Guilin et la Grotte de la Flûte de Roseau

Guilin, la seconde ville que nous visitions, avait des airs de ville de campagne, comme pourraient l’être Nantes ou Vienne, à ceci près que la capitale du Guangxi accueille en son centre plus de 900 000 âmes – paradoxalement, c’est plutôt une petite ville en Chine, encore relativement à l’abri du tourisme de masse – peut -être aussi parce que sorti des auberges et hôtels, personne ne parle un mot d’anglais, et encore moins dans les transports collectifs! Nous avions prévu d’y rester une semaine environ, le temps pour nous de faire prolonger notre visa chinois, qui expirait vers la fin du mois. Nous nous installions donc bien vite dans une chambre « De luxe », ayant été surclassés le lendemain de notre arrivée suite à une erreur de la réceptionniste (si elles pouvaient toutes se tromper comme ça…) et nous partions découvrir la cité, située à quelque heures de bus des magnifiques rizières en terrasses de Dazhai, « l’épine dorsale du Dragon ».

Chambre "de luxe"

Chambre "de luxe"

Guilin, ville moderne

Guilin, une ville moderne… et très chinoise!

Mais avant d’aller admirer les merveilles locales, quelques démarches rébarbatives nous attendaient : nous partions vers le BSP (ou « Bureau de la Sécurité Publique », ou « Maison qui rend fou »), l’organisme qui gère les visas d’entrées et sorties du territoire, afin de commencer les démarches pour prolonger notre séjour en Chine, notre autorisation expirant le 25 septembre et nous voulant rester jusqu’au 10 octobre. Une fois dans le bureau tout de même, la première difficulté est d’être compris, et de comprendre l’ordre des démarches. On nous envoie sur la caisse (pour payer quoi, on ne sait pas) qui elle nous renvoie en face, à un bureau sans nom. De là, nous obtenons un formulaire à remplir, ce que nous nous efforçons de faire. Les obstacles s’accumulent avec ce dernier : même les agents à qui nous demandons de l’aide ne sont pas d’accord entre elles! Le visa date du 20 août, nous sommes entrés en Chine le 25 du même mois, alors, la date de fin de validité est-elle le 20 novembre (trois mois après la délivrance du visa), le 24 septembre (30 jours après notre entrée en Chine, 25 août compris) ou le 25 septembre (30 fois 24 heures)? Après polémique, la date retenue sera le 24 septembre. Nous finissons de remplir le document, puis demandons aux mêmes agents la suite des démarches : « Il faut aller à la caisse maintenant ». Ok. Nous repartons faire la queue à la caisse, et l’agent ne comprend pas plus qu’avant notre venue : « Non, pour venir ici il vous faut un numéro que vous aurez au fond de la pièce. » Au fond de la pièce, se trouve en effet un distributeur… tout en Chinois! Nous faisons donc encore la queue, voyons que les gens y impriment des formulaires (mais pas de numéro). Nous ne comprenons décidément pas et nous repartons vers l’accueil, les mêmes personnes qui nous ont dit d’aller à la caisse… accueil qui distribue les numéros! Nous en obtenons un et allons attendre notre tour. Ce dernier arrive vite et devant l’officier en charge de notre dossier, nous annonce que le dossier semble complet (un formulaire officiel rempli, un passeport valide avec une photocopie des visa, tampon d’entrée et page « photo et identité », une photo d’identité collée) mais nous apprenons la vérité…
Si nous renouvelons notre visa aujourd’hui (nous étions, à ce moment, le 2 septembre), il sera renouvelé à la date du jour et sera valable jusqu’au… 2 octobre! Argh! Une demie journée de passée à lutter pour ça? Nous repartons sous une pluie battante, en nous disant que le renouvellement se fera à Beijing maintenant.

Le laissez-passer A38, ça vous dit quelque chose?

Le laissez-passer A38, ça vous dit quelque chose?

Nous nous rendons ensuite à la gare de Guilin pour acheter nos billets de train pour la capitale et là, nouvelle épreuve : trouver le bon guichet (tout est marqué en chinois et chaque emplacement à sa destination ; nous lisons le papier que nous avons demandé la veille à l’accueil de l’auberge, contenant la destination, l’heure et la date de départ souhaitée, ainsi que la classe souhaitée ; ces indications nous seront précieuses car une fois arrivé au comptoir (le bon par miracle!) nous essayons de nous faire péniblement comprendre. Nous voulions partir sept jours plus tard, raté : tous les trains sont remplis, et le lendemain n’est pas beaucoup moins vide : seul l’affreux train de vingt-sept heures de long n’est pas rempli (les autres ne durent « que » vingt-deux heures) et il arrive un peu après 23 heure à destination! En désespoir, nous le prenons, car les jours suivants ne s’annoncent toujours pas plus calmes dans la réservation.
Une note toutefois pour nos amis futurs voyageurs au long cours au pays du soleil couchant : on ne peut réserver (sauf cas rares) les train que dix jours à l’avance, ces dix jours incluant le jour de l’achat! Pour nous, occidentaux c’est en fait neuf jours avant le départ…

La maison qui rend fou

Une sale journée…

Sortis de ces contraintes administratives, les jours suivant furent consacrés au plaisir de la découverte. Nous marcherons dans les quartiers touristiques, mais visiterons assez peu de parcs : entre la publication de notre guide de voyage et notre arrivée, le prix des entrées aura plus que doublé, ce qui nous à dissuadé d’y pénétrer : payer près de dix euro par personne et par parc pour voir des fleurs et des collines pendant une heure, ça nous a paru… trop! Malgré tout, nous admirons de loin certains sites qui semblaient sympa, comme le « Pic de la Beauté Solitaire », une pagode construite au sommet de pics karstiques, ou le parc des « Sept Étoiles ». De partout, on observe également de très nombreux pics karstiques, ces formations géologiques spectaculaires qu’on retrouve par exemple dans la baie d’Along au Vietnam, sortes de doigts de pierre géants qui sortent de terre par surprise, partout dans la ville, qu’il faut contourner, déjouer, ou jouer avec, entre deux maisons! Magique!

Lacs et pics karstiques

pics karstiques

Pagodes et pics karstiques aurait pu être un excellent titre pour décrire Guilin. La ville à l’avantage de garder une ambiance agréable de ville de taille modeste, tout en proposant des services modernes, avec un réseau de bus dense et pas cher (1 yuan soit 0,12€ environ) et tous les magasins que vous souhaitez, de la petite échoppe vendant tout et n’importe quoi à toute heure, à la boutique de luxe (à heures fixes, elles). La circulation automobile est elle relativement absente, non pas qu’il n’y ait pas de voiture mais elles sont moins nombreuses que dans toutes les autres villes que nous aurons traversé, compensées par un nombre dément de scooters fous… et électriques! On n’a pas su si c’était une volonté écologique (pas de bruit, ce qui est – pour nous – aussi un danger, moins d’émission de CO2) ou économique (moins d’achat d’essence, moins de station-service aussi).

Ville modrene 2Les pagodes sont aussi nombreuses, mais quelques une ont retenues notre attention, comme les deux sœurs jumelles du centre, immenses pagodes de neuf étages (le soleil) et sept étages (la lune), la plus grande se revendiquant comme étant « la plus grande pagode en cuivre du monde ». Les deux tours se situent sur le lac Shanu (lac des Pins), un lac assez central dans la ville relié à un second lac, Ronghu, les deux étant alimentés par deux trois rivières et un fleuve ; les excursions, comme pas mal de choses dans le coin d’ailleurs, portent des noms poétiques, comme « Deux lacs et quatre rivières ».

Le soleil et la lune…

Le soleil et la lune…

En marchant autour du premier lac, nous découvrons des statues d’animaux et le statu de star d’Élodie : plusieurs personnes demandent à être prises en photo avec elle!

Élodie, la star de la ville!

Élodie, la star de la ville!

Des poissons dans le carrelage!

Des poissons dans le carrelage!

Les animaux du rivage…

Les animaux du rivage…

Ronghu, plus grand, est aussi plus poétique à notre avis, et ses rivages calmes laissent le passant libre de rêvasser, entre les ponts centenaires si étranges, la porte (toujours entière) des anciens remparts,et cet ilot reposant, en son centre, avec sa décoration remarquable et  son salon de thé.

Pont vers l'île

Pont vers l'île

Maison de thé

Maison de thé

Pont de bois…

… Pont de pierre!L’omniprésence de l’eau dans le paysage se fait sentir partout, lacs, rivières et fleuves étant nombreux, mais elle a aussi modelé le paysage, créant – en partie – les pics calcaires, mais surtout creusant en dessous! Il est dit que sous chaque pic se cache une grotte, et un matin nous partons à la quête de la grotte de la Flûte de Roseau. Les roseaux et bambous sont également très présents dans la végétation locale, et bien plus que de simples herbes, ils rythment la vie locale et sont d’une grande aide pour créer les maisons et échafaudages, pour cuisiner, et quant aux roseaux… Ils servent de base pour fabriquer des flûtes!

Bambous

Bambous (oui, je sais, ce ne sont pas des roseaux)

Lac devant la grotte

Le lac devant la grotte

Un bamboo boat (ne vous inquiétez pas, on vous en reparlera plus tard!)

Un bamboo boat (ne vous inquiétez pas, on vous en reparlera plus tard!)

Un bus local nous amène au pied d’un pic à peine plus grand que les autres, au pied duquel se trouve un petit lac, bordé comme il se doit de roseaux. une volée de marche plus loin (et un passage par la caisse plus légitimé, 90 yuan), nous voici dans la Grotte de la Flûte de Roseau. Quel spectacle! Quelle grandeur! La grotte est loin d’être laissée à l’abandon! Des groupes de touristes (nous l’avions remarqué, mais cela se confirme: les chinois aiment visiter les lieux en groupe!) se succèdent et nous nous intercalons entre deux visites pour avoir un peu d’air (enfin, façon de parler, car dès que le guide est trop loin, les lumières s’éteignent et on se retrouve dans le noir…).

Dans la grotte 2

Dans la grotte 8

Dans la grotte 5

Des formes surprenantes!

La grotte est séparée en petits secteurs illuminés par des lumières de toutes les couleurs, un peu kitsch mais poétique aussi, avec ses impressionnants stalactites et stalagmites, et elle est à proprement parler immense : dans la salle principale, on peut, dit-on, y loger pas moins de mille personnes! Elle a servi, des siècles durant, d’abri pour la population locale en cas de guerres ou de bombardement, avant d’être dissimulée (sinon ça n’est plus un abri) puis progressivement oublié de la majorité, avant d’être « retrouvée » en 1959 et exposée aux yeux de tous par le gouvernement. Un peu plus loin, une autre salle présente des tortues dans des bassins d’eau (l’eau s’infiltre un peu partout, créant, au fil des salles de petites lagunes d’eau claire), dont certaines ont la carapace sculptée et à laquelle on prête des pouvoirs spéciaux…

Dans la grotte 4

Dans la grotte 3

Et au fond, des tortues

Nous prenons plus de temps que recommandé par les guides, et après une heure trente de visite nous ressortons satisfaits par l’exploration de ce magnifique endroit, bien que largement modifié par le comportement humain, ses néons flashy partout et… ses tortues « porte-bonheur » dans une salle spéciale (salle pour laquelle il faut re-payer cinq yuan supplémentaires, ce qui me semble anormal…). La grotte, malgré les critiques plus ou moins justifiées à son égard sur internet, vaut le détour et est vraiment un choc incomparable aux visites que l’on peut faire en Europe, on entre véritablement dans une cathédrale naturelle aux formes surprenantes!

Dans la grotte 7

Dans la grotte 1
Un orgue naturel
Dans la grotte 6

cette immense salle est capable d'accueillir près de 1000 personnes

Au final, on peut le dire, Guilin est une ville agréable à voir, et pour qui a les moyens une ville qui regorge de petites pépites naturelles (pour ceux qui n’ont pas les moyens il faut sélectionner!), avec de nombreux parcs, pagodes aux vues certainement superbes, et sa fameuse grotte. Mais c’est aussi un excellent point de chute central pour ceux qui, comme nous, veulent en prendre « plein les mirettes », à quelques heures de bus de Dazhai et de Yangshuo, notre nouvelle destination qui, mais nous ne le savions pas encore, allait nous offrir encore bien plus de choses à voir!

 

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déjà 4 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Guilin et la Grotte de la Flûte de Roseau”

  1. Jacky dit :

    Partageons une fois encore vos péripéties parsemées de belles photos de cette visite de grottes multicolores peu habituelles ….
    Attendons avec impatience la suite chinoise….
    Jacky Francine

  2. […] et la colline de la lune Yanshuo est un village de 300 000 habitants (Guilin en faisait 900 000) à une heure vingt de route de Guilin, au bord de la rivière Li et entouré de champs. La route […]

  3. […] Souvenez-vous… Le non-renouvellement de notre visa (encore trop tôt pour faire la demande, il faut attendre Beijing), pourtant nécessaire MAINTENANT afin de lancer des démarches tout aussi compliquées pour obtenir le permis d’entrée au Tibet, sera comme un coup de massue sur mon pauvre crâne. Le retour en taxi à l’auberge sera morose. Je réalise que malgré toute la bonne volonté du monde, en l’occurrence de moi, même lorsque l’on veut, parfois, des choses sont impossibles (j’aurais pu passer illégalement vous allez me dire… mais c’est pas trop mon trip). Je tourne le visage vers la vitre de la voiture. Fabien ayant senti ma douleur me serrera dans ses bras en chuchotant à l’oreille « ce n’est que partie remise, on reviendra un jour rien que pour ça et ce sera encore mieux chérie ». Un joker pour moi qui s’écroule donc, un de mes rêves qui se reporte à plus tard. […]

  4. […] est quand même un endroit très beau, avec une mise en scène qui n’est pas sans rappeler la « Grotte de la Flûte de Roseau » de Guilin, en Chine que nous avons visité quelques semaines auparavant. En sortant, nous passons devant la […]

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