Après-midi frénétique

Pour diverses raisons, nous partions de plus en plus en début d’après-midi de l’auberge : vie plus active en soirée que chez leurs voisins chinois (c’est à dire qu’en Chine, après vingt et une heure, cela devient difficile de trouver un restaurant ouvert), vie plus urbanisée aussi avec des moyens de transports plus réguliers et rues donnant une impression de plus de sécurité – la plus grosse agression que nous ayons subi dans le pays étant un pied écrasé par inadvertance dans le métro et un salut « anyang aseo » (bonjour ou au revoir) presque assez rapide et bas qu’il aurait pu être assimilé à une tentative de coup de tête pour nous assommer…

Mais revenons à nous moutons aventures séoulites. Comme nous le disions dans l’article précédent, les Coréens ne perdent pas de vue leurs traditions et conservent un goût prononcé pour les arts ancestraux comme la danse et la musique par exemple : en visitant le palais Gyeongbokgung, l’immense palais royal (toujours en cours de restauration, depuis plus de dix ans), nous aurons droit à un spectacle traditionnel alternant danse, musique et chant, à l’occasion de Chuseok, un équivalent de Thanksgiving (vous savez, la fête américaine que les personnages de la série Friends fêtent à peu près tous les dix épisodes, avec Noël, le nouvel an et Halloween…).

Musiques traditionnelles…

Musiques traditionnelles…

…et danses aussi!

…et danses aussi!

Partout dans les allées parfaitement entretenues de l’immense palais royal, on entend de la musique et on croise des jeunes en costumes traditionnels (ils sont partout on vous dit!) qui ne font pas partie d’un spectacle mais qui veulent seulement se faire plaisir en portant des tenues élégantes, et nous déambulons donc pour découvrir les différentes parties du palais, construit au fil du temps. On vous épargnera (encore) la description inutile et fastidieuse des pièces, mais on ressent une atmosphère particulièrement paisible, propice à la détente, et les différents endroits sont assez variés (donc, si vous passez par là, n’hésitez surtout pas à y faire un crochet)!

Gyeongbokgung

Gyeongbokgung

Pagode

Pagode

Dans le palais Gyeongbokgung

Dans le palais Gyeongbokgung, avec d'autres jeunes en habits traditionnels!

Elodie et moi dans le palais Gyeongbokgung

Elodie et moi dans le palais Gyeongbokgung

Chuseok est une fête importante en Corée, et nous ne découvrions qu’en nous baladant dans la ville le jour venu que… toutes les rues étaient désertes! Les jours précédents, pourtant, que de frénésie en bas de « chez nous », et pour cause, notre auberge se situait dans le quartier étudiant et particulièrement animé de Séoul! Chaque soir, une folie s’emparait des si paisibles rues en journée, les transformant en une succession de restaurants et bars animés par la jeunesse voulant s’enivrer, et se gaver de viande aussi, le quartier étant essentiellement constitué de restaurant « barbecue », pour ne pas me déplaire – et je me sentais de moins en moins ridicule à chaque essai!

Notre quartier

Notre quartier

Ce jour de fête, donc, était paisible, plus que d’accoutumée, et révélateur de notre excellent séjour en Corée : chaque jour, ou presque, avait un début, un milieu ou une fin de festival à fêter : Chuseok, mais aussi le Festival des percussions, le Festival des lanternes Yudeung à Jinju Namgang, ainsi que le Festival du film international de Busan, et nous aurions pu assister aux Festivals du champignon Songi de Yangyang, de la danse des masques à Andong mais aussi  au Festival international des feux d’artifices de Séoul et celui du ginseng de Punggi à Yeongju – sans oublier l’indispensable Festival du Kimchi, où nous aurions pu avoir la chance de goûter à plus de cent kimchis différents, faire notre propre kimchi et bien plus encore (d’après la fiche descriptive de l’office du tourisme)!

Enfin bref, difficile d’échapper a une fête ou du moins aux répétitions de celle-ci, et nous observerons un groupe s’entrainer pour leur grande première aux danses et chants traditionnels près de la fascinante N Tower, l’emblème de la ville (en fait, une superbe et immense tour d’observation et antenne radio construite en haut d’une colline, permettant une vue sur toute la région), dans la reproduction d’un village Hanok – un village traditionnel Coréen.

La N Tower

La N Tower

répétitions générales

répétitions générales

un village Hanok

l'entrée d'un village Hanok

L’intérêt de la visite d’un tel village est double, d’une part on découvre l’architecture des maisons d’antan, avec leur système tout à fait particulier de chauffage au sol, leurs habitudes de vie (toujours avoir le sol de la maison surélevé, les fenêtres de bois avec des vitres de papier, les toutes petites tables et les tatamis, leurs lits si particulier que l’on retrouvera au Japon… mais ça on verra dans un prochain article…).

Dans le village Hanok…

Dans le village Hanok…

…des pièces spartiates…

…des pièces spartiates…

…Chauffage au sol…

…Chauffage au sol…

…Et pièces sur-élevées!

…Et pièces sur-élevées!

D’autre part, des activités permanentes sont organisées pour les personnes intéressées par la culture Coréenne : ça tombe bien, nous sommes intéressés! Entre deux jeux antiques (le lancer de toupie avec « mini fouet » et le lancer de flèche dans un tube), nous pouvons assister à une cérémonie du thé (un instant important dans la vie culturelle coréenne et japonaise), participer à différents ateliers musicaux ou bien encore à des cours de calligraphie avec pinceaux, cours auquel nous participerons en écrivant notre nom, notre nom oui, mais en Coréen! Outre l’aspect compliqué de la maitrise du pinceau (à bout de doigts), écrire avec un alphabet différent ne facilite pas la tâche! nous nous en sortirons quand même honorablement, enfin je trouve…

Elodie qui apprend à écrire son nom!

Elodie qui apprend à écrire son nom!

Avec application!

Avec application!

Tout proche du village, se trouve aussi un lieu bien mystérieux, une capsule temporelle : pour fêter les quatre cent ans de la ville, la municipalité a voulu marquer le coup en offrant un cadeau aux habitants de la ville de demain, un cadeau à n’ouvrir que dans six cent ans : une capsule contenant de nombreux objets du quotidien, des livres, des meubles, des vêtements, des témoignages… des vidéo-CD et des laser-discs (ah, tiens, pour ça ils se sont trompés, certains éléments font déjà parties de la préhistoire) montrant la vie en cette fin de XXème siècle, un endroit énigmatique qui pose les questions de savoir où l’humanité en était quand elle à scellé hermétiquement ce puits, et où elle en sera quand nos descendants l’ouvriront… si ils ont la chance de pouvoir l’ouvrir…

Mais qu'est-ce que c'est que ça?

Mais qu'est-ce que c'est que ça?

Nous explorerons aussi différentes facettes de l’histoire ancienne et moderne Coréenne en parcourant la ville à divers endroits, comme le très beau et très récent Musée national de Corée, immense, qui retrace l’histoire de Corée depuis la pré-histoire jusqu’au début du XXème siècle et l’invasion du territoire par les Japonais. Nous en apprendrons donc un peu plus sur les origines et les us et coutumes de la population, ce qui est le but d’un musée.

Le musée de Corée

Le musée de Corée

Nous marcherons aussi sur les remparts du vieux Séoul, une ballade agréable en fin de journée, sur des hauteurs qui permettent de voir la ville sous un angle différent, une promenade sympathique mais pas indispensable. En revanche, au début de notre marche, nous sommes tombés (par hasard, évidemment) sur le grand marché aux textiles, plusieurs immenses bâtiments (quatre pour être précis) remplis de vendeurs, grossistes et détaillants, nous proposant divers produits textiles à des prix raisonnables ; nous y passerons un peu de temps, non pas que nous ayons l’argent pour, mais plutôt car nous recherchions une chemise pour moi, ce qui n’était pas une lubie, mais une nécessité pour s’approcher d’une autre part, plus moderne elle, de l’histoire du pays : la DMZ, ou « zone démilitarisée » en bon français, c’est à dire la frontière entre les deux Corées, du Nord et du Sud. En effet, une tenue correcte est exigée, et une « tenue correcte » n’est pas si facile à obtenir! Pas de tee-shirt à col rond, pas de couleurs rappelant une tenue militaire, pas de tenue provocatrice ou débraillée, pas de pantalon au dessus des genoux, pas de marcel, pas de claquettes, pas d’appareil photo avec un gros objectif, pas de ceci ou cela… très compliqué quoi, d’ou la nécessité de la chemise… noire, car les autres ne me satisfaisaient pas!

Les anciennes murailles de la ville

Les anciennes murailles de la ville

Nous partirons donc un début d’après-midi dans un groupe organisé (impossible d’y aller par soi même de toutes façon) pour une excursion courte, les longues étant complètes depuis biiiiiiiieeeeeeeennnnnn longtemps (et nous n’avions, de toute manière, pas récupéré notre passeport avant la veille). Nous prenons le bus et très vite, nous longeons un fleuve enfermé derrière une série de barrières barbelées, surveillé par de nombreux miradors, puis la visite nous emmènera devant un pont ralliant le nord et le sud, avec son train laissé en l’état (c’est à dire pas bon, entre la rouille et les nombreux impacts de balles) et ses nombreux messages d’espoir.

Tourelle et barbelés

Tourelle et barbelés

Le pont de l'amitié

Le pont de l'amitié

Train mitraillé

Train mitraillé

Après un passage par un check point et contrôle des identités, nous nous rendons vers un lieu appelé le « troisième tunnel », car c’est le troisième tunnel d’invasion creusé par les Nord-Coréens retrouvé (sur un total de quatre tunnels découverts, mais les experts estiment qu’une vingtaine de tunnels auraient été percés) pour envahir le Sud.

Gloups!

Gloups!

Inutile de vous dire que les lieux sont ultra-surveillés et qu’il est presque impossible de faire une photo, mais c’est au fond de ce profond tunnel que nous nous serons approchés le plus de la Corée du Nord (moins de deux cent mètres du régime communiste!), avant de nous rendre dans un premier temps dans une gare ultra-moderne qui aurait du, il y a très peu de temps (en fait, jusqu’en 2008) rallier Séoul à Pyongyang, avant que les autorités Nord-Coréennes n’arrêtent unilatéralement le processus, puis sur une zone d’observation dont j’ai oublié le nom – vous me pardonnerez forcément quand on voit le goût local pour les sonorités imprononçables. De là, on pourra voir les « villages témoins » de l’autre côté de la frontière, villages artificiellement construits pour donner l’illusion d’un pays moderne, illusion qui s’écroule vite quand on se rend compte que le village… est désert!

Une publicité pour une ligne de train… qui n'a jamais été mise en service!

Une publicité pour une ligne de train… qui n'a jamais été mise en service!

Élodie et un soldat Sud-Coréen

Élodie et un soldat Sud-Coréen

Pas une voiture, pas un habitant : la zone est morte, et seul l’immense drapeau du régime de Pyongyang flotte en mouvement, loin au dessus du reste du pays, loin au dessus car les dirigeants ont toujours exigé que le drapeau du nord soit au dessus de celui du Sud, quand bien même ce dernier était planté sur une colline, une immense tour fut élevée pour rehausser la flamme nationale. Des grands enfants dont on pourrait rire si on ne savait pas le mal qu’ils ont fait, qu’ils font encore et qu’ils pourraient faire à l’avenir… Encore une fois, vous verrez très peu de photos car il est presque impossible d’en prendre sans être accompagné d’un officiel militaire…

La Corée du Nord

La Corée du Nord (oui, c'est une photo c'est pas bien)

"C'est pas moi!"

"C'est pas moi!"

Barbelés et drapeau coréen

Barbelés et drapeau coréen

Difficile également de prendre l’intérieur d’un temple bouddhiste, non pas qu’on nous l’interdise (et de toute façon la prise de risque est moins grande que face à « la frontière la plus dangereuse du monde » car elle est encore fortement armée et prête à l’action, des incidents récents (fin 2010) en témoignent), mais disons que c’est tout aussi malvenu, et nous n’avons donc presque que des photos extérieures du plus grand monastère de Séoul, le temple Gyogesa.

Sculptures

Sculptures du temple Gyogesa

Là, on y croise comme toujours des fidèles mais aussi des moines plus fréquemment que dans les autres lieux de culte, et, ce qui est inédit pour nous il héberge des visiteurs curieux pour la nuit, comme une quarantaine d’autres temples à travers le pays, et permet de découvrir pendant quelques heures la vie de ces personnes qui ont fait, entre autres, voeux de pauvreté. Nous étions tentés très fortement pour vivre l’expérience et essayer de mieux cerner ce mouvement de pensée, mais les conditions n’étaient pas optimales pour nous (manque de temps, voyage avec de gros sacs) et nous avons du renoncer à nous inscrire. Peut-être plus tard, dans un autre pays prévu dans notre tour du monde cette fois-ci!

Presque à l'intérieur

BougiesNous rentrerons le soir à Séoul, pour faire un bilan de ces jours passés dans la capitale du pays considéré comme un des quatre « dragon » économique (avec Hong Kong, Taïwan et Singapour). Nous ne vous avons pas tout raconté, mais seulement un – long – résumé de que nous avons visité et de tous ces petits autres trucs si caractéristiques de ce pays formidable! Soyons honnêtes, Séoul à sans doute été une de nos villes préférées, et pas seulement d’un point de vue d’urbanisme, mais aussi d’un point de vue humain et façon de penser. Nous avons été emballés par le « Pays du Matin Calme »! Mais l’aventure doit continuer, et nous partons pour une autre destination, alors cap au sud vers Jinju et son Festival des Lanternes!

Fabien devant le passé

Elodie devant l'avenir

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  1. jacky dit :

    « Corée »… Rien que ce mot est banni de nos esprits…mais il suffit de rajouter « Sud » avec vos commentaires liés aux photos et le miracle de ce pays asiatique se produit…. »Pays du matin calme » c’est une bien belle désignation pour envisager un jour de s’y rendre….

    Bisous

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