L’aventure c’est extra !

Pour effectuer le circuit de quatre jours dans le Sud Lipez, petit bout de terre isolé et sauvage tout au sud de la Bolivie, nous avions deux possibilités : être cinq voyageurs entassés dans la même voiture (quatre jours de route !), plus le chauffeur-guide, plus une cuisinière à ses côtés ; ou bien être quatre voyageurs de plus répartis sur deux voitures… La nouvelle ne tombe que le jour du départ de Tupiza à 8h, en même temps que celle des « bloqueos » annulés (on vous avait dit : on passera !) :

Ce sera la deuxième option ! Nous serons un groupe de neufs jeunes aventuriers répartis sur deux 4×4 (entre vingt-cinq et trente deux ans), unis pendant quatre jours. Nous avons vécu ensemble 24h/24 des moments magiques, des découvertes incroyables et des instants plus rudes aussi. Inséparables comme les neuf doigts de la main quoi !

Sud Lipez_groupe
Notre groupe pendant quatre jours (Fabien derrière l’appareil photo)

Alors, avec du recul, la deuxième option fut la meilleur chose qui nous soit arrivée.

Nous sommes le jour du départ, mardi 8 mai 2012, un jeune homme, nous apprendrons plus tard, après un faux départ, que ce sera notre chauffeur pour tout le circuit Lipez, Jorge de son prénom, charge les véhicules.

Jorge Tupiza Tours
Jorge

Jorge est le plus jeune d’entre nous, il a vingt ans et il est guide sur le circuit Lipez depuis deux ans. A raison d’un circuit par semaine, Jorge a du le faire une centaine de fois dans sa toute jeune sa carrière ; il le connaît par coeur… lorsque trois chemins se présentent à lui, en plein désert, au soleil couchant, la rivière ayant emporté légèrement le sentier, Jorge connaît LA route à prendre. Et nous le félicitons car la dite route durera trois heures sans aucun repère.

Jorge est peu bavard, il est assez timide – est-ce du à son jeune âge ? – mais au bout de deux jours, il commence à nous taquiner. C’est un jeune homme franc et sincère. Il garde son sang froid même lorsque nous devons traverser une rivière – là, où tout le reste de l’équipe panique ! – et il a toujours le sourire. Il conduit vraiment bien.

On l’aime bien ce Jorge. Après quatre jours avec lui, notre quotidien remis entre ses mains, nous sommes émus de lui dire au revoir. Jorge écoute la musique assez forte toute la journée et sa playlist laisse parfois à désirer… Aujourd’hui lorsqu’une de ses chansons résonne dans la rue, nous ne pouvons nous empêcher de penser à lui avec nostalgie.

Mais Jorge n’était pas le seul de l’agence. Nous étions deux véhicules, deux bons gros 4×4. Dans le deuxième se trouve un chauffeur-guide, lui depuis dix ans dans le Sud Lipez, et à ses côtés, notre maman à tous pour quatre jours : Anuncia, la cuisinière.

Anuncia_Tupiza_Tours
Anuncia

Anuncia est une femme dynamique avec une pointe de caractère, comme toute bonne bolivienne. Elle nous a chouchouté à chaque instant de la journée ; crackers salé en milieu de matinée lorsque l’estomac sonne creux ; maté de coca et/ou café à 16h lorsque le froid commence à ronger nos os. Le soir, quand la journée était finie pour tout le monde, elle, non, direction la cuisine pour préparer le repas du soir (dans une cuisine improvisée souvent, pas de frigo ni de gazière dernier cri) mais aussi mitonner le petit déjeuner du lendemain et celui du midi qui était pris en plein désert. Nous n’avons jamais souffert de la faim ni de la soif. Ses bons petits plats (purée, frites, boeuf sauté, poulet à la moutarde, spaghetti bolo, etc) réchauffaient notre coeur même lorsque le vent glacial traversait le carreaux cassé de l’auberge pour nous geler sur place.

Pancake à la dulce de leche le matin et oeufs brouillés… cela vous fait sortir du lit même à 5h30 du matin !

Anuncia avait ses phrases préférées  » Vamos a comer chicos !! » « Come, come ! » A ses mots, nous répondions toujours avec sourire « Muchas gracias. La comida es muy rica », sous-entendu « C’est délicieux, un grand merci ».

Un grand bravo à notre cuisinière qui s’est démené pour nous mitonner d’excellents plats dans des conditions pourtant pas faciles. Nous avons traversé un désert pendant quatre jours sans croiser eau courante ni électricité à volonté.

Alors, comment fait-elle ?…

Tupiza_Tours_chargementNous sommes mardi le jour du départ. Jorge charge les bagages sur le toit du véhicule et deux énormes bidons remplis d’essence. Dans le coffre se trouve ustensiles de cuisine, couverts, assiettes, verres (en verre s’il vous plait !). Nous chargeons aussi six gros pack d’oeufs par 4×4, des féculents (riz, pâte, pomme de terre) et beaucoup d’eau et de coca (cola et thé de coca en sachet). Bref, de la nourriture pour quatre jours et les casseroles pour cuisiner.

Tupiza_Tours_chargement
nos valises seront sous cette bâche pendant quatre jours, l’essence est juste devant

Nous quittons la ville de Tupiza – et la route goudronnée aussi – seulement dix minutes après notre départ, pour nous embringuer sur le lit de la rivière asséchée. Le ton est donné ! Nous ne verrons pas d’asphaltage pendant quatre jours et la poussière sera notre amie. Quelle utilité le 4×4 pour avancer dans ce pays ! Quand on pense qu’à Paris, des dames roulent dans ce gros véhicule pour avancer sur les grands boulevards et faire leur shopping…

Sud Lipez jour 01
un chemin poussiéreux serpente dans la montagne

Notre premier jours dans le Sud Lipez pourrait être résumé ainsi : l’ascension, tel un Space Montain, en une petit heure à peine de plus de mille mètres de dénivelé. Retenez bien cette information car elle est importante pour la suite… Nous voilà donc en très peu de temps, propulsé à 4 200m d’altitude et les paysages sont magiques, des cimes de montagnes à perte de vue.  Nous montons, nous montons, nous zigzaguons, nous montons toujours un peu plus. Nous croisons très peu de vie aussi.

Quebrada de Palala

Vallée de Tupiza
Quebrada de Palala près de Tupiza

Nous croiserons dans la journée seulement cinq villages ; le premier composé de sept familles en tout et pour tout, sans eau, avec obligation de prendre un bus (un seul par semaine) pour aller faire ses courses à Tupiza ;

premier_village
Premier village rencontré

le second village nommé Huaca Huanusca est désertique, c’est là que Butch Cassidy et Sundance Kid, les légendaires (!) commirent leur ultime délit : voler quatre vingt dix mille dollars et y moururent !

Butch Cassidy
La légende raconte que les corps de Butch Cassidy et Sundance Kid sont ici…

Le troisième village, un peu plus grand et vivant (essentiellement grâce à l’élevage de lamas) est tout en tourbe. Nous y faisons notre pause pique-nique adossé à l’égliseSud_Lipez

et il fut surtout l’occasion de jouer à une superbe partie de foot improvisée avec les enfants du village en récréation.

Sud Lipez foot

Sud Lipez footAttention ! Nous sommes dorénavant à 4 200m, Fabien tient le rythme mais pas moi. L’ascension trop rapide et l’altitude commencent à m’affecter, mais cela reste très gentil, je tire la langue. Le cinquième village fut celui où nous avons dormi, vivant du tourisme et de l’élevage de lama ; une vingtaine de famille se partageant les lieux.

Mais revenons au quatrième village, San Antonio de Lipez… car la particularité de celui-ci est qu’il possède une veille réplique du même nom cinq cent mètre plus haut, soit à 4 690m.

San Antonio de Lipez Viejo
San Antonio de Lipez Viejo : il y aura plus de 27 églises pour un seul village !

Autrefois San Antonio Viejo était un beau et grand village au pied d’une mine d’or, les gens se « mariaient » trois fois par jour. Face à ce vice, un jour, le diable est apparu… Une vieille femme entra dans l’église principale de la ville, en fit trois fois le tour et lorsqu’elle ressortit, tous les habitants moururent mystérieusement de maladies. Depuis on dit que le diable habite la mine. San Antonio fut reconstruit plus bas et même si, parait-il, il resterait encore de l’or dans la mine, personne n’ose y rentrer ni vivre à San Antonio Viejo…San Antonio de Lipez Viejo Nous ne resterons pas plus de vingt minutes dans ce lieu si étrange car nous devons filer et rouler encore quelques heures pour rejoindre notre lit.

En regardant le paysage montagneux défiler, je sens que quelque chose se trame. Je ne vois pas d’issue : il faut monter encore plus haut. Mon coeur commence à battre plus vite. Est-ce l’excitation ? L’appréhension ? Le soleil commence à se coucher sur les dômes de la cordillère Lipez, c’est tout simplement magique. Nous sommes en train de vivre en truc exceptionnel avec ce circuit, j’en suis persuadée.

Sud Lipez jour 01

Sud Lipez jour 01

Le 4×4 s’arrête subitement en haut d’un col. Jorge nous invite à descendre rapidement avec une voix toute douce. Les pieds à terre, nous sommes attendris par la vue et une photo s’impose.

Sud Lipez jour 01
Plus haut que le Mont Blanc !!

Sud Lipez jour 01

Nous sommes en pleine montagne et j’ai envie de faire pipi. Je m’éloigne du groupe pour me cacher dans la descente, près d’un virage. Jorge au loin m’appelle et me presse. Je coure pour rejoindre le véhicule. Erreur !! Courir sur dix mètres en pleine montée ?? Grosse erreur ! Nous sommes à 4 850m, vous l’avez deviné, j’arrive près du groupe, non pas essoufflée mais littéralement épuisée. Mes poumons me font très mal, et encore… « mal », c’est un bien petit mot, j’ai comme un bloc de pierre qui écrase ma poitrine. Je suffoque, j’ai la tête qui tourne, j’ai l’impression de ne plus arriver à respirer. Il me faudra dix minutes (à cause d’un sprint de deux minutes) pour m’en remettre. Je suis sous le choc. C’est une expérience, certes peu plaisante, mais totalement inédite pour moi. Avez-vous déjà été épuisé, vous, au bout de seulement dix mètres de course à rythme moyen ?

Sud Lipez Tupiza Tours
A chaque arrêt, Jorge soulevait le capot pour… je ne sais quoi. Mais nous n’avons JAMAIS eu de problème mécanique en quatre jours !

Les heures défilent et mon état ne s’améliore pas vraiment. Je respire sans aucun problème, ça, c’est résolu, mais maintenant j’ai la migraine. Nous arrivons à notre auberge pour la nuit et on ne peux pas dire que je pète la forme. Je suis toute flasque et lever un bras me demande un effort surhumain. Assise à table pour le souper, un symptôme inédit apparaît : j’ai la nausée. Ce soir là, je me contenterais donc de deux maté de coca et de deux louches de soupes. A 22h, je m’empresse de me glisser dans mon sac de couchage ET les couvertures fournies (pas de chauffage ici et la nuit sera fraîche à 4 200m en plein désert) pour me réconforter. Je m’endors avec un mal de crâne abominable.

Le lendemain matin, tout est fini. Plus aucun mal de tête, l’appétit est revenu et je me sens plus légère. J’ai été victime du mal des montagnes. Pourquoi ? A 4 200m d’altitude, il y a beaucoup moins d’oxygène dans l’air. Le corps a besoin de temps pour s’acclimater, à s’adapter au manque d’oxygène et les symptômes peuvent être plus ou moins violents. Je suis assez satisfaite de moi car il m’aura fallu seulement une demi-journée (une nuit) pour respirer convenablement. Le suite du voyage est au delà des 4 200m alors c’est tant mieux ! Fabien sera à peine affecté ce jour là, seulement au Salar de Uyuni à 3 800m, allez savoir pourquoi ? L’altitude nous joue des tours et maintenant j’ai compris la leçon : maté de coca.

 

Sud Lipez jour 02 chargement
Tous les matins : chargement des valises sur le toit du 4×4 pour toute la journée. Ne pas oublier un objet utile… il ne sera redescendu que le soir

Mercredi, deuxième jour, 7h30 du matin, nous décollons. Nous ne le savions pas encore mais cette journée sera inoubliable… Et même avec du recul, je ne trouve pas mes mots. Rouler dans ces paysages si arides, rudes, en plein désert, entouré de volcans, est une sensation étrange. La nature ici est vierge, pure et sans artifice. Elle arbore des formes nettes et elle nous est livrée complètement à nue. Une démonstration troublante et parfaite de sa beauté. Seul un poème pourrait arriver à sa hauteur, décrire ce que nous avons vu avec notre cœur… mais je ne m’y attellerais pas tout de suite.

Sud Lipez jour 02

Sud Lipez jour 02
Paysages typiques traversés pendant deux jours ! Vous voyez notre deuxième voiture au loin ? Nous sommes seuls, c’est magique

Le deuxième jour nous avons roulé pendant dix heures sur du sable, presque seuls. Un grand merci à l’agence et à Jorge pour avoir évité les  hordes de véhicules remplis de touristes. Nous sommes  neufs voyageurs et le groupe se soude peu à peu.

Sud Lipez jour 02
Pas tout à fait seuls, il y a quelques vinacus sauvages (sorte de lama ou de guanaco)

Nous nous arrêtons au lever de soleil à notre première laguna. La majorité de ces lacs sont très riches en minéraux et en souffre, ce qui leur donne une superbe couleur et une odeur… infecte.

Laguna Verde

Laguna Sud Lipez

Flamands roses

II y aura deux temps forts ce jour là et le premier sera sans conteste la Laguna Verde. Nous sommes à 4 400m et un vent intense nous glace les os. Indescriptible (je parle du vent).

Laguna Verde

La couleur de ce lac bleu-vert est dû à l’importante concentration en carbonate de plomb, de soufre, d’arsenic et de calcium. Derrière lui se dresse le cône du volcan Licancabur (5 960m, frontière avec le désert d’Atacama, au Chili).

Laguna Verde

Il parait que l’ascension du volcan est possible, mais nous ne nous y risquerons pas, 6 000m ??? Vous imaginez avec un vent pareil ?? Nous continuons la suite de notre voyage.

Désert de Dali
Ce lieu est appelé « désert de Dali » en référence au peintre à cause des pierres posées mystérieusement ainsi…

Il est midi, l’heure de manger mais aussi l’heure de faire une pause détente bien méritée : se baigner. Nous sommes au « Termas de Polques » où une eau jaillit du sol à plus de trente degré. Fabien s’y prélassera une quinzaine de minutes, dehors il fait seulement dix degré, dans une eau parait-il riche en minéraux et réputée soulager les rhumatisme et arthrite.Termas de Polques

Termas de Polques
Vue depuis le bassin…

Après manger, nous filons ensuite sur un col à 5 000m, je crois que ce sera le maximum jamais atteint dans notre vie, pour un arriver à un phénomène incroyable de la nature : un champs de geysers à 4 850m.

Geysers
Geysers

Nous sortons, tout doucement, presque intimidés, mais tout excités comme des gamins. Il faut avancer avec précaution car l’eau bouillante des geysers peut atteindre jusqu’à sept cent degrés. Ici l’odeur est nauséabonde et je ne peux m’empêcher de dire à haute voix et tirant la grimace « ça pue l’oeuf dur pourri ! ». En réalité, cette odeur d’œufs est due aux vapeurs sulfureuses dégagées par les geysers. Une odeur qui ne nous aura jamais quitté pour la suite de notre aventure au Sud Lipez au pied des volcans et des lagunes. Comment imaginer la vie ici ? La Terre est en train de bouillir !

Geysers Sol de Manana

Nous continuons notre route pour atteindre le second temps fort de la journée… et la septième « nouvelle merveille naturelle du monde » : la Laguna Colorada. Je n’ai jamais vu, dans toute ma vie, une telle beauté. Le groupe entier est touché.

Laguna Colorada

Laguna ColoradaLa Laguna est d’une beauté incomparable avec tout ce que nous avons pu voir jusqu’ici. La couleur intense rouge vif de ce lac provient des algues et du plancton prospérant dans l’eau riche en minéraux. Les sédiments du lac abondent ainsi en diatomée et microfossiles. Une importante colonie de flamands roses vivent ici.

Laguna Colorada
Une vingtaine de flamands roses au loin parmi tant d’autres !

Ils sont majestueux ! Cette laguna est en réalité un ensemble ; nous ne pourrons désormais pas imaginer ce lac rouge vif sans ses flamands roses et sans cet air vif. Le climat est vraiment rude près de la Laguna Colorada, il fait très très froid ; et pourtant il n’est que quinze heure.

NESTOR DEVANT LA LAGUNA COLORADA
Nestor devant la Laguna Colorada avec son bonnet (obligatoire par ce temps)
Laguna Colorada
Il y a du vent et oui, Fabien a encore des cheveux !

16 heure, il est temps pour nous de s’éloigner de seulement six kilomètres pour prendre nos quartiers, face à la Laguna Colorada, et de nous mettre au chaud frais…

Sud Lipez
Logement pour la nuit

Comme déjà annoncé, il est seulement 16 heure. Nous arrivons dans ce qui sera appelé « notre auberge pour la nuit ». En réalité ce ne sont que quatre murs en tourbe (à la traditionnelle brique en terre séchée et crépis) avec un petit couloir aux carreaux de fenêtres pour certains cassés. Impossible donc de chauffer, de toute façon, il n’y a pas de chauffage. Il y a peine de l’électricité dans ce lieu. Nos voisins de dortoir ont de la paille en guise de toit et nous, une simple tôle ondulée pour isoler. Qui a hérité de la meilleure isolation ? Dans ces conditions, c’est perdant-perdant ! Mais parlons plus en détail de notre dortoir. Une expérience inédite une fois de plus ! Dans ce désert, et probablement dans beaucoup de foyers boliviens, les sommiers et les lattes coutent trop cher. Notre matelas est posé sur une grosse couche de béton (voir photo ci-dessous), coulée à même le sol. Pas de lit pour cette nuit donc, juste un matelas avec deux maigres couvertures (nous étions prévenus, nous avons chacun notre sac de couchage en plus).

Sud Lipez
J’ai trop froid !!

Notre cuisinière nous appelle pour le traditionnel mate ou café de l’après-midi… nous nous installons à table en grelotant ; nous avons déjà enfilé pas mal de couche : j’ai un T-shirt, un T-shirt thermique, une micro polaire, un pull, une grosse polaire, un bonnet sur la tête et… rien à faire, j’ai trop froid. On se regarde tous en silence, l’air inquiet. La nuit va être non pas fraîche mais glaciale !! Il ne nous ont pas menti ! Il est seulement 16h, nous sommes à 4 200m, les températures vont chuter brutalement dès que le soleil se couchera. Qu’est ce que cela va être ?

Logement Sud Lipez

A 18h, Anuncia nous propose de dîner. Tout le petit groupe s’y précipite avec enthousiasme. Vous imaginez ? Il est 18h seulement, en Argentine, c’est l’heure du goûter. La soupe du soir est d’un réconfort jamais engendré par une simple soupe. Ce soir là, nous finirons la soupière en seulement dix minutes et nous ne lâchons plus notre assiette creuse : pour se réchauffer les mains. Fabien et moi avons enfilé un Gore Tex supplémentaire pour nous couper de l’air.

Sud Lipez logement
Cette photo ne rend pas hommage au froid glacial présent dans ce couloir rien qu’à 18h… nous ne quittons plus le bonnet, c’est officiel

Juste pour vous donner une idée des températures dans cette petite maison en terre avec carreaux cassés par lequel le vent se faufile : la nuit dehors, il fait entre -10 et -20 degré. Nous ne connaissons pas exactement les températures à l’intérieur de notre auberge mais compte tenu de la maigre isolation et l’absence total de chauffage (nous sommes déjà amplement satisfait de la petite ampoule grésillante qui éclaire notre repas), nous ne grimperons pas au dessus de zéro degré !

Cette soirée fut mémorable. Notre groupe est uni définitivement. Jorge et le deuxième chauffeur ont trouvé des racines – on ne sait pas où – et les fourrent dans un espèce de poële bancal en les arrosant d’essence. Que le feu soit ! Nous nous réunissons autour de ce petit feu installé dans le couloir de l’auberge. Un tuyau monte jusqu’à l’extérieur en passant par le toit, et laissant ainsi à son passage un gros trou et un appel d’air entrant directement dans la pièce (ceci démontrant la toute puissante isolation de cette auberge !)

Soirée Sud Lipez

Au bout de quelques minutes, ce même tuyau laissera passer une grosse braise allant jusqu’à dehors, à quelques centimètres de nos véhicules, véhicules qui contiennent sur le toit deux énormes bidons remplis d’essence ! Mais nous ne sommes pas regardant sur les normes de sécurité ce soir , on A FROID. Notre ami canadien du groupe nous fait tester ses instruments de musiques achetés au marché de Cusco, et ça y’est, toute la petite bande se met joyeusement en quête du meilleur instrumentiste de la soirée !

Soirée Sud Lipez

Nos chauffeurs s'essayent à la mini guitare et à la flute de pan

Une soirée incroyable ! Une soirée que l’on n’oubliera pas Fabien et moi.

A 21h, tout le monde est couché. Nous enfilons une couche supplémentaire (j’ai presque mis tous mes vêtements) avant de nous glisser sous les couvertures, sous le sac de couchage et sous le drap de soie. Je mets deux heures à m’endormir, épuisée de greloter. Quelle température diable fait-il ici ?? Je tombe dans les bras de Morphée.

La réponse, je la devinerai le lendemain au réveil, à 6h du matin (assez mal réveillé et bougon de cette nuit trop fraîche, je l’avoue). Je bois quelques gorgées d’eau dans une bouteille restée à terre près de moi toute la nuit : l’eau a presque formé des cristaux. Vous voyez de l’eau qui sort d’un frigo qui fonctionne très bien ? Et bien, mon eau était presque plus froide que ça ! Nous avons dormi toute une nuit dans un freezer ! Je garde cette observation pour moi ; après tout, tout le monde sait qu’il a fait très froid, pas mal peine d’en rajouter une couche.

Cette expérience m’a permis de dormir dans ces petites maisons en tourbe que l’on voit tant sur notre chemin, située en plein désert à 4 000 mètres d’altitude, loin des villes. Nous n’avions ni chauffage ni électricité à volonté… comme eux. Une expérience formatrice ; je ne regarderai plus du même oeil ces boliviens. Tout comme je me sens un peu plus près d’eux (c’est un bien grand mot vous savez ! mais bon… ce fut très intéressant dans le cadre de notre projet « maisons d’habitation »), d’avoir dormi ne serait-ce que deux nuits dans des conditions difficiles, disons le.

Cependant en arrivant à Potosi et Sucre, je me rassure : beaucoup de personnes ont des murs isolants bien meilleurs que les nôtres cette nuit là et quand même, quelque uns ont le chauffage !

Mais pas tous les boliviens malheureusement… et à -10 degré la nuit, croyez moi, la vie est totalement différente de la notre en France.

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déjà 10 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “L’aventure c’est extra !”

  1. francine dit :

    je viens de terminer de lire vos aventures , j’en ai les larmes aux yeux ,des frissons , comme à chaque fois d’ailleurs ! Je crois que vous vivez des moments inoubliables ,extraordinaires ,uniques ! moments que l’on aimerait bien partager avec vous , et surtout en ce qui me concerne, aller la rencontre de ces gens avec qui je pourrais converser à mon aise , ça donne vraiment envie …bisous et à tres tres bientot dans l’Ouest Americain , c’est comme si on y était déja ! l’excitation est grande Mam

    • Le Sud Lipez fut pour moi une aventure extraordinaire, un instant très fort vécu en Bolivie, unique depuis le début de ce tour du monde.
      J’aime définitivement beaucoup la Bolivie. N’hésitez pas à venir ici ! Ce n’est pas plage et cocotier, la vie n’est pas tous les jours facile mais si vous souhaitez voir de somptueux paysages et vivre des « aventures extra », vous ne serez pas déçu.
      Les habitants, malgré certaines rumeurs à leur encontre, sont vraiment sympa et souriant. On se sent bien parmi eux.

      En écrivant cet article sur le Sud Lipez (cela m’a pris tout de même 10h de travail entre la rédaction et le choix de photo), j’étais moi même émue de revivre par écrits l’aventure « Lipez ».

      A très bientôt dans l’Ouest Américain, qui promet d’être un séjour lui aussi fantastique

      Elodie

  2. Juju dit :

    est-ce que Nestor s’est baigné ? ^^
    plus sérieusement : magnifiques paysages, très diversifiés. et bon style journalistique les cocos ;-)

    • Nestor souhaitait plonger dans l’eau des Laguna (pour les thermes de Polques, c’était NON car il aurait fallu le sécher) mais nous lui avons formellement interdit car étant donné les odeurs d’œufs durs dégagées par les lacs (de soufre quoi) nous ne sommes pas sûr que ce soit très très bon pour la santé cette histoire… Nous ne sommes pas sûr non plus d’avoir respiré pendant quatre jours des odeurs très recommandées…
      Mais le Sud Lipez ne sera pas pire que l’aventure suivante, franchement pas recommandable, une semaine plus tard ! Nous n’en disons pas plus, vous découvrirez tout ça une prochaine fois
      A bientôt

      • LULU et JEAN PIERRE dit :

        Merci Elodie et Fabien de nous faire profiter de votre voyage, c’est magique, féerique, sublime bref il n’y a pas de mot. Nous sommes émerveilles. Nous continuons et sommes très assidus a vote site. PRENEZ BIEN SOIN DE VOUS ET PAS DE COURSE EN ALTITUDE.BISOUS

  3. bruno dit :

    un peu de culture, à mon tour?
    je propose une recherche sur « Dunaliena Salina .L » (nom latin d’une micro algue, fabriquant de bêta carotène, à la place de la chlorophylle…); je pense que la teinte du lac que vous avez croisé est en parie due à une variété spécifique de cette diatomée.
    (diatomée: famille de micro algues entourées d’une coque en silice)
    c’est tout pour le cours de biologie du jour.

    • Fabien dit :

      Merci pour la leçon, ça n’enlève rien à la magie des lieux! (PS : si tu as reçu/lu d’autres réponses, je ne sais pas pourquoi mais je ne voyais que le début de ton commentaire et je pensais qu’il s’agissait d’un quiz…)

  4. bruno dit :

    cours de biochimie?
    H2S= odeur d’Œufs pourris; chez nous, c’est une odeur que l’on rencontre fréquemment dans la vase vieille… (étangs peu vidés, marais, marécages)
    les domaines liés à l’eau sont ma spécialité… si vous voulez des détails spécifiques, contactez moi!

  5. […] est la suite du récit (par Fabien) de nos aventures dans le Sud Lipez (Bolivie) commencé dans : L’aventure, c’est extra! (par […]

  6. […] évacuant sans cesse une fumée importante à l’odeur nauséabonde (un peu la même que celle des geysers du sud Lipez, en Bolivie) qui vient s’écraser dans notre nez au gré de vents contraires. Mais je pense […]

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