Longue journée et grandes émotions

Pour notre dernier jour sur Rapa Nui, nous avons loué un véhicule afin de refaire les sites les plus marquants. L’expédition avec Lionel d’une journée entière s’étant terminée sous la pluie, nous souhaitons retourner au moins deux heures dans la carrière des moais.

Mais le sujet de cet article n’est pas là car notre dernière journée fut remplies d’aventures.

09h30 du matin : nous nous rendons à l’agence de location Océanic pour prendre possession d’une Jimny 4×4, une sorte de 4×4 qui en a l’allure mais qui n’en est pas un. Il ne nous coûtera que 35 000 pesos chilien (50€). Il faut savoir par contre que sur l’île de Pâques, les agences de location ne fournissent pas de franchise, il n’y a aucune assurance, c’est à toi de la fournir ou de rouler à tes risques et périls. Nous choisissons l’option « paiement par MasterCard » nous permettant d’assurer automatiquement le véhicule (pas sur la piste, attention, soit les 3/4 de l’île), option que la commerciale nous refusera fermement (aller savoir pourquoi ?? elle avait l’appareil à carte sur son bureau presque tout neuf).

« Cash por favor ! »

Certes, nous reviendrons donc payer ce soir car nous n’avons pas la monnaie sur nous. Et c’est parfait ! On verra bien si il y a eu accident ou non après avoir roulé toute journée et donc MasterCard ou non (on insistera, l’appareil est là).

Nous quittons Hanga Roa pour rejoindre Orongo, le village cérémoniel, haut lieu archéologique, près du cratère où les habitants procédaient au culte de « l’homme-oiseau ». Il n’y a que vingt minutes de route mais essentiellement de la piste et bien sûr le village est en haut d’un volcan.

Hanga Roa

Hanga Roa au loin, le seul village de Rapa Nui, tout le monde se connaît !

Petroglyphes et ilots

Lac du cratère de Rano Kau

Lac du cratère de Rano Kau

Après une petite heure de visite, noue rejoignons la voiture pour la suite de notre aventure. Aventure qui commence précisément à cet instant !

Le Jimny 4×4 ne démarre pas. Fabien réessaye une fois, deux fois, trois fois, rien. Les voyants du cadrants ne s’allument pas ni même les feux. Nous n’avons plus de batterie c’est indéniable. Situation très fâcheuse car nous venons à peine de prendre le véhicule et n’avons roulé que un seul trajet de vingt minute. Il est clair qu’il n’a pas été révisé avant de partir.

Petite précision pour que vous arriviez à vous mettre à notre place : l’île de Pâque, ce n’est pas Paris, ce n’est pas Moidieu non plus (petit village d’Élodie), beaucoup trop de trafic dans ces deux villes. A Orongo, nous sommes six voitures, il est 11h30, et un seul garde du parc de Rapa Nui. Le village est à deux heures de marche et nous sommes entourés de vallées et collines, vierges de toute vie.

Une ile pelée

Le moyen de transport le plus utilisé même par les jeunes est... le cheval

Nous retournons à l’accueil d’Orongo pour expliquer notre situation au garde. Ça commence mal, il n’y a pas de téléphone. Il essaye de joindre des gardes situés plus bas par talkie-walkie.

« Une Jimny est bloquée à Orongo, je répète, une Jimny est bloqué à Orongo. Joindre Océanic » Fin de la communication grésillante du talkie.

Nous attendons, Fabien près de la voiture, Elodie dans le hall d’accueil d’Orongo. Trente minutes s’écoulent avant qu’un deuxième garde inconnu se présente à Élodie en disant « Où sont les clefs ? », c’est tout. Elle en conclut rapidement qu’il est là pour nous aider sinon pourquoi parlerait-il de clefs ? et l’emmène près du véhicule. L’homme s’assoit dans le Jimny puis, on ne sait pas trop comment ni pourquoi, entame la conversation avec le propriétaire d’une voiture voisine, un guide suisse comme Lionel en excursion. Par contre, pas de personnel de Océanic à l’horizon… Par chance, le suisse a justement investit depuis peu dans un câble permettant la liaison entre deux voitures par les allumes cigares pour recharger les batteries. Le suisse lit les instructions, il ne l’a jamais utilisé. Huum, c’est rassurant.

Nous attendons dix minutes, rien, le moteur ne démarre pas et les feux ne s’allument toujours pas. Les deux touristes en excursion avec le suisse reviennent du bord du cratère, ils sont invités par leur guide à lire les panneaux explicatifs du hall d’accueil en attendant pour cause de dépannage improvisé. Le ton est à la bonne humeur pour tous, sauf nous : bientôt une heure d’immobilisation à cause d’une agence pas très sérieuse.

Elodie sur les rebords de Rano Kau

Trente minute après de rechargement, nous poussons un cri de soulagement. Nous pouvons partir et ce n’est sûrement pas grâce à Océanic qui ne sont pas venus nous dépanner. Le garde nous conseille vivement de retourner à l’agence (qu’il qualifiera d’escroc), notre batterie est à peine rechargée. Il nous conseille aussi de changer de véhicule car nous étions à Orongo par chance, mais que se passera-t-il au fin fond de l’île ? En effet, à Rapa Nui, il y a deux sites majeurs (30 000 pesos chilien l’entrée des deux) avec chacun un centre d’accueil et des gardes. Partout sur le reste de l’île, il n’y a personne, parfois aucune pancarte, souvent rejoint par de la piste cabossée et surtout, il n’y a aucune couverture réseau. L’île n’est pas non plus visité par des milliers de touristes. Tomber en panne à Orongo, dès le début, était donc un signe !

Retour à Océanic, l’agence de location. Un monsieur teste notre voiture pendant quinze minutes puis nous abandonne sans dire mot. La commerciale de ce matin arrive. « Nous n’avons pas d’autres véhicules aujourd’hui. Je vous propose de repartir avec et si il y a le moindre problème, revenez au garage » Ah mais oui Madame mais on ne va pas être d’accord. Que fait-on si on tombe en panne à l’autre bout de l’île ? Argument non réfutable apparemment car elle réfléchit longuement en silence. « Suivez moi »

Nous traversons l’ensemble du garage, les bachotages pour ainsi dire, et la commerciale nous conduit face à un gros véhicule rouge. Il brille, il sent le citron à l’intérieur, il a deux boites de vitesse et la radio est montée à fond. Elle nous tend les clefs et regarde rapidement le niveau d’essence. « Vous revenez avec le niveau rempli au 3/4, c’est à peu près ça »

Ce véhicule est proposé en temps normal pour 10 000 pesos chilien de plus et sa conduite est bien plus confortable. Nous ravalons notre agacement et tant pis pour nos deux heures perdues.

En voiture! La voiture extérieur

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Le soir, la journée finit, nous allons à l’unique station service du village pour remplir « à peu près au 3/4″. Mais remplir avec quoi ?? Elodie cherche les papiers du véhicule et… rien. L’échange de voiture s’est fait tellement vite que nous n’avons eu aucun papiers. Heureusement, le pompiste est là pour nous aider – en Argentine et au Chili, ce n’est vous vous faites le plein. Il est 19h, on croyait l’aventure terminée lorsqu’à cinq cent mètres de l’agence, un contrôle routier se profile. Nous n’avons pas de papier ! Nous retenons notre souffle, c’est pas des rigolo les militaires au Chili rappelez-vous, la pomme… Mais notre bonne tête de touriste a du jouer en notre faveur car le militaire nous fait signe de circuler. Ouf, on sourit. Pas papiers mais aussi pas de constat du véhicule au départ ! En cas de moindre impact sur la voiture, nous pouvons être de mauvais fois !

Mais l’histoire ne s’arrête toujours pas là !

Il est 14h30, nous quittons un site en bord de côté avec deux ahu et des mois renversés. Fabien démarre et rejoint la route. Il rigole du format de la clef du véhicule : toute rikiki et toute simplette qu’il dit.

En voiture! La clé

Elodie fouille ses poches, prise de panique. « Où sont les clefs de la chambre chez Lionel ?? » Fabien sort de sa poche de son pantalon une clef… la clef de la voiture !! Paniqué il stationne sur un côté et retire la clef toute rikiki et simplette pour enfin mettre la vraie clef de la voiture, qui elle a une allure beaucoup plus imposante. L’explication de notre erreur est simple : Lionel a attaché la clef de notre chambre a un gros porte clef avec le logo de notre loueur Océanic. Fabien a juste regardé le porte clef et non la clef pour démarrer la voiture. Et ça marche !! Il sait démarrer un 4×4 avec une simple clef de chambre ! Nous explosons de rire. Notre voisin de table à l’auberge a fait la même bêtise deux jours plus tôt dans un Jimny 4×4 de Océanic, sauf qu’il n’avait pas pu retirer sa clef et nous nous sommes tous bien moqué de lui… Comment faire une boulette pareil, lui avait-on reproché ?

L’histoire pourrait s’arrêter là car les mésaventures sont finies.

Il est 17h30, nous sommes sur l’unique plage paradisiaque de Rapa Nui. Nous nous baignons dans l’océan Pacifique dans une eau turquoise, sur une plage de sable blanc. Face à nous, des palmiers et des moais. Ce seront les derniers que nous verront et le départ de cette plage, Anakena, n’en que plus difficile.

Anakena les palmiers

Anakena la plage les moais

Elodie à Anakena

Tant d’année que nous rêvons de nous retrouver face à ces géants de pierre et il faut pourtant déjà leur dire aurevoir. 18h : il faut vraiment partir pour rendre le véhicule, faire le plein d’essence, payer en cash l’agence, blabla, vous connaissez l’histoire.

Le retour à Hanga Roa est silencieux.

19h30 : le repas est intime avec Lionel. Nous avons une boule dans la gorge, car ce soir, nous sommes seuls à table. Sur Rapa Nui, les moments forts n’ont pas été concentré uniquement grâce aux vestiges et aux paysages.

Cela fait deux mois que nous sommes partis en tour du monde ; nous vivons cet aventure la plupart du temps à deux. Certes dans les auberges nous rencontrons du monde, des anglais, des australiens, des néo zélandais (beaucoup d’anglophone en fait !), mais tous ne sont que passagers, trois – quatre jours. La discussion se limite à quelques heures dans un anglais scolaire le temps d’une soirée autour d’un barbecue ou d’une bière. Voilà donc deux mois que nous avons quitté familles et amis.

Chez Lionel et Tita, notre auberge rappelons le, nous étions dix au total, tous francophones. Nous partagions nos petits déjeuner (jus de mangue frais du jardin de Tita pressés tous les matins… ça vous fait sortir du lit !) et nous passions toutes nos soirées ensemble autour d’un bon repas, délicieux préparé par Tita ; huit personnes pendant une semaine entière avec qui nous avons parlé pendant des heures, échangé, rigolé, appris à découvrir. On était si heureux ! C’était notre petite famille… Et là, à la veille du départ, nous revoilà seuls, en compagnie de Lionel très bavard ce soir. Nous sommes triste de quitter l’île mais aussi d’avoir dit aurevoir à tous nos compagnons. La complicité avec des gens qui parlent la même langue que nous nous manque, il faut croire. Pendant un instant, sur cette île chez Lionet et Tita, notre voyage s’est arrêté et nous étions chez nous. Comme chez nous, oui, c’est ça.

Chez Lionel repas "en famille"

Rem bobinage en avant : l’avion décolle, les larmes coulent sur nos joues. Ce séjour sera inoubliable et nous espérons vous l’avoir fait un peu partager. Nous avons, à l’heure actuelle, enfouis tous ces moments forts dans une boite (c’est une image n’est-ce pas) que l’on gardera intacte et incassable. Ioranna Rapa Nui ! A bientôt, c’est ce que l’on aimerait te dire ! Mais ne faisons pas d’engagement probablement trop difficile à tenir. Et puis, ce serait peut-être cassé cette boite trop parfaite que nous rapportons avec nous…

Tahai cinq moais coucher de soleil

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