Les mots qu’on devrait dire

On n’en parle pas assez dans les renseignements de voyage. On les évoque à peine dans les blogs de tour du mondistes. À ceux qui restent. À ceux qui sont loin de nous. À nos proches, à nos amis, à nos familles.

On part avec la certitude que tout ira bien, que tout est prêt, que nous sommes prêts. Pourtant on n’est jamais assez prêts, même le jour du départ, encore moins le jour du départ en fait. Une sorte de fragilité, un pas à faire qui est difficile et pourtant indispensable pour se lancer. Et puis l’aventure se déroule si vite, tellement vite que les semaines ressemblent à des jours et les mois à des semaines. Absorbés par notre quotidien, vous par le votre, on n’est pas toujours en contact, mais ce n’est pas pour autant que je vous oublie, bien au contraire. En ces jours de fêtes en particulier. Nos vies à tous passent si vite, on n’a même pas le temps de s’en rendre compte. Aujourd’hui ici, demain là bas, quand nous reviendrons nous aurons certainement changé… et vous aussi. Chacun aura énormément à raconter, des aventures extraordinaires aux aventures du quotidien il n’y a qu’un pas, et qui sait si ce n’est pas chez vous qu’un univers a basculé, qu’une décision aura tout bousculé et qu’au final, celui qui aura le plus évolué sera celui qui aura fait le moins de kilomètres?

On s’en va en disant qu’on donnera souvent des nouvelles, mais le pourra-t-on toujours, le fera-t-on seulement? Et au final, c’est quoi souvent? La technologie nous rapproche, pourvu que celle-ci soit disponible partout, et après plus de neuf mois de voyage nous nous sommes rendus compte que ce ne sont pas que les pays les plus pauvres qui sont frappés par un mutisme forcé, certains ne sont pas en mesure technique de nous offrir une liaison téléphonique, d’autres payent leurs télécommunications au prix fort et gardent l’exclusivité de leur réseau, quand les autres se retrouvent numériquement surveillés et asservis par leurs gouvernements…

Et c’est toujours dans ces moment là qu’on voudrait dire aux personnes qu’on aime ces mots réconfortants, qu’on voudrait les entendre aussi.

En partant, il y a de cela bientôt dix mois, je ne savais pas la difficulté que c’était de s’exprimer ailleurs, se retrouver isolés, même si on est entourés par des centaines, des milliers, des millions de personnes. Je ne pensais pas que communiquer – ou plutôt ne pas communiquer – avec la famille et les amis deviendrait une forme de souffrance, une plaie au cœur qui ne se referme pas. Je ne pensais pas et parfois j’en souffre.

Être à l’autre bout du monde c’est ne pas voir tout ce qui se passe ailleurs, ne plus être toujours au courant, ou parfois si tard, c’est prendre le risque de manquer une information essentielle, qui bouleverse une existence, le cours de nos pensées, et parfois j’en ai peur, et parfois j’en souffre. Je voudrais dire à ma famille combien je les aime et qu’ils me manquent au quotidien. Je voudrais voir mes amis heureux assis autour d’une table, rire, parler, chanter ou que sais-je encore? Je voudrais pouvoir être avec vous, papa, maman, pour fêter Noël en famille. Je voudrais pouvoir tous vous serrer dans mes bras, mais actuellement même une conversation par internet me satisfera. Et je vous les dirai de vive voix.

Les mots qu’on devrait dire.

Be Sociable, Share!

déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Les mots qu’on devrait dire”

  1. francine dit :

    tu nous manques aussi beaucoup , et Noel sans toi ce n’est pas vraiment Noel ,on pense à toi ,on t’aime tres fort ,
    Joyeux Noel , et à demain 25 décembre sur Skype
    tes parents qui ne t’oublient pas

  2. Anciens moidillards dit :

    Joyeux noel à tous les deux.
    Bisous de 2 silencieux mais forts interressés par votre aventure
    Pierrot et Dominique

Répondre à Anciens moidillards

See also: