larme à l’œil en quittant notre appartement… Que disons nous ? Presque ?…

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