La fin de l’aventure Américaine

Il est dix-neuf heure ce 13 août 2012 et nous sommes assis là, dans ce triste bar de la zone internationale de l’aéroport international de Los Angeles, LAX. Sur les écrans fixés au mur, des images muettes de baseball et de football américain tournent en boucle, annonçant divers résultats sportifs. La musique diffusée par les enceintes est à notre image, mélancolique et triste, une musique jazz portée par une voix ténue de femme. Il y a quelques heures, nous avons dit, non sans mal, au revoir à Francine et Jacky dans ce même aéroport. Elodie est muette, les yeux dans le vague, et nous mangeons cet ignoble sandwich dégoulinant de sauce dans un silence pesant. Dans quelques heures, nous aussi nous prendrons l’avion, pour traverser un autre océan, pour aller sur un continent qui nous est inconnu…
C’est la fin de l’aventure Américaine.

Nous connaissions cette échéance, pourtant, depuis longtemps, mais nous ne voulions pas y penser en arrivant à Los Angeles, après une longue route depuis San Francisco.

tant d'éoliennes sur la route!

tant d'éoliennes sur la route!

Notre logement, dans la chic cité de Santa Monica, était sympathique, spacieux et propre. Dès le lendemain, nous avons été voir la fameuse plage de Santa Monica, toute proche de celle de Malibu, avant de nous rendre à Venice Beach. Je découvrais les canaux artificiels qui inspirèrent le nom du lieu, non pas avec surprise (on m’avait renseigné un peu avant) mais avec amusement. Les canaux furent construits comme un divertissement, à quelques mètres seulement de la superbe plage de Venice.

Les canaux de Venice

Les canaux de Venice

"laisse les gondoles à Venice!" (difficile de résister à la faire)

"laisse les gondoles à Venice!" (difficile de résister à la faire)

Très vite les pieds dans le sable de cette dernière, nous nous approchions tous les quatre au plus proche de l’eau. Francine, approuvée par Jacky, nous avaient vendu une eau à la température très bonne, presque chaude, alors je voulais m’y risquer. Esquivant les enfants arroseurs, les body-boarders et autres batailles de boules de sable, je m’approchai du rivage, plantant mes pieds à sa lisière pour attendre qu’une vague vienne me frapper les pieds.

Et je n’attendrai pas la seconde vague pour m’éloigner le plus possible de cette eau gelée! Nous n’avons, décidément, pas la même notion en ce qui concerne la température de l’eau (surtout que quand on a goûté à l’eau du Costa-Rica, toutes les autres semblent bien fraiches!). Après un instant détente à regarder les enfants jouer et les mamies bronzer, à regarder les couples barboter dans l’eau et les avions décoller au loin (l’aéroport, à quelques kilomètres de là, lance toutes les minutes un nouvel aéronef dans les airs pour nous rappeler l’échéance qui se rapproche), à regarder les surveillants surveiller dans leurs maisonnettes surélevées (celles d’alerte à Malibu), à regarder les vagues s’échouer sur le sable si fin de la côte, à regarder un instant de vie passer devant nous.
un instant que j’aurais souhaité plus long.

Venice Beach

Venice Beach

"Alerte à Venice Beach"?

"Alerte à Venice Beach"?

et profiter de du pacifique une dernière fois avant de partir

et profiter du Pacifique une dernière fois avant de partir

On se ballade le long de Venice Beach, proche des baraques vendant des souvenirs. La foule est dense et bigarrée, et nous un peu perdus au milieu de tous ces gens qui vont et qui viennent. La Los Angeles multiculturelle, la vraie, telle qu’on nous l’avait vendue. Entre deux vendeurs de tee shirts touristiques, des restaurants qu’on pourrait penser improvisés se dressent, et des médecins sont dans la rue. Pas les médecins que l’on a en France, non, eux vous proposent des consultations immédiates et vous trouveront toujours une maladie adéquate pour que vous puissiez consommer leur médicament favori, la marijuana (légale à condition d’être utilisée en thérapie).

La plage, son drapeau, ses palmiers, ses commerces…

La plage, son drapeau, ses palmiers, ses commerces…

On marche sur 3rd Street à la recherche d’un endroit où diner. La foule est aussi dense que le long de la plage cet après-midi, et les boutiques luxueuses se succèdent, mais pas de trace de restaurant bon marché (chers, en revanche, oui, plein, merci). On sent que les habitants des quartiers alentours n’ont pas de souci à se faire quant à leur argent, avant de trouver un mini centre commercial composé uniquement de chaines de restaurants. La chance. On se repose sur la terrasse au second étage en écoutant un « sous-Zuchero » (vous savez, le chanteur Italien) qui chantait faux et en faisait des tonnes : devant dix spectateurs dans la rue ou dix mille dans un stade chauffé à blanc, pas de différence pour lui!
Plus que deux jours ici. Tout est passé si vite.

3rd Street (on vous épargne l'enregistrement sonore)

3rd Street (on vous épargne l'enregistrement sonore)

Dernière journée entière à LA. Elodie et moi souhaitions aller voir des studios, mais pas n’importe lesquels : Universal, car l’entrée combine la visite des studios et l’accès au parc d’attraction basé, évidemment, sur les franchises les plus connues du studio (et quelques autres, mais ça on ne le découvrirait que plus tard). C’est aussi pour nous l’occasion de couper un peu avec le voyage (au sens traditionnel) et nous plonger dans un univers inédit, pour nous habitués abonnés au parc Disneyland Paris, au travers de films connus de tous.
Lever tôt donc pour ne pas arriver tard aux studios. Après une longue route sur Santa Monica Boulevard, on tourne ; sur la route, on repasse près du Hollywood Downtowner, qui nous avait accueilli trois semaines auparavant, on croise Hollywood Boulevard, on aperçoit ces lettres du panneau « Hollywood » qui nous taquinent, disparaissant et réapparaissant derrière les immeubles, et enfin on arrive là bas, en haut des collines de Universal City.

tintintin tinnnnn tintintintintinnnnnn bom bom! tintintin tinnnnn tintintintintinnnnnn bom bom! tintintin tinnnnn tintintintintinnnnnn bombom!

Universal Studio

En arrivant, on file à la visite des studios ; une demie-heure d’attente et une paire de lunettes « 3D » plus tard, nous montons à bord. Visite virtuelle? Non, visite réelle des studios, au début pas forcément dément pour nous : tous les bâtiments sont identiques dans leur triste habit de béton, et le comédien donnant les informations parle à toute vitesse, citant un tas de séries qui ne débarqueront sans doute jamais chez nous. Mais très vite des décors en extérieurs font leurs apparitions, animés (jets d’eau, flammes, comédiens) pour nous mettre en situation et nous découvrons des endroits « en vrai » (et LES vrais décors), et pas derrière le masque du cadre de l’écran cinématographique.

New York de face…

New York de face…

…Tout faux de dos!

…Tout faux de dos!

D'autres fonds de décor tout plats

D'autres fonds de décor tout plats

La DeLorean de "Retour vers le Futur" (no 1)

La DeLorean de "Retour vers le Futur" (no 1)

On retrouve des scènes connues, comme la scène du crash d’avion de la « Guerre des Mondes », « Les dents de la Mer », »Wisteria Lane » (la rue des Desperate Housewives), l’hôtel de Norman Bates dans le célèbre film de Hitchcock « Psychose », et tant d’autres plus banales comme des rues de New York banales reconstituées, des places et des rues mexicaines, des lacs communs qui pris sous un angle forment Central park, des bateaux et sous-marins, des écrans verts géants en extérieur (pour tous les décors qu’on ne peut pas avoir dans la réalité)!

La scène du crash, "La guerre des mondes"

La scène du crash, "La guerre des mondes"

Une maison de Wisteria Lane ("Desperate Housewives")

Une maison de Wisteria Lane ("Desperate Housewives")

"Le plus grand fond vert en extérieur". on y aurait tourné nombre de scènes de "Star Wars"

"Le plus grand fond vert en extérieur du monde". on y aurait tourné nombre de scènes de "Star Wars"

Les lunettes serviront pour une attraction « King Kong 3D 360° », (un cinéma dynamique 360°, en 3D, sur le thème de King Kong, je ne sais pas si vous aviez saisi…) construite dans un studio employé uniquement pour elle, avec des singes et des dinosaures qui se sautent dessus et nous crachent dessus au passage. Au total, une visite de presque une heure dans le cinéma « Universal style », divertissant et… surprenant!

Le bateau de "king Kong" de P. Jackson (en vrai, la maquette fait bien… Ouf, trois mètres de long!)

Le bateau de "king Kong" de P. Jackson (en vrai, la maquette fait bien… Ouf, trois mètres de long!)

Attention, psychopathe en vue!

Attention, psychopathe en vue!

Le reste de la journée se passera dans diverses attractions du parc, certaines culturelles (les effets spéciaux entre autres), d’autres plus « action », mêlant réel et virtuel, comme « Terminator 2 : 3D » (pas très imaginatif comme titre…) , « Transformers : the ride », ou amusantes -et rafraichissantes – avec « the Simpsons : the ride », « Waterworld », « Shrek 3D », ou « Jurrassic Park »,  Un des élément récurrent étant toujours le lien avec la production Universal (l’autre étant que dans toutes les attractions on nous aura jeté de l’eau dessus, un dino qui crache, un âne qui crache, un robot qui… crache, enfin je crois que vous avez compris l’idée).

Les effets spéciaux…

Les effets spéciaux…

Fabien et "l'Ane" de "Shrek"

Fabien et "l'Ane" de "Shrek"

Le kwik-E-mart  des Simpson!

Le kwik-E-mart des Simpson!

"Jurassik Park"

"Jurassic Park"

Waterworld…

Waterworld…

… un spectacle d'eau mais aussi de feu!

… un spectacle d'eau mais aussi de feu!

Nous finirons la journée épuisés… et rincés!
Demain, l’aventure est finie : c’est le jour du décollage.

Je ne dormirai pas bien cette nuit là, trop de choses qui se bousculent, trop de souvenirs. Le matin arrivera trop vite, lui aussi. Petit déjeuner morose, et peu après midi nous partons à quatre vers l’aéroport. L’avion de Francine et Jacky est prévu dans l’après-midi, le notre en fin de journée. Ce qu’il y a entre les deux, nous ne le savons pas encore. Après un passage express chez le loueur de la voiture pour s’assurer que je pouvais conduire et rendre la voiture sans être le titulaire de la carte de paiement ayant servi à la location, nous partons motorisés vers le terminal B. Nous sommes en avance, et les enregistrements n’ont pas commencé. L’ambiance n’est évidemment pas au beau fixe, alors on parle d’après, ce que nous faisons comme trajet dans les prochaines semaines, ce qu’ils ont envisagés comme prochaines escapades avec le camping-car, comme voyage lointain, et nous évoquons aussi les meilleurs moments du périple sur les routes Américaines. Ne disons pas que la tension est retombée, mais elle se dissipe, un moment. Régulièrement, les yeux se lèvent vers le tableau d’affichage, nous rappelant que l’échéance est proche.
Puis c’est l’heure. Devant la file d’attente pour l’enregistrement du vol, nous disons au revoir aux parents d’Élodie. Les larmes sont au rendez-vous, mais contenues pour le moment, moment qui sera rapide, comme pour se dire on se reverra bientôt. Nous nous séparons, et Élodie et moi partons vers la voiture, quand elle s’effondre en larme, quelques mètres après la sortie du terminal. L’instant est rude. Je suis désemparé, triste moi aussi de les voir partir si vite, et triste de voir ma compagne dans cet état. Ses yeux resteront dans le vague pendant une bonne partie de la journée, et je la comprends.

Nous repartons tout de même de l’aéroport pour nous oxygéner, prendre du recul ; direction Hollywood, là où toute cette aventure a commencé. Nous n’avions pas eu l’occasion de nous approcher assez près des lettres du panneau « Hollywood » pour pouvoir le photographier et le filmer dans des conditions optimales, et c’était notre dernier objectif sur le continent. Dans la voiture, le silence règne, seulement atténué par le fond sonore créé par la radio. Nous remontons dans le nord, vers les collines, pour arriver sur le boulevard. Nous roulons, retrouvant avec plaisir l’avenue aux étoiles, avant de bifurquer, un peu après le Dolby Theater. Nous trouvons assez vite une rue tranquille, avec une vue imprenable sur la colline, et passons là un moment, à admirer, tout simplement.

"Une vraie voiture du grand West!"

"Une vraie voiture du grand West!"

Hollywood sign

Hollywood

Il est dix neuf heure et nous avons rendu la voiture à l’agence, après avoir roulé plus de cinq mille kilomètres dans quatre états. Nous nous remémorons avec mélancolie les grandes étapes de notre voyage aux États-Unis, l’arrivée à Los Angeles, les aventures et découvertes dans les parcs nationaux (Joshua Tree, Grand Canyon, Monument Valley, Bryce Canyon, Zion, Yosemite, Bodie, Mono Lake, Death Valley), les petites anecdotes, tout ce qui fait un voyage. Dans cette découverte de l’ouest Américain, nous avons eu la confirmation, après notre merveilleuse escale New Yorkaise, que les habitants du pays sont des gens comme on en croise trop rarement chez nous : souriants, aimables, toujours prêts à aider son voisin. Les villes, petites ou grandes, ont toutes des styles mondialement connu et propagé par leur système cinématographique, et si nous avons préféré San Francisco, Los Angeles est assurément une ville à découvrir, comme le sont Las Vegas et toutes ces petites villes typiques (Sedona, Lee Vining…). Quant à leurs parcs nationaux… Ouah! Incroyables de beauté, de diversité, de taille! Jamais nous n’aurions pensé trouver autant de choses dans si peu de kilomètres carrés! Les Américains ont raison d’être fiers de leur pays, immense mais magnifique, et nous souhaiterions pouvoir rester… encore un peu…

Il est dix neuf heure et dans quelque heures nous partons pour un nouveau continent… Nous sommes tristes de partir, non pas parce que nous devons quitter le pays, cela nous arrive si souvent, mais parce que ces jours avaient été tant préparés, tant espérés, tant imaginés, et ils étaient figés dans nos souvenirs maintenant! Plus qu’une vingtaine de jours aux Etats,-Unis, nous avions en quelque sorte des vacances dans ce périple, un répit grâce à Francine et Jacky, que nous avions retrouvé avec énormément de joie et d’excitation quelques semaines auparavant! L’embarquement commencera bientôt, et sur le panneau d’affichage, le vol British Airways de quinze heure à destination de Londres est annoncé comme ayant décollé à l’heure. Élodie essaye de penser à autre chose, mais l’instant est particulièrement difficile. La séparation d’avec ses parents lui pèse, et seul le temps séchera ses larmes. Nous espérons que comme nous vous aurez aimé notre voyage ensemble, et que vous faites un bon vol, Jacky et Francine!
Nous aurons vécu une aventure exceptionnelle avec vous et grâce à vous.

Vous nous manquez.

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  1. Jacky dit :

    24 septembre….c’est sur un parking à Perros Guirec en bretagne que nous lisons les larmes aux yeux, avec beaucoup d’émotion et de nostalgie, la fin de notre voyage au USA….un voyage extraordinaire que nous avons vécu ensemble….merci pour la minutieuse préparation nécessaire éffectuée pendant de longues soirées parisiennes ../c’était parfait, en un mot « merveilleux! » on pense tous les jours à vous….merci pour les commentaires et photos qui nous ont replongé dans cette aventure à quatre…
    On vous embrasse fort
    Pap Mam

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