Comme au bord du monde

Puissance. C’est, je pense, le terme qui définit le mieux les chutes d’Iguazù. Quoi? Vous ne savez pas où sont les chutes d’Iguazù? Flashback.

Laissez-moi vous expliquer! Situées à une heure trente d’avion (ou vingt heures de bus non stop, au choix selon le budget), au nord de l’Argentine, dans une enclave séparant l’Argentine, donc, au Paraguay à l’ouest et le Brésil à l’est et au nord, en suivant le Rio Paranà (le même rio qui traverse Buenos Aires), les chutes, sont sur l’affluent Iguazù et sont visibles tant du côté Argentin que du côté Brésilien (désolé pour le Paraguay, qui a en compensation un des plus grands barrages au monde, c’est pas si mal) Nous avons décidé de voir le phénomène naturel depuis les deux rives, et de profiter de l’immense réserve naturelle (chutes et jungle) autour. Première étape, le Brésil. Après avoir sué sang et eau pour obtenir un visa

(je plaisante, nous n’avons même pas croisé un seul douanier, c’est le chauffeur qui s’en est chargé), nous voici transportés dans un bus pendant quelques minutes, et voila ce que nous découvrons…

Il m’est très difficile de décrire ce spectacle tant il est fascinant : sur des kilomètres, des cascades, de tailles diverses, déversent des tonnes d’eau chaque seconde. Incroyable. Enivrant. Absorbant (ce qui est un paradoxe pour de l’eau). Les mots me manquent. La vue est de toute beauté, et ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend. En repartant vers l’entrée du parc, nous croiserons (des chutes d’eau « of course ») de nombreux singes, bien évidemment attirés par ces touristes aussi irresponsables qu’idiots (ou illettrés peut-être) donnant à qui en voudra bien de la nourriture, ce malgré les très nombreux panneaux invitant à ne surtout pas le faire.

Deux bus, deux entrées de parc et un portefeuille beaucoup plus léger plus loin, nous voici du côté Argentin. Et là, comment dire… Si j’étais Brésilien, je déclarerais la guerre à l’Argentine juste pour gagner ces cinq cent mètres de rives, sans doute les plus beaux!

Nous parcourrons deux sentiers cet après-midi là, nous en réservant d’autres pour le lendemain. De cette rive, fini l’aspect panoramique, bienvenue au royaume du gros plan! Nous sommes alternativement eu haut et au pied des chutes ; encore une fois, le spectacle est fabuleux. Chaque virage est l’occasion d’une découverte plus extraordinaire que celle d’avant, et nous admirons des détails insoupçonnés aux cascades.

Le lendemain, donc, après un passage forcé par la caisse (assez étrangement, les Argentins ne connaissent pas le billet « deux jours », il faut acheter un billet unique, puis le revalider le lendemain pour avoir une bonne réduction…), nous nous engageons dans le sentier balisé au travers de la jungle. Il a beau être dix heures du matin, il fait chaud. Et humide. Encore. Élodie répète, inlassablement : « Il fait trop chaud, il n’y aura pas d’animaux. Le sentier est trop fréquenté, il n’y aura pas d’animaux. ». Et pourtant…

(bruit de feuilles)

Élodie : C’est quoi ces bruits?

Fabien : Euhhh… des animaux?

Élodie : Y’en a de partout! J’ai peur!

Fabien : Viens par là, je crois que je vois quelque chose!

Élodie : ATTENTION!!

Un animal me saute au cou apparait devant nous! Un coati ! Ce petit animal, pas violent tant qu’on ne lui donne pas à manger (ou qu’on ne le plonge pas dans l’eau après minuit, je ne sais plus) de la même famille que les ratons-laveurs, arrivera accompagné par sa famille…

Plus tard, on croisera d’autres variétés d’animaux : des singes (en famille aussi), des fournis grosses comme mon ongle de pouce, des oiseaux de toutes les couleurs, d’énormes poissons, une tortue, des toucans (trop rapides pour mon appareil photo) , un tatou (pas eu le temps de le prendre non plus), bref, beaucoup de monde!

Dans un second temps et après une pause déjeuner bien méritée (mais je crois pouvoir dire qu’on aurais mérité un meilleur repas que ceux proposés à l’intérieur du parc!), nous descendons au plus bas du fleuve, pour nous rendre sur une île isolée par les chutes… mais une fois arrivé dessus, impossible de monter, écrasés que nous sommes par la chaleur, la fatigue, nous décidons de rester en bas, sur la « plage », et d’aller nous baigner dans la rivière (quel rafraichissement!). D’en bas, la vue est paradisiaque, on croirait presque voir une carte postale en mouvement.

Nous remontons, donc, un peu plus tard, pressés par le temps (les navettes pour notre dernier sentier ne sont pas si nombreuses) et par l’envie de respirer correctement – l’air d’en bas est saturé en humidité  – jusqu’à un petit train qui nous entraine sur un peu moins de trois kilomètres, à un point situé avant les premières chutes. Une glace plus loin (je ne suis pas sûr d’avoir précisé qu’il faisait chaud…) nous voici marchant sur près d’un kilomètre de passerelles, enjambant les nombreuses ramifications de la rivière Iguazù, couvrant une surface si large qu’on ne pourrait dire s’il s’agit d’une rivière ou d’un lac (si on fait abstraction du courant). Tout est calme (la horde de touristes s’est précipitée au bout pendant que nous dégustions notre rafraichissement), un calme seulement écorné par un vague ronronnement de fond. Et soudain, le bruit éclate, dense, profond : nous atteignons le bord du monde, vous savez, le bord de la carte, où l’eau tombe dans le vide (si le monde était plat). C’est là. Un puits dans lequel des milliers de tonnes d’eau s’engouffrent chaque seconde sans interruption, une aberration géologique fascinante… Les mots, encore une fois, me manquent. Le spectacle est si prenant que nous restons presque une heure immobiles, à regarder ces chutes, dont on ne voit jamais le fond tant la vapeur d’eau qui en résulte est dense, un nuage d’eau tellement énorme qu’il se voit à des kilomètres à la ronde. Cet endroit s’appelle la Gorge du Diable, et il porte bien son nom. Une vraie machine à aspirer l’eau, qui broie sans doute instantanément tout ce qui y tombe. Le spectacle est total, le lieu est magique, et il faudra que ce soit le gardien qui nous en chasse, le parc fermant… si tôt.

 

Les chutes d’Iguazù sont un endroit incroyable d’une force rare, tant sur le plan physique que sur le plan humain (comprenez, sentimentalement parlant, on se sent si petit face à elles), et je ne regrette pas un seul instant le choix d’y être allé! Maintenant, je croise les doigts pour que la suite du voyage soit aussi puissante!

 

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déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Comme au bord du monde”

  1. tati dit :

    bonsoir, on digère votre description et commentaires….ce n’est pas les gorges de l’Ardèche…surtout que il y avait pas beaucoup d’eau….si vous aviez pu ouvrir les robinets dans notre direction ? on aurait senti des goutelettes
    sur le visage …dommage

    Bisous Pap Mam

  2. […] devant la cascade est charmante, à défaut d’être spectaculaire (mais après les chutes d’Iguazu, quelle cascade est […]

Répondre à Saison verte - De ci de la, de briques et de bois

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