Matin calme

Pour la première fois depuis le début de notre périple au bout du monde, nous arrivions dans un pays sans trop savoir à quoi nous attendre : pas de guide de voyage – allez trouver, vous, un guide de voyage sur la Corée du Sud à Beijing, des informations rares sur les blogs de voyageurs (si l’Asie est très fréquentée, étrangement notre destination l’était assez peu), et de nombreuses contradictions dans les descriptions du pays et le coût de la vie : par exemple, dans la fiche pays du Routard en ligne, on nous dit que le niveau de vie est équivalent à celui de l’Europe occidentale, mais ailleurs dans les forums on nous affine qu’il est facile de manger pour quelques euros seulement… Bref, nous étions dans le flou le plus total. Tout ce que nous savions, c’était que l’entrée dans le pays ne nécessitait aucune démarche.
L’arrivée et l’entrée ne posa, de fait, aucun souci. Il était tout de même tard et nous prenions assez vite un taxi, au compteur trafiqué, dont les chiffres tournaient en accéléré. J’expliquai assez vite au chauffeur que je connaissais les prix pratiqués – je m’étais renseigné auprès de l’auberge que nous avions réservé par internet un peu plus tôt, prix que nous avions largement dépassés. On se mit d’accord sur un tarif. Elodie était pâle, voyant le peu d’économies faites déjà englouties dans une seule course de taxi. Ça sera notre dernière mauvaise surprise en Corée du Sud. Bienvenue au « Pays du Matin Calme ».

La mairie de Seoul

La mairie de Seoul

Le lendemain matin, nous nous levons pensifs… Qu’allions nous faire en Corée du Sud? Aucune idée… Allons petit-déjeuner, ça au moins c’est une certitude, nous le pouvons. Autour de notre café du matin, nous rencontrons Sorina, une jeune française en vacances pour un mois dans le pays, qui nous aiguille dans les sites essentiels qu’elle a eu l’occasion de visiter, et nous prête ses guides et cartes pour la journée, ayant des amies vivant dans la ville qu’elle devait retrouver plus tard. Équipés de plans détaillés, notre première initiative sera de filer… au consulat du Vietnam de Séoul! Pas question de renouveler l’expérience chinoise, nous voulons nos visas en avance (initialement, nous voulions les faire plus tard, à Tokyo). Il faut compter une petite semaine pour les obtenir, et rester quelques jours à Séoul n’a pas l’air d’être une mauvaise idée, en tout cas en voyant ce que racontent les livrets fournis par la jeune femme. Après l’épreuve administrative – pas bien dure au demeurant, mais j’en transpirai quand même assez, nous découvrions la ville depuis ses hauteurs, et quelle ville! A certains endroits d’un plat absolu, avec ses grands parcs boisés et ses grands et nombreux palais et temples, elle possède aussi certains immeubles qui ne dépareilleraient pas dans des villes à l’urbanisation assumée comme New York ou Hong Kong!

Séoul vu des hauteurs

Séoul vu des hauteurs

Des immeubles qui ne dépareilleraient pas avec Hong Kong!

Des immeubles qui ne dépareilleraient pas avec Hong Kong!

Nous allons le lendemain dans le coeur de la ville pour y découvrir le plus grand marché du pays, et il faut bien dire qu’il est conséquent (mais pas immense quand même) et qu’on y trouve de tout, depuis la plus simple pièce de tissu jusqu’à l’objectif d’appareil photo dernier cri (neuf ou d’occasion d’ailleurs, mais toujours hors de ma portée financièrement parlant).

Le marché

Le marché

Entre deux stands de vêtements, on trouve de quoi manger, crêpes coréennes, barbecues, « bibimbap » (qui est un repas… inhabituel à base de riz et d’autres trucs non identifiés dedans, servi dans un pot de fonte brûlant les mains – brûlant le fond du repas aussi) l’ensemble toujours servi avec du kimchi – du chou fermenté à la sauce piquante, une soupe, et de l’eau en carafe, au minimum. C’est une des choses que nous avons apprécié dans le pays, car quelque soit le repas choisi, il y a toujours mille et uns accompagnements variés offerts, rarement connus sous nos latitudes, souvent avec beaucoup de goût ; la principale difficulté étant de savoir comment les manger! En effet, le riz se mange à la cuillère, mais pas la même que celle pour la soupe, qui peut aussi se boire directement au bol mais pas la soupe avec des ingrédients particuliers, qui doit être mangée avec des baguettes, baguettes très spécifiques d’ailleurs, car elles sont plates et en métal. Nous avions déjà eu l’occasion de tester la cuisine locale à Paris, mais je m’étais senti ridicule quand le cuistot, me voyant peiner devant un barbecue, était venu me montrer comme préparer le plat. Ici, je découvrais assez vite que soit je n’étais pas le seul, même en Corée, soit les serveurs sont payés pour t’aider à obtenir une cuisson parfaite (j’espère que c’est cette solution!). Ce pays est une véritable découverte gustativement parlant, les plats sont très variés tant par l’aspect que par le mode de cuisson ou par leurs saveurs, tout simplement!

Barbecue Coréen

Barbecue Coréen

Un peu plus tard, nous nous approchons du palais Deoksugung, une des demeures des princes et des rois à partir du quinzième siècle. Le temple, comme la majorité des bâtiments historiques du pays, a été reconstruit il y a relativement peu de temps. Nous restons un moment à l’entrée, près de l’extravagante mairie à la forme de vague géante venant engloutir le bâtiment d’origine, à attendre la relève de la garde : soudain, des hommes en tenues bariolées apparaissent : des soldats en tenue de parade ; après une courte cérémonie, les hommes en armes auparavant présents s’éclipsent, laissant la nouvelle garde s’installer.

Nestor n'ose pas s'approcher

Nestor n'ose pas s'approcher

Les gardes… ils ont du style quand même!

Les gardes… ils ont du style quand même!

Nous pénétrons ensuite dans le jardin du palais pour aller voir les bâtiments. Nous sommes surpris dans un premier temps par la similitude des architectures des temples entre la Chine et la Corée avant de découvrir que l’influence de la première sur la seconde a été grande durent l’histoire du pays, et que la majorité des temples et palais du pays auront cette forme si particulière, mélangée à celle du Japon, autre pays ayant eu une longue période de domination des terres coréennes. Le palais n’est pas très grand mais comporte plusieurs salles à visiter, et certaines sont, à l’occasion d’un festival d’art moderne, repensées pour créer une nouvelle configuration : nous voici donc vite installés dans des sortes de fauteuils chromés, sortant du sol comme des protubérances, à regarder un plafond antique en écoutant des sons relaxants (je m’endormirai bientôt).

Elodie devant une pièce du palais

Elodie devant une pièce du palais

Une pièce entre passé et futur

Une pièce entre passé et futur

Le passé rattrapé par le futur, la très haute technologie mêlée aux traditions d’antan, c’est une part du message de l’exposition d’art moderne, mais que l’on pourrait appliquer à tout le pays! Notre surprise et émerveillement devant ce peuple n’a pas faibli durant notre séjour, combien de fois avons nous croisé des jeunes filles en kimonos traditionnels, l’oeil rivé sur l’écran tactile du tout dernier téléphone portable sorti, combien de jeunes hommes absorbés par la lecture de leur journal, arrivé par wifi directement dans leur tablette?

Une ville entre passé et futur

Une ville entre passé et futur

Jeune fille en Kimono traditionnel

Jeune fille en Kimono traditionnel

Car la Corée offre, entre deux temples, le tout dernier cri des technologies modernes, certaines étant loin d’être disponibles partout en France (je pense aux TV interactives, à la 4G des téléphones, au wifi haut débit gratuit dans les rues – en Australie, pour avoir du bas débit, il fallait déjà payer)! Et en plus, ils semblent courir après cette avancée technologique… C’est peut-être pour cela que certaines marques Sud-Coréennes fonctionnent si bien, comme LG, Kia, Hyundai, et évidemment Samsung!

Une ville entre traditions et modernisme (ici la fête des récoltes)

Une ville entre traditions et modernisme (ici la fête des récoltes)

Cette course à la technologie ne s’aperçoit d’ailleurs pas qu’au travers de leurs écrans, mais bel et bien dans de multiples aspects de leurs vies : nous nous décidions un dimanche après-midi d’aller faire une courte ballade dans les montagnes environnantes (80% du pays en est recouvert), et on ne peut pas dire que les altitudes proches de Séoul soient hautes… Pourtant… Pourtant… Les Séoulites sont équipés comme s’ils partaient pour l’ascension de l’Everest! Chaussures montantes, vestes thermiques, tee shirt et pantalons techniques, bâtons de randonnée, bonnet, sac de randonnée bien ordonné (l’ensemble dans des marques de renom évidemment) et c’est parti pour … Deux heures trente de marche… Aller-retour… Allez comprendre…

Des habitants bien équipés

Des habitants bien équipés

La ballade, pour nous pauvres Français, à l’air si mal équipé, a quand même été très agréable, et nous a permis de voir la ville depuis des hauteurs inédites, mais nous n’aurons pas vu de neige comme on aurait pu s’y attendre en voyant l’équipement des locaux! Cela aurait été d’ailleurs d’autant plus surprenant car on accède aux randonnées de montagne… Grâce au métro! La ville est au pied des montagnes et il est très simple d’y accéder par le réseau ferré sous-terrain, comme tous les autres points de la capitale : en plus d’être incroyablement propre, le métro est très vaste et peu cher, sans compter son organisation impeccable : impossible de s’y perdre (quoi que, quand on voit la taille…), et si jamais un doute pointait, du wifi partout (oui, encore des écrans indicateurs et des écrans tactiles sont disponibles un peu partout sous terre pour se repérer, découvrir les actualités, les offres et bien plus encore! on est bien loin de l’austère métro parisien (ou de son homologue New Yorkais pour ceux qui le connaissant)…

Temple et montagne

Temple et montagne (j'ai pas de photo du métro de Séoul)

Ballade en montagne

Une vue sur Séoul depuis ses montagnes

Une vue sur Séoul depuis ses montagnes

Sous terre se trouvait d’ailleurs, jusqu’aux premières années du nouveau millénaire, la rivière Cheonggyecheon, la « rivière retrouvée » comme elle est parfois désignée. En effet, cette dernière fut canalisée puis enterrée sous une autoroute dans les années 50 ou 60, et oubliée peu à peu par les habitants… avant d’être réhabilitée!

"La rivière retrouvée"

"La rivière retrouvée" (en arrière plan, au premier plan ce n'est pas une rivière, et en plus on ne l'a presque jamais perdue)

Circulant dans le coeur de la ville, entre les buildings d’affaires, la rivière est devenue un point d’attractivité majeure de la vie citadine Séoulite, attirant les boutiques, bars et fêtards de tous poils pendant la nuit, remplacée la journée par les familles venues en quête de calme et de verdure dans ce paradis urbain.

La rivière retrouvéeLe point de départ de la rivière, une cascade, est d’ailleurs un endroit rêvé pour faire venir les foules, et c’est ici que nous verrons un spectacle à l’occasion d’un début de festival, spectacle où des jeunes et des moins jeunes se succédaient pour nous offrir une composition des arts Coréens dans leurs atours les plus séduisants, alternant l’ancien, le moderne, ou les deux! On aura particulièrement apprécié le show de danse des jeunes hommes « hip-hop » associé à la troupe de demoiselles mêlant danses, costumes et tambours traditionnels, ainsi qu’une très impressionnante démonstration de Tae Kwon Do, l’art martial local.

Danses avec éventais

Danses avec éventails

Des chapeaux inhabituels

Des chapeaux inhabituels

Rappelez-moi de ne jamais me frotter à ces gens!

Rappelez-moi de ne jamais me frotter à ces gens!

Tae Kwon Do Un saut

Tae Kwon Do 1

Un spectacle de Hip-Hop…

Un spectacle de Hip-Hop…

…et des danses traditionnelles en même temps

…et des danses traditionnelles en même temps!

A chaque matin, chaque jour, nous avons eu le droit à une dose de nouveautés, de surprises et d’inattendu, et malgré toute l’intensité de nos visites, nous aussi étions pris par la philosophie du pays, pour être calmes… dans le pays du matin calme. Mais, soyez sûrs que nous n’avons pas encore tout dit, une suite de nos découvertes Coréo-urbaines arrivera très bientôt!

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déjà 4 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Matin calme”

  1. Chnonis dit :

    On attend la suite…
    Et voyez-vous… les choses imprévues ont leurs charmes, elles aussi…

  2. Gérard LAMBERT dit :

    Bonjour,
    La mairie de Moidieu-Détourbe suit avec beaucoup d’intérèt votre périple.Ayant travaillé à SEOUL en
    2003(pour la SNCF suite à la vente du TGV à la Corée)votre récit évoque quelques agréables souvenirs pour moi. Je garde un excellent souvenir de ce pays, ou les gens sont très acceuillants.
    Bonne continuation.
    Le Maire:Gérard LAMBERT.

    • Fabien dit :

      Merci monsieur le maire de votre message! L’accueil des Coréen a été le bienvenue après nos mésaventures chinoises, et nous ne sommes pas surpris que le « pays du matin calme » vous ait laissé, comme à nous, d’extraordinaires souvenirs! C’est un pays qui gagnerait à être plus visité!

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