Bloqueos

Les médias boliviens exposent toute la journée les mêmes informations, les mêmes images, les mêmes alertes. Notre hôtel à Tupiza (Bolivie) nous avait prévenu par mail deux jours plus tôt alors que nous étions encore en Argentine, la compagnie ferroviaire bolivienne aussi, les guides de voyage parlaient quant à eux de « quotidien bolivien ». Tant pis ! On y va ! On passera la frontière ! On ira en Bolivie ! Tampons d’entrée pour trente jours sur nos passeports et sacs de dix huit kilos sur le dos – à 3 500 m d’altitude, imaginez le défi – nous sommes accueillis en Bolivie par… des grèves. Ceci est une grève de routine avons-nous presque envie de dire ! Nous n’avons donc pas de train en Bolivie (on le savait en partant de Tilacara en Argentine), nous ne savons pas si il y a des bus pour rejoindre la ville où nous devons dormir le soir, nous n’avons pas la moindre idée de la valeur d’une course de taxi (et prendre lequel ??) et nous n’avons aucun boliviano en poche (la monnaie locale). Nous n’avons que notre optimisme et c’est déjà pas mal. Cependant, à 3 500m d’altitude, il transpire et manque d’oxygène. Arrivée à la gare routière trente minutes plus tard de marche trèèèès lente et silencieuse – pour conserver de l’air dans nos poumons – après un rapide passage à un distributeur de billet (auquel nous demandons quatre cents bolivianos sans la moindre idée de sa valeur ! en Argentine quatre cents pesos c’est déjà énorme), nous voilà donc encerclés de rabatteurs à la gare routière de Villazon. Comment savent-ils que nous allons à Tupiza, tous ? C’est écrit sur notre tête ? Très patients, et peut-être pour la première depuis notre départ en voyage, nous nous séparons en deux groupes de une personne pour faire toutes les agences chacun de son côté. Fabien à gauche, Elodie à droite. Cinq minutes plus tard, bilan : un prix fixe : quinze bolivianos par personne (1,66€) et plusieurs heures de départ. Nous nous décidons sur la seule agence ne nous n’ayant pas harcelée jusqu’ici, tout au bout de la gare, tenue par une vieille dame très calme. Nous écrivons nos petits noms sur un papier et voilà, nous avons nos billets de bus pour Tupiza ! Reste à savoir s’il n’y aura pas de « bloqueos » comme ils disent, des barrages en dehors de la ville… En attendant le départ, notre premier repas bolivien (gargote conseillée par notre petite vieille dame de l’agence de bus, « pas très cher qu’elle disait ») est un festin. Peut-être que pour vous ce serait un maigre repas, mais comprenez qu’après deux semaines de serrage de ceinture extrême et de cuisine de pâtes à la tomate (en boite !), nous arrivons dans cette gargote bolivienne, l’estomac tout tout petit et surtout les yeux émerveillés par une escalope de poulet pané, une pomme de terre et du riz,  le tout rafraîchi par un litre de Fanta. Ce repas fut un festin (avec du recul, plutôt banal) et il ne nous en coûta que deux euro pour deux ! Pendant que nos papilles se réjouissent de notre repas, la télé, accrochée au mur avec l’emballage plastique encore présent – comme une gloire ? -, cette télé diffuse des reportages des grèves en Bolivie. La Paz est bloquée, Santa Cruz est bloquée, Potosi est bloquée. Nous frémissons. Ce sera donc ça notre première image de la Bolivie ? Nous en sourions. Le bus jusqu’à Tupiza durera deux fois moins de temps que le train et se passera dans d’excellente condition (on nous avait prédit cent fois le contraire). Nous sommes entourés de vieilles dames en jupons et chapeaux melons, enfants accrochés dans le dos et nos sacs à dos voyageant en compagnie de leurs énormes sac de pomme de terre. Une immersion plus rapide que prévue en Bolivie, nous avons quitté l’Argentine. Nous nous réjouissons de la grève des trains et d’avoir porté notre choix sur le bus. Une aubaine quoi !

Gare ferroviaire de Tupiza

A la gare ferroviaire de Tupiza, quand on dit grève, on ne plaisante pas : aucun train ne passera!

A l’heure de l’écriture cet article, nous sommes en Bolivie depuis cinq jours et nous allons partir pour le Sud Lipez en 4×4. Pendant quatre jours, nous serons à 4 200m et des brouettes, nous allons rouler dans d’immenses déserts et voir au passage quelques merveilles. Nos divers logements, plus que rudimentaire paraît-il, ne nous permettront pas de communiquer avec vous pendant une semaine (ni de prendre une douche chaude). Alors ne vous inquiétez surtout pas ! Pas de nouvelles, bonnes nouvelles quand même ! Ce soir, les sacs sont prêts mais une ombre plane sur  Tupiza… Depuis ce matin, des taxis vides sont stationnés en travers des rues dans toutes la ville… BLOQUEOS !! Les routiers sont en grève. Notre agence d’excursion nous confirme que l’on partira demain – le 4×4 est garé en dehors de la ville, 4×4 que l’on rejoindra à pied – et elle garde le sourire. Si c’est comme la première fois, on passera !

Grève des taxis aussi…

Grève des taxis aussi…

Ceci est une grève de routine on a envie de dire !

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déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Bloqueos”

  1. Francois dit :

    Hello les voyageurs !

    C’est François, le suisse rencontré rapidement à Santiago. On est à Sucre en ce moment.

    J’espère que votre tour de 4 jours est aussi bien que le notre qui était absolument incroyable!

    Si vous allez à Sucre après Uyuni, essayez de prendre un bus direct, vous éviterez peut-être comme cela les bloquages de Potosi. A sucre, d’après les infos qu’on a, les grêves finissent ce vendredi. Donc ça devrait être bon pour vous.

    B’ne suite de périple,

    François

  2. […] départ de Tupiza à 8h, en même temps que celle des « bloqueos » annulés (on vous avait dit : on passera !) […]

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