Bishnoïs et respect de l’environnement

Le weekend dernier avait lieu le 23ème Festival des Globe-trotters de Paris, à l’Opéra de Massy plus exactement. Ce grand festival, organisé par l’association ABM (Aventure du bout du Monde, www.abm.fr) réunit chaque année des centaines de voyageurs de toute la France, du vendredi soir au dimanche soir. Pendant plus de deux jours se déroulent des débats autour de thèmes tels que « création d’un site », « voyager en famille », « financer son voyage » ou « tourisme responsable ». On y retrouve aussi des expositions de photos, diaporama, projection de films sur grand écran, buffets et boissons de tous continents ou encore des stands de voyageurs prêts à conseiller les futurs globe-trotters sur une destination ou une autre. Un évènement à ne pas rater pour les baroudeurs, rêveurs ou simplement toute personne appréciant le voyage.

Nous nous y sommes rendus pour la deuxième année consécutive, cette fois pour la soirée du samedi et la projection de trois films dans le grand amphithéâtre. Le festival des Globe-trotters, c’est aussi et surtout l’occasion de découvrir différentes cultures du monde.

Et c’est avec plaisir que nous retrouvons les ingrédients clefs de ce festival : sourires, convivialité, discussions animées, chaleur humaine et rencontres de tous azimuts. Il y règne la bonne humeur et l’envie de découvrir l’autre et il ne nous aura pas fallu plus de cinq minutes pour que notre voisin de table nous tienne la conversation. Drôle de coïncidence, ce monsieur a voyagé plusieurs années en Argentine ! Et l’Argentine, c’est notre premier pays (on ne compte pas N.Y), et on y reste plus de deux mois ! L’année dernière, nous avions partagé notre repas avec un couple dont les enfants partaient faire le tour du monde eux aussi, la casquette Coca Cola sur la tête leur avait permis grâce à sa pub de leur rapporter une petite cagnotte. Nous sommes entourés de personnes toutes animées par l’envie de partager sa bonne humeur et ses aventures. Pendant quelques heures, nous nous sentons un peu moins « extraterrestre » peut-être ? Combien de personne ont sauté le pas avant nous pour partir ailleurs ?

Dans cet article, nous souhaitons parler plus en détail de la programmation des films de la soirée de samedi. Nous avons regardé trois films projetés sur grand écran. Le premier, « Rajasthan, l’âme d’un prophète », de Franck Vogel et Benoît Ségur, nous a particulièrement touché.

Petit synopsis de ce film qui a eu le plaisir d’être diffusé sur France 5 plusieurs fois / Et présentation d’une communauté indienne, les Bishnoïs :

En Inde, au coeur du désert du Thar, une communauté  travaille depuis plus de 500 ans à la protection de l’environnement. Les Bishnoïs vivent en complète symbiose avec la nature, allant jusqu’à sacrifier leur vie pour préserver la faune et les arbres ; les femmes vont jusqu’à allaiter les faons orphelins dont les mères ont été tuées par les braconniers. Dans ce désert aride du Rajasthan, où l’eau est de plus en plus rare, les Bishnoïs vivent en ­parfaite harmonie avec le monde animal et végétal. Pour eux, planter un arbre est un acte sacré et ils n’hésitent pas à donner leur vie pour protéger les animaux. « Mieux vaut une tête tranchée qu’un arbre abattu », déclara Amrita Devi, il y a deux cents ans, devant l’armée du maharadjah venue couper des acacias. Plus de trois cents villageois trouvèrent la mort pour défendre la forêt. A la suite de ce massacre, le maharadjah décida d’interdire la chasse et l’abattage des arbres en terre bishnoï.

On compterait aujourd’hui 800 000 membres de cette communauté. Pour en faire parti, un Bishnoï doit suivre vingt-neuf principes écrits par Jambhéji, leur guide, en 1485 . Un Bishnoï est caractérisé par son respect strict de toute forme de vie, son régime alimentaire végétarien, sa protection des animaux ainsi que des arbres. On  définit souvent les membres de cette communauté comme ayant une forte conscience écologique.

Voici quelques principes Bishnoïs :

- Ne jamais abattre un arbre verdoyant, attendre que le bois soit mort pour l’utiliser comme bois de construction.

- Mettre les morts simplement en terre. Faire l’économie du bois pour la crémation ou le cercueil.

- La propreté et l’hygiène gardent de la maladie.

- Protéger la vie sauvage qui maintient la fertilité des sols et l’équilibre naturel des espèces. Les bishnoïs sont tenus de réserver un dixième de leur récolte céréalière pour l’alimentation de la faune locale.

- Les femmes, sources de la vie, s’habilleront de vêtements rouge ou orange brillant, et les hommes de blanc, symbole de paix.

- La violence n’est acceptable que pour la défense d’un arbre, d’un animal ou de convictions ; il est bon de mourir pour cela.

 

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Tout au long du film projeté samedi dernier au Festival, nous suivons Khamu Ram, membre Bishnoï, se battant depuis plusieurs années contre l’utilisation des sacs plastiques. Après un voyage en France, il revient avec une idée révolutionnaire et convaincu qu’il faut absolument l’introduire partout en territoire Bishnoïs : la poubelle publique. Le spectateur découvre avec tendresse et émotion le combat de cet homme sillonnant les routes du Rajasthan pour faire entendre les bienfaits de cet objet, cherchant à convaincre un riche homme d’affaire pour l’aider à financer la fabrication de plusieurs centaines de poubelles, ce qu’il finira par accepter.

 

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Mais la soirée au Festival ne s’arrête pas là : à la fin de ce film, nous avons eu le plaisir d’accueillir Khamu Ram en personne dans l’amphitéatre, venant, dans l’heure, d’atterrir à Paris depuis Dehli ! Imaginez un immense amphithéâtre composé de plus d’une centaine de personnes se levant et applaudissant ce membre d’une communauté indienne… Un grand moment d’émotion et surtout un grand moment d’humilité…

« Les pays développés parlent ­toujours de protection de l’environnement. A chaque fois qu’il y a une conférence, ils parlent beaucoup, mais ils ne prennent aucune décision concrète et ne réalisent aucune véritable action », constatent les membres de la communauté bishnoï. Notre monde occidental croit souvent être le précurseur et le régisseur de bonne conduite en matière d’écologie, en oubliant parfois que des communautés méconnues vivent déjà en harmonie avec la nature depuis plusieurs centaines d’années. Cet homme est le témoin vivant d’un mouvement existant aussi en dehors de nos frontières occidentales. Alors, pourquoi ne pas aller le découvrir ?

 

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